lundi 27 février 2012

Cauchemar sociétal.

Dimanche d’invitation dans un grand, non par les étoiles mais par la superficie, restaurant asiatique.
A chaque table de deux ou quatre ; des convives (il faudrait  en l’occurrence une analyse de ce beau mot) branchés ou débranchés, délaissant  leurs nems et autre porcs caramel pour  tapoter continuellement sur leur portable. Les baguettes ripant sur les champignons noirs gluants jusqu’à la sortie de route, les crevettes débarrassées de leur coque de beignet avec les doigts, coulis coulant,  n’attirent pas l’attention des voisins au regard absent ! Un jeune couple sympathique qui n’a pas échangé un seul mot en direct mais beaucoup d’autres par écrit, lesquels ? Avec qui ?
Arrêt sur image de ce rassemblement de dîneurs  silencieux, insensibles au cadre, loin des gens en chair et en os ainsi que du contenu de leur assiette, accrochés à  leur bakélite…
Ce soir la tivi diffuse, entre autre inepties,  une grotesque Barnabysérie. On y voit  l’habituel village paisiblement fleuri, So british, servant  chaque semaine de cadre innocent aux plus atroces des crimes. Là, il s’agit de l’expédition abominable de culs terreux  affublés de bois de cerf, carburant à l’alcool à 90.Images grotesques captées involontairement avant de « dérazapper ».
Au mitan d’un sommeil du juste, surgit le rêve né du choc de ces deux séries d’images dans mon cerveau primaire particulièrement reptilien. On y voit une foule de passants de tous âges de tous sexes et couleurs, leur visage arrêté au dessus d’yeux inexpressifs est prolongé, pour certains par une énorme ramure de cerf, pour d’autres par une antenne vivante, en râteau ou parabolique. Ces gens se croisent dans la rue en mode zombie.
Cœur serré par l’urgence du message à délivrer, indéfini, mais vital pour tous, je tente désespérément d’attirer leur regard tourné vers l’intérieur et de pénétrer le bouclier « indifférentique » qui les entoure. En vain.
Ils communiquent.

5 commentaires:

  1. Ben, moi je l'aime bien, Barnaby...

    RépondreSupprimer
  2. @ almanachronique:
    L'as tu vu hier soir, amie, j'en doute!!

    RépondreSupprimer
  3. Une seule solution : le pilon !
    Je partage ton cauchemar. Quand nous arrivons chez des amis lors d'un dîner, chaque convive pose son téléphone portable sur le passe-plats ou sur une commode, tous au même endroit; tous sauf Véro et moi...
    Et lors de la soirée, c'est un festival de sonneries et de vibrations, les invité(e)s se levant à tour de rôle pour "communiquer".
    "Ah c'est pas mon téléphone ! On a la même sonnerie, c'est dingue !
    - Nan, ça c'est juste la sonnerie pour mon ex-femme, je réponds pas."

    RépondreSupprimer
  4. Au mot sonnerie je mettrais un "c" sans cédille.
    Henri

    RépondreSupprimer
  5. Tèl'(éphonique)ment réaliste et bien vu !
    grosses bises (en "direct live")

    RépondreSupprimer