jeudi 30 janvier 2014
mardi 28 janvier 2014
lundi 27 janvier 2014
Indigne.
Ce dimanche 26 janvier je suis d'humeur rageuse espérant n'être pas seule. Que quelqu'un , quelqu'une, va se manifester autrement que par des réactions épidermiques sur le Net...
C'était la journée anti-Hollande où défilaient, poils hérissés, des mécontents de toute nature critiquant l'action du Président.
Ici pas question de politique.
Ces jours derniers on parlait beaucoup de la vie privée de Hollande et cela m'a laissée relativement indifférente . Mais là, c'est à nous qu'il s'adresse, comment accepter ce communiqué qui ressemble à un irrespectueux faire-part de décès!
"Je fais savoir que j'ai mis fin à la vie commune que je partageais avec Valérie Trierweiler".
Ce "Je" ! Quel goujat!
Cette formule est lapidaire au sens propre du terme .
Comme beaucoup d'entre nous je n'avais pas de sympathie particulière pour la compagne du président et son orgueil démesuré affiché dans ce pseudo-statut de première dame. Mais peut-on ne pas réagir à une telle offense de la part de son "illustre" compagnon?
Alors que tant d'associations féminines œuvrent pour les droits des femmes peut-on laisser passer cette énormité ? On peut comprendre que le "nous" n'ait pas remplacé le 'je" en cas de désaccord du couple sur les suites à donner, mais il y a suffisamment de conseillers en communication pour avancer une formule claire et neutre.
Voilà l'ex-favorite qu'il nous avait imposée cruellement répudiée devant le monde entier. Etre un Président avec tout ce que cet "emploi" sous-entend, en termes de représentation n'empêche pas d'être un mufle.
Je veux bien que l'on sépare vie privée et vie publique il n'en demeure pas moins que l'homme est méprisable.
C'était la journée anti-Hollande où défilaient, poils hérissés, des mécontents de toute nature critiquant l'action du Président.
Ici pas question de politique.
Ces jours derniers on parlait beaucoup de la vie privée de Hollande et cela m'a laissée relativement indifférente . Mais là, c'est à nous qu'il s'adresse, comment accepter ce communiqué qui ressemble à un irrespectueux faire-part de décès!
"Je fais savoir que j'ai mis fin à la vie commune que je partageais avec Valérie Trierweiler".
Ce "Je" ! Quel goujat!
Cette formule est lapidaire au sens propre du terme .
Comme beaucoup d'entre nous je n'avais pas de sympathie particulière pour la compagne du président et son orgueil démesuré affiché dans ce pseudo-statut de première dame. Mais peut-on ne pas réagir à une telle offense de la part de son "illustre" compagnon?
Alors que tant d'associations féminines œuvrent pour les droits des femmes peut-on laisser passer cette énormité ? On peut comprendre que le "nous" n'ait pas remplacé le 'je" en cas de désaccord du couple sur les suites à donner, mais il y a suffisamment de conseillers en communication pour avancer une formule claire et neutre.
Voilà l'ex-favorite qu'il nous avait imposée cruellement répudiée devant le monde entier. Etre un Président avec tout ce que cet "emploi" sous-entend, en termes de représentation n'empêche pas d'être un mufle.
Je veux bien que l'on sépare vie privée et vie publique il n'en demeure pas moins que l'homme est méprisable.
dimanche 26 janvier 2014
Conversation – 10 – avec Cora.
- C’est gentil de m’avoir amené ces belles pêches. Elles étaient amères l’été
1939 quand je les croquais en lisant affiché sur le mur de la mairie l’ordre de
Mobilisation Générale. J’étais au premier rang d’une foule d’adultes muets de
consternation.
- Tous les pourparlers politiques avortés des années
précédentes auraient pourtant dû les
alerter.
- Bien sûr, les gens avaient peur mais se maintenait la
croyance que la guerre 14-18 était « la der de der » et jusqu’à
l’envahissement de la Pologne personne ne voulait croire dans la possibilité
d’un autre conflit.
- Dans le sud vous étiez moins exposés comment avez- vous
réagi ?
