samedi 6 juin 2015

Au hasard des mots




Je dis cendre éparpillée au fleuve roulant sans fin sur le dos rond des galets.

Je dis larme quand ta peine devient ma peine et que la nuit se déchire aux épines du rosier.

Je dis mer où dans la profondeur des abysses les lents poissons aveugles rêvent  de coraux multicolores.

Je dis sève de la racine au ciel ; ramure gourmande de soleil, éblouissement de vie.

Je dis sang je vois rouge comme la victime innocente au drapeau mitraillé dans le vent des défaites.

Je dis ciel avec des nuages pleurant au-dessus des  déserts, modestes fleurs écloses ivres de leur instant.

Je dis miel à la ruche vibrante, symphonie aérienne, le travail dans la joie.

Je dis paille dans mon œil et pleuvent  les poutres chez les voisins, folle architecture de ma suffisance.

Je dis lait… d’ânesse où les Cléopâtre  trempent leur nez trop long ;  petite histoire dans l’Histoire  .

Je dis tonnerre à Brest, chapeau rond envolé par-dessus les menhirs,  les crêpes en dentelle Bigouden  sautent dans les poêles.

Je dis nombril, fatigue d’en faire le tour, une voix chaleureuse m'attire au dehors, c'est l'Autre celui que j'aime.



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