jeudi 4 mars 2021

La vidéo du gars qui fait danser le monde a fait surgir des souvenirs....

 

J’aime la danse sous toutes ses formes et si je regrette de ne pouvoir pratiquer les extrêmes : la danse classique et le hip hop…. Je me débrouille assez bien dans l’intervalle. A deux, je luis dois mes premiers émois de valse romantique et le délicieux trouble de tangos passionnés. Je n’ai jamais manqué, seule, au cours de mes chemins gitanes de me joindre aux danses qui marquent dans le monde un rituel ou une liesse populaires. De la jota aragonaise, aux piétinements africains en passant par le sirtaki grec…Partout la meilleure et plus simple manière de participer et de se faire accepter.

C’était au cours d’un voyage sur l’Amazone, partis de Manaus nous allions sur ce fleuve impressionnant de village en village, petits regroupements au bord de l’eau avec leurs cases modestes et leurs groupes  bruyants d’enfants nus et dorés proposant un singe agressif ou un perroquet dédaigneux. Après quelques jours dans ce climat tropical humide la fatigue commençait à se faire sentir surtout que les nuits sur le bateau n’étaient guère reposantes. Somptueuses certes, avec des ciels étoilés soudains envahis de titanesques nuées orageuses d’un noir violet, l’énorme mouvement des masses d’eau sombre sous la coque et, venant de la terre, le jacassement des milliers d’animaux  de la forêt, mais… Mais nous dormions sur le pont dans des hamacs, alignés comme de monstrueuses larves. Avec, en guise de couverture, une grande  feuille de plastique qui s’alourdissait au fur et à mesure des réguliers abats de pluie. Le vent soufflant en rafales il était courant que le hamac d’un des passagers se décroche, on entendait alors un grand boum éclaboussé et cri du malheureux qui s’affalait sur le pont au milieu des rires des autres plus chanceux.

 Nous étions sur le chemin du retour et devions achever le périple dans un village plus important où nous attendait le « banquet «  final. Des tables étaient dressées dans un vaste hangar de tôle, au fond des musiciens accroupis avec des instruments indéfinissables. On voyait dans la cuisine attenante s’affairer des femmes en chemise de coton brut. Des touristes venus d’ailleurs s’installaient avec nous. On nous servit du poisson évidemment, avec en cadeau ses monstrueuses écailles rugueuses si solides que les indigènes s’en servent comme limes. A la fin du repas entrait un groupe de jeunes gens des deux sexes richement habillés se mettant à danser avec les musiciens subitement réveillés. Rythme joyeux mais visages frais mais inexpressifs de ceux appelés par les anciens à perpétrer sans enthousiasme ces coutumes qui attirent le chaland et qui n’y voient que le côté commercial. Autour de moi l’assistance un peu blasée photographiait, distribuait quelques sous… J’étais un peu attristée, puis, m’approchant de la cuisine j’ai vu les femmes se débarrasser de leurs ustensiles d'un seul mouvement joyeux et se mettre aussi à danser. Je suis allée les rejoindre aussitôt et j'ai suivi le rythme de leur ronde. Je n’oublierai jamais, m’intégrant immédiatement, les regards brillants de ces femmes âgées,  usées en majorité  et qui jouissaient pleinement de ce moment de plaisir. Elles me souriaient, me donnaient la main et nous étions là dans cette musique viscérale unies simplement en tant que tant que femmes. Ce rythme sauvage et sans âge effaçait toutes les différences  malgré les différences visibles. Il réveillait au fond de nous le même vécu d’épouses, de mères assorti des mêmes joies et  des mêmes peines…

En nage, échevelées, rieuses nous sautions, gesticulions en parfaite harmonie.
Quand la musique s’est tue nous nous sommes spontanément embrassées. Il y avait des larmes aussi.

7 commentaires:

  1. Quel voyage magnifique, que de beaux souvenirs, quelle chance d'avoir vécu tout cela . Bises

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  2. Magnifique!!!!! Extraordinaria experiencia -hermoso recuerdo- y bellamente narrada.

    Besos, Manouche!!!!

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  3. Un bonheur de bonheur....Un souvenir encré dans la mémoire !!

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  4. Bien, bien, vous savez vraiment, très belle histoire, une expérience unique.
    Una abraçada manouche.

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  5. Qué experiencia tan maravillosa, Manouche, y que bien relatada, con ese final apoteósico e inolvidable. Genial.

    Como tú, Manouche, adoro la danza y me encanta bailar, seguro que me hubiera unido al grupo feliz.

    Abrazo,

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  6. La danse a toujours été pour moi un territoire parfaitement inconnu.
    Mon cerveau n'a jamais rien compris au principe et mes pieds encore moins.
    Nobody's perfect !

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  7. Inoubliable et magique cette expérience...

    Bises, ma gitane.

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