- D‘abord au choc de la défaite : comment était –ce
possible ? Les chefs de guerre étaient donc des incapables ? Et nos
« vaillants soldats » prisonniers en masse ? Et la population
civile n’était plus épargnée ? Je pense que l’esprit critique s’est vraiment
développé à ce moment, la presse et la radio fortement remises en question, on
savait, impuissants, que ce n’était pas de l’information mais de la propagande.
Le début du manque de foi dans les politiques et les militaires : on n’y
croyait plus.
C’est vrai que dans le sud nous n’avons pas subi les
bombardements. Nous en avons eu particulièrement conscience au moment de l’Exode. Cette horde
de malheureux, pauvres gens qui avaient subi de véritables déluges de bombes
faisant de nombreuses victimes parmi femmes et enfants. Les rescapés des
bombardements se retrouvaient sans toit, ayant perdu tous leurs biens et ne pensant qu’à fuir cet enfer. Triste
cortège ininterrompu de véhicules hétéroclites se trainant sur les routes, direction sud, cortège de fuyards pathétiques, affamés, se terrant dans
les fossés quand l ‘aviation ennemie, en rase-motte les tirait comme des lapins.
Mes parents avaient avant la guerre habité la Normandie, à
Goderville près d’Yvetot, c’est dans ce gros bourg qu’ils faisaient leurs
courses et s’étaient fait des amis. Ils fréquentaient un couple de pharmaciens
qui tenaient leur officine avec leur
fille aînée, la cadette vivant de son art, la peinture. J’étais alors un bébé mais plus tard j’ai toujours
entendu parler de la famille Jacob en particulier des « Demoiselles
Jacob » qui, plus tard m’étaient
données en exemple. Mes parents entretenaient avec elles une correspondance suivie.
Quelle a été leur surprise de voir arriver dans une voiture poussive et
délabrée « les Demoiselles Jacob » ! Elles avaient mis des semaines de misère sous les bombardements pour venir se réfugier dans le Béarn et se trouvaient
dans une grande détresse venant chercher
asile et réconfort près de nous. Lors de la grande vague de pilonnage ennemi
sur Rouen leurs parents avaient été ensevelis
avec tous leurs biens sous les décombres de leur pharmacie. Les deux
jeunes femmes avec d’autres jeunes sans abris avaient été recueillies par une
association d’aide. On leur demandait, en contre partie d’une soupe quotidienne, équipés de brouettes, de
rechercher les débris humains dans les ruines fumantes de Rouen…
- Mais c’est horrible ! Mais elles ont pu fuir
puisqu’elles avaient une voiture…
- Oui, miraculeusement préservée dans son garage et dans cet exode où elle faisait des
envieux. Elles se sont battues pour la conserver et se procurer de l’essence. Deux jeunes
femmes dans cette marée humaine où il
fallait être nuit et jour sur ses
gardes chacun luttant désespérément pour
sa survie. Elles embarquaient suivant l’urgence un vieillard, une mère avec son
bébé …
Puis l’armistice a été conclu et la France séparée en deux. Nous
nous trouvions en zone « occupée » et, de surcroit, frontalière avec
la zone « libre ». Dans notre petite ville sept mille habitants, sept
mille soldats allemands en permanence ! Comment te faire réaliser
l’horreur qui nous a saisis à l’arrivée des troupes d’occupation quand les
rangs impeccables de jeunes soldats, vainqueurs arrogants chantant à tue- tête,
ont défilé sous leur drapeau haï dans
les rues au rythme de leurs lourdes bottes noires…
- Vous sortiez de l’enfance, vous avez du avoir une
adolescence difficile.
- Tu m’amuses quand je pense au sens de cette expression
aujourd’hui. Nos difficultés étaient d’un autre ordre. Morales d’abord. Imagine
cette ambiance de défaite, cette tristesse généralisée par la vue de tous se
ces vainqueurs omniprésents qui avaient
sur nous pouvoir de vie et de mort. Et le manque, le manque de tout. Toute
notre famille se trouvait en zone libre et nous en étions séparés, sans nouvelles.
