jeudi 20 octobre 2011
Société de consommation.
Fait pas trop chaud, fait pas trop froid, Madeleine a enfilé le cadeau « Ramar » du mois : une veste longue de forme et de couleur indéfinissables qui sied parfaitement à sa petite personne insignifiante. C’est le jour des courses au « Super Extra ». Très vite elle se rend compte que le lourd caddy presque aussi haut qu’elle tire à gauche, avec une roulette faussée qu’elle essaie en vain de décoincer à coups de tennis à oignons.
Plantée devant les gondoles des « produits frais », elle lit docilement les conseils écrits sur les calicots :
« Mangez cinq fruits et légumes par jour » ; « Ici tous les fruits à moins de 1 euro » Qu’est ce qu’on a pour un euro ? Un fruit, une livre, un kilo ? Madeleine marmonne :
-Tiens, ça me fait penser, aux publicités pour les crédits à « seulement 12 euros par mois », pour sûr ce n’est pas cher, mais on ne sait pas pendant combien de temps il faudra rembourser…
Perplexe elle lit les étiquettes :
- Prunes en provenance du Brésil
- Pommes d’Argentine
-Avocats du Chili
-Figues d’Israël, etc.…
Elle qui avait toujours rêvé de voyages se sent complexée devant ces modestes fruits qui ont traversé les mers et ont été l’objet de soins délicats de conservation .Quel goût peuvent-ils avoir encore après des semaines de containers réfrigérés ?
Pourtant elle essaye de bien acheter, Madeleine, elle a suivi le bœuf quand il fallait, l’a un peu abandonné quand la vache est devenue folle et complètement oublié au vu de la modeste retraite anti- protéine de Pierre.
« Achetez français » ! Mais quoi ? Une botte de radis. Une entrée pour Pierre avec du pain d’où il a banni le beurre remplacé par des tartines d’ « Anémone », la margarine contre le cholestérol avec tous les omégas 3, 6 et peut-être 9...
Bouillies avec deux pommes de terre les fanes feront un excellent potage enrichi des croûtons de la veille. Et en dessert ? Ah, oui, le yaourt « Constipa » qui réjouit le transit, bien qu’un tel menu ne le rende pas nécessaire…
A la" caisse prioritaire", Madeleine fait la queue avec d’autres disgraciés, prioritaire mais encombrée : c’est la seule ouverte à cette heure creuse.
- Dépêchez vous, madame il y a du monde derrière vous.
Ce fichu caddy est tellement profond que Madeleine sur la pointe des pieds doit se vriller pour atteindre le fond et sa fameuse botte de radis ce qui réveille les douleurs d’un vieux zona mal éradiqué.
Essoufflée elle remarque:
-« Autrefois il y avait des jeunes pour aider aux caisses.On la pousse :
-« Vous nous faites perdre notre temps et tout ça pour une botte de radis » !
Madeleine reste calme et même sourit ce matin le Président de la République a annoncé la naissance d’une petite fille, elle est bien contente et Pierre aussi.
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Bonjour à cette chère Madeleine un peu dépassée par les événements caddistiques , et si ça peut la rassurer, elle n'est pas la seule !
RépondreSupprimermoi, les Madeleine ou les Firmin avec une seule botte de radis ou une boîte de pâté, je les laisse passer devant avec un sourire, ça ne coûte rien, même pas 3 minutes de notre vie!
toutes ces minutes frénétiquement gagnées, croi-on, sont reperdues au premier rond-point ou au premier feu rouge. Il y a une justice.... parfois.
bizz
TZD
La honte, là-dedans, c'est que si on continue à n'acheter qu'une botte à la fois, les pauvres banquiers seront tristes. Faut au moins la paire.
RépondreSupprimer@E
RépondreSupprimeret toi, l'ami tu me bottes!
C'est un récit proche.
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