jeudi 13 mars 2014

Jouons...



Deux amis t'offrent, l'un une "douzaine de mots" au hasard de sa fantaisie, l'autre une "ambiance" et tu te laisses délirer...voilà ce qu'on m'a donné:
Lilas- piano- épaule- cracotte- caravane- équilibre- grimace- crêpe- godasse- boue- canne à sucre- tupperware------  ambiance : humour.

Marie-Justine, que ses amies appellent Maju, était particulièrement ravie de la jolie teinture lilas que Jo, son coiffeur favori, malgré ses tendances à une homosexualité maniériste, avait passé sur ce qui lui restait de cheveux blancs. Elle ne serait pas la seule à naviguer passé le cap des soixante-dix printemps cet après-midi, quelles  sont celles des jeunes générations à s’intéresser encore à une réunion Tupperware ? Maju allait concocter à ses invitées une ambiance propre à faciliter les achats, en tant qu’hôtesse elle aurait bien aimé  avoir droit « à la caravane indispensable » des boites à biscuits en magnifique plastique vert ondulé. Dans ce type de manifestation regroupant un certain nombre de rancœurs on n’invite pas que des amies, au contraire, il y a une suprême volupté à voir forcées à l’achat les plus antipathiques de ses connaissances. Par exemple Maju serait ravie de voir repartir Josette   dans ses informes godasses à oignons, avec  un presse-citron au coût exorbitant sachant qu’elle en a déjà quatre identiques dans sa cuisine.
- Tiens on sonne ! C’est la démonstratrice échevelée qui essuie la boue de ses escarpins sur le tapis de l’entrée,
- Excusez- moi j’ai crevé et j’ai du changer une roue. La malheureuse grimace sous son rimmel délayé. Je crois même que je me suis luxé l’épaule en revissant les écrous, vous permettez que je me refasse une beauté dans votre salle de bains ? Se refaire une beauté, quel optimisme, et pourtant…
La voilà de retour, remaquillée, miraculeusement pimpante. Elle installe sur la table de la salle à manger en équilibre artistiquement instable tout son bazar aux teintes acidulées de sucre d’orge, contrairement à ceux-ci ces inutilités bariolées sont appelées, hélas, à durer plusieurs générations.
 De son côté Maju s’affaire, dispose sur le grand guéridon à trois pieds, il faut espérer que l’esprit qui l’habite régulièrement  ne se formalisera pas, les crêpes qu’elle a fait sauter ce matin. Elle ajoute spécialement pour Anaïs qui est fière de son dentier flambant neuf l’assiette de cracottes qui lui permettra de se livrer à son show triomphal et bruyant. Dans l’ensemble ces dames sont adeptes du bio, le décaféiné et le déthéiné qui accompagneront ces délicatesses seront édulcorés au sucre de canne.
Tout est prêt, il ne reste qu’à espérer les malheureuses à piéger. La démonstratrice révise son  tableau de tarifs pendant que Maju, lisse sa jupe prune, retend ses bas de contention et s’installe au piano pour tromper en même temps que l’attente le talent  du malheureux Chopin.

3 commentaires:

  1. Aïe! Je voudrais bien jouer mais avec tout ce qui me tombe dessus ces jours-ci....je sais pas...

    RépondreSupprimer
  2. "Elle ajoute spécialement pour Anaïs qui est fière de son dentier flambant neuf l’assiette de cracottes qui lui permettra de se livrer à son show triomphal et bruyant."
    Il fallait y penser...et tu y as pensé! T'es trop forte, manouche! Pour ça et pour tout le reste...
    Sourire sourire d'Ep' (à ce niveau là, ça s'appelle "rire"!)

    RépondreSupprimer
  3. super ! trop occupée ces jours-ci pour m'y mettre, mais ça me donne vraiment envie....

    RépondreSupprimer