En face des réquisitions en tout genre le manque de liberté de pensée et de
mouvement, le manque de nourriture… Nous avions toujours faim. Les mères
géraient les rares tickets du
rationnement. Je me souviens des soupes d’orties, des champignons grillés et de
trop rares rutabagas…
Nous étions scolarisés dans un vaste complexe éducatif, avec
différents bâtiments, primaire garçons,
primaire filles, secondaire mixte, de grandes cours arborées et surtout un
énorme préau. Le préau a été immédiatement réquisitionné pour installer la
boulangerie des troupes. Le matin nous rentrions en classe l’estomac vide dans
une odeur de pain frais qui nous mettait
les larmes aux yeux. Sans avoir à être briffés par les adultes, mais conscients
de leur exemple, nous passions la tête haute sans un regard pour ces mitrons
qui parfois tendaient un quignon. La seule à accepter et même solliciter était
la superbe Nadia Chabaline. Nadia
faisait partie des descendants d’une
colonie de russes blancs installés au village depuis 1917. Nous avions
d’excellents rapports avec ces camarades jusqu’au jour de l’occupation ou par
haine des communistes qui avaient pris
le pouvoir dans leur pays, ils étaient devenus hitlériens. Personne ne parlait
plus à Nadia ni a ses frères, sales collabos…
- Cora vous m’avez dit un jour ne pas aimer l’Histoire et
pourtant vous l’avez vécue.
- Ce que je t’ai dit se réfère à nos premiers contacts
scolaires avec les allemands. Quand les officiers entraient dans les classes à
l’improviste, nous devions nous lever. Un jour deux de ces « vert-de-gris »
gradés nous ont demandé brutalement de
leur montrer nos manuels. Dois-je te rappeler qu’à cette époque les livres
étaient chers, rares, et que, seuls, ils étaient pour nous le seul moyen de connaître
le monde et contenaient tout son savoir ?
Nous leur vouions le plus grand respect. Les deux schleus, S.S impressionnants,
ont inspecté tous les ouvrages regardant en priorité quels en étaient les auteurs. Tout à coup, en gueulant, ils ont ramassé tous nos livres d’histoire :-«
Isaac et Mallet », juive propagande » !!!
Avec nos maîtres ravalant leur colère on nous a fait sortir
dans la cour, au milieu ils ont entassé nos chers livres et y ont mis le feu
sous nos yeux horrifiés. Quelques jours plus tard les deux mêmes boches nous
ont distribué des livres d’histoire d’auteurs allemands, traduits dans un
français de propagande. Une honte. Rends-toi compte les événements des siècles
passés vus par l’ennemi laveur de cerveaux! Au bord de la nausée nos
enseignants ont décidé d’interrompre l’apprentissage de l’histoire. Je t’assure
qu’après une telle mésaventure nos jeunes esprits n’ont pas eu besoin d’être formés à la relative vérité historique, à déceler le discours propagandiste et
considérer l’information au second degré !
- Avez-vous d’autres souvenirs scolaires ?
- Ah ! Oui ! Le fameux « Maréchal nous
voilà » que les maîtres avaient ordre de nous faire chanter et que nous
braillions en yaourt le jour où ne
pouvions invoquer d’angine rouge fictive.
Mais ce qui nous a terriblement marqués c’est le jour où
certains de nos camarades sont arrivés en
classe avec l’étoile jaune cousue sur
leurs vêtements. Elle paraissait énorme sur leurs torses enfantins. Nous ne nous préoccupions pas de l’appartenance religieuse de nos
camarades, nous cohabitions dans la plus grande tolérance, catholiques,
protestants, juifs et orthodoxes…Dans ma classe, il n’a y avait qu’une juive,
justement ma meilleure amie, Rachel.
Elle se tenait sur le seuil, honteuse, comme si elle n’était pas la victime de cet abominable ostracisme, n’osant
pas pénétrer dans la classe où nous étions déjà entrés. Je ressens encore notre
stupeur, notre incompréhension. Cette enfant charmante isolée marquée comme un
animal malade à éviter. Je ne me rappelle pas avoir réfléchi, dans un silence
pesant je suis allée la chercher et la
tenant par la main je l’ai faite asseoir à côté de moi. La vie nous a
permis de nous retrouver à différents époques et endroits et chaque fois Rachel
me serrant dans ses bras évoquait ce moment qu’elle avait perçu comme héroïque,
en me manifestant une reconnaissance un peu gênante. A propos de Rachel…
…Mon père était divorcé ce qui était une tare à l’époque.
Cela rejaillissait sur moi, doublement à
côté de la norme parce que fille unique ET de divorcé. Pensant alléger mon handicap
social et me faire rentrer dans le rang
mon père en rajoutait. Lui même athée Il avait insisté pour quel je fasse ma
communion solennelle puis que je suive le « catéchisme de persévérance » qui
était censé nous procurer quelques notions de théologie. En fait il fallait
vraiment de la persévérance pour supporter le rabâchas de la vieille fille aigrie
au cou fripé enserré dans un velours noir. Un jour elle me demande de monter
sur l’estrade, face à mes camarades, pour, je le suppose, une interrogation.
Elle prend ma place : - « mademoiselle est-il vrai que vous avez une
amie juive ? » -« OUI. » - « Alors vous devez choisir
le catéchisme ou « la juive ». J’ai
sauté de l’estrade et quitté la salle
avec un joyeux ; -« Au revoir tout le monde ! ».
Quand je suis rentrée à la maison et que
j’ai annoncé que la « persévérance » c’était fini et pourquoi, mon
père n’a eu qu’un mot : « Bravo ! ». Bien entendu je n’ai pas mis Rachel au courant de l’incident.
J’avais perdu Rachel de vue depuis des années. Un dimanche de vacances et de
retour aux sources je la rencontre dans
la rue principale, devant l’église. Embrassades fougueuses. Mariées, mamans
toutes deux nous avions mille choses à nous dire. Je veux l’entrainer sur la
terrasse du café proche « - Non, tout à l’heure, maintenant je vais à la
messe » et devant mon air ahuri elle ajoute : -« Pendant
l’occupation quand nous sommes passés en
zone libre nous avons été recueillis par un prêtre merveilleux et je me suis
convertie ». Je l’accompagne jusqu’au porche de l’église : –«Excuse
moi, je ne vais pas à la messe mais
quand elle sera finie viens me rejoindre au café, j’ai une anecdote à te
raconter »…
- L’anecdote tu la connais et je te laisse méditer sur la malédiction
des dogmes dans l’humaine destinée, pendant que, excuse moi si je te bouscule,
je file à l’aquagym.
Grosse fatigue.
HIER,
J'AI DIT À MON MARI ENTREPRENANT
:
«
EST-CE QUE ÇA TE TENTE DE JOUER AU DOCTEUR ?
»
IL
A RÉPONDU, TOUT EXCITÉ : « BEN OUI!
»
vendredi 24 janvier 2014
Pessimiste avenir.
Quand je suis allée à Tadoussac le chemin qui menait au Musée de la mer était bordé, à la gauche du visiteur, d'une suite de petites colonnes de 150 centimètres de haut espacées d'une dizaine de pas. Un tableau représentant un animal d'une espèce en péril était posé, bien en vue, sur chacune d'entre elles.
On cheminait ainsi vers l'entrée en prenant conscience de la gravité de la situation des espèces vivantes. Sur la dernière colonne, à la place d'un tableau, était un miroir... dans lequel se reflétait son propre visage.
Démonstration extrêmement efficace.
Ici et dans l'immédiat, un drame social peut se produire pour lequel nul n'est à l'abri :
Gorafisons-nous;
Dernière minute:
"Julie Gayet aurait commis une erreur des plus insolites hier soir tard dans la nuit. Alors qu’elle descendait de chez elle pour rejoindre M. Hollande censé venir la chercher, l’actrice se serait trompée de personne et aurait embarqué à bord d’un scooter Domino’s Pizza, prenant le simple livreur pour le Président."
"Julie Gayet aurait commis une erreur des plus insolites hier soir tard dans la nuit. Alors qu’elle descendait de chez elle pour rejoindre M. Hollande censé venir la chercher, l’actrice se serait trompée de personne et aurait embarqué à bord d’un scooter Domino’s Pizza, prenant le simple livreur pour le Président."
mardi 21 janvier 2014
Conversation -9- avec Cora.
- Bonjour ma Jolie, j’ai envie de faire un saut dans le
temps et de t’amener dans ma guerre de 39-45.je dis « ma » parce que
mes souvenirs ne correspondent pas forcement avec ce que tu as appris de cette
époque terrible -
- J’espère que plus tard vous voudrez bien combler la
période d’entre deux guerres avec d’autres souvenirs de la génération de vos
parents ?
- Tu as raison, il n’y a plus de vivants de leur génération,
et je ne risque pas de choquer leurs contemporains… ni les miens
d’ailleurs ! C’est vrai je suis maintenant entourée de plus de morts que de vivants, plus
personne n’a connu ma jeunesse. Laisse-moi rire : je fais dans mon grand âge partie des chefs d’œuvre
en péril ! Ce qui me gêne c’est qu’à propos de ces faits récents je
dois te parler de moi-même plus que dans
nos précédents entretiens.
- Allons, ma chère Cora, pas de fausse pudeur. Alors comment
cela a-t-il commencé ?
- Assieds- toi confortablement et laisse moi fermer les
yeux.
Ce dimanche de l’été 1936 est somptueux …
La station thermale baigne dans une chaude lumière qui
magnifie son jardin public .Des massifs de roses ,des canas géants, des
hortensias roses et bleus éclatent sous les prunus violets .Une allée de saules
mène au bassin, jets d’eau fusant sous les pieds d’un jeune faune de bronze symbole parfait de ce moment
d’allégresse naturelle et de parfaite paix ambiante. Des élégantes promènent leurs robes blanches et leurs
capelines pastel, prennent place sur les
bancs de bois peints en vert, lisent un roman, surveillent de petits enfants
joyeux qui se poursuivent en riant. Il est bientôt midi et les messieurs sont
déjà installés à la terrasse du Café Trianon devant des Pernauds opalescents.
L’orchestre a pris place sur l’estrade qui sépare la terrasse de l’intérieur du
café où quelques tables de bridge, un billard attendent les amateurs…
La grosse horloge encastrée au-dessus de la porte centrale
du vaste bâtiment de style mauresque chante les douze coups de midi.
Dès les premières mesures d’un paso-doble endiablé les dames
et les enfants se dirigent vers le Café Trianon,
les petits courant demander leur grenadine et se précipitant sur la sphère du
distributeur de cacahuètes dont le tiroir métallique avec un joli clic délivre
ces gourmandises contre une pièce de monnaie.
Les dernières curistes de la matinée sortent de l’Etablissement Thermal enveloppées de
leur peignoir immaculé, avant de rejoindre leurs hôtels.
On papote un peu sur le perron :
-Que faites-vous cet après-midi ?
-J’hésite, peut-être un golf où si le soleil est trop fort j’irai,
sous le parasol broder des « smocks »
à l’Atelier de travaux de dames de l’avenue du Parc.
-Moi, je suis trop lasse, j’en suis aux bains complets en
eau- mère salée, en plus c’est l’époque
de l’ovulation et j’attends mon mari ce week-end.
Les eaux de la Station soignent la stérilité, beaucoup de
dames sont exaucées dans leur désir d’enfant. Miracle de la cure, des visites
maritales, des quinze médecins en activité dans la station, ou du groupe de
beaux et jeunes célibataires locaux qui
papillonnent autour des plus jolies comme un essaim d’abeilles devant un pot de
confitures. Conséquence logique : les jeunes filles du bourg sont
considérées comme les plus sages du canton et personne ne se préoccupe de
savoir si c’est par frustration… Ici c’est
« la curiste d’abord ». Il faut que dans l’année on puisse
afficher le plus grand nombre de faire- parts de naissance. On dirait que
l’évêché s’est mis de la partie puisque le chanoine Aibrun a été désigné à la
tête de la paroisse. Le beau chanoine
Aibrun ,si éloquent, qui chante la messe d’une voix chaude, émouvante, le très
aimé chanoine Aibrun tellement indulgent aux péchés du monde que c’est un
plaisir supplémentaire que d’aller à confesse .
Puis on se disperse.
Certains se dirigent vers le « Grand Hôtel Du Parc». Ce véritable
palace est la gloire de la station. Certes, il y a d'autres hôtels de standing,
il y a aussi de nombreuses pensions de famille même des chambres meublées en tout
genre, mais le grand hôtel !
Chef-d’œuvre de la fin du XIXème il ressemble à un vaisseau
rutilant voguant sur des massifs fleuris. On gravit un monumental perron puis
on pénètre dans un hall somptueux. Il est flanqué aux deux extrémités de
cheminées monumentales. Quelle que soit la saison on y brûle de véritables troncs
d’arbres portés par des valets en livrée
à gilet rayé noir et or. Ces valets très nombreux traversent discrètement le
grand hall et courent dans l’escalier à double révolution qui mène aux chambres.
Chacune décorée avec un goût exquis donne sur le couloir intérieur ovale, en mezzanine, qui surplombe
le hall. Ainsi la lumière descend directement des vitraux multicolores de la
verrière en coupole chatoyant sur le parquet ciré du rez- de- chaussée.
Cette vaste salle de style anglais marie le cuir des
fauteuils club, à l’acajou des petites tables basses et à l’écossais des tapis
moelleux. On peut y apercevoir quelque célébrité. Madame Lebrun, l’épouse
du président de la République, très discrète, et un jeune homme rondouillard
dont on assure qu’il est « le » couturier parisien après Poiret, il
s’appelle Christian Dior. Il promène, la mine morose entre sa mère qui
ressemble à une momie inca et sa jeune nièce aux boucles blondes dont l’activité
principale est de tourmenter les jolies femmes de chambre en blouse rose. Les
directeurs de l’hôtel, un couple de
personnes âgées aux cheveux de neige et leurs deux filles tout aussi élégantes et curieusement
aux cheveux tout aussi immaculés
donnent, réunis dans la loge des soirées de gala, l’illusion d’un tableau de
Watteau.
La terrasse du Trianon se vide maintenant à l’exception d’un
couple tendrement enlacé, tangotant sur
le dernier morceau de l’orchestre.
De la musique il y en aura encore, cet après-midi dans le
kiosque vert tout enrubanné de glycines qui trône au milieu du jardin public.
Annette la chaisière, disposera les chaises de fer repeintes chaque saison pour
ceux qui préfèrent ce confort à la promenade circulaire sur le gravier blond
qui roule sous les pas.
Et encore ce soir au Casino, on dansera, on jouera, on
boira : il ne faut pas perdre un moment de plaisir! Au Casino, il y a un
cinéma, un théâtre, des salles de jeux, une vaste salle de bal parquet marqueté, aux peintures murales art
déco avec de noirs musiciens cubistes qui semblent danser aussi dans la lumière
de l’énorme lustre de cristal. Les dames seront en robe longue, les messieurs
en smoking et s’ils sont seulement en costume noir trois pièces ils arboreront
un gardénia à la boutonnière. Tino, cheveux noirs calamistrés à la gomina
argentine et danseur mondain, invitera les esseulées …
Brave Tino qui s’acquitte de sa tâche avec un détachement
aimable qui peut passer pour une preuve de sa bonne éducation. Ce même Tino s’amuse
vraiment avec les petits puisque son contrat prévoit qu’il doit animer les
après-midi enfantines. Dans cette période insouciante il était normal que les
enfants s’amusent aussi et Tino y réussissait à merveille. C’était pour nous des
jeux, des danses, des chants, des cotillons, des déguisements et parfois des
lâchers de ballon, que même les grands de dix ans et plus, sortant de la
piscine toute proche, venaient admirer en criant avec les petits
émerveillés : « plus zaut
,plus zaut ! ».
L’après-midi, la chaleur augmentant, s’annonçait calme et
douce entre deux divertissements.
Tout à coup dans un grand bruit de ferraille des autocars déglingués débouchent sur l’Avenue
du parc. De loin ils paraissent bondés et sur les toits brinquebale une énorme
masse de paquets mal arrimés. A la rencontre de cette étrange caravane
accourent Monsieur le maire et divers notables de la commune, ils indiquent au
chauffeur hébété la direction du stade :
- Vous ne pouvez pas stationner ici au centre de la ville,
vous ferez descendre vos passagers sur le terrain de communal. Il faut parer au
plus pressé.
- Mais les enfants ont faim et soif.
- Ne vous inquiétez pas on s’en occupe.
Quelques curieux arrachés à leur sieste qui ne comprennent rien à ce qui se passe
regardent redémarrer les lourds véhicules immatriculés en Espagne, des murmures
courent :
- Ce sont des rouges, mon Dieu, des
Révolutionnaires !
Monsieur le maire informe et rassure expliquant qu’il s’agit
de malheureux réfugiés en majorité des femmes et des enfants.
- Ces malheureux ont été bombardés. Vous en saurez plus en
vous rendant au stade avec tout ce que
vous pouvez offrir à ces pauvres gens.
L’information court de bouche à oreille, incompréhensible,
impensable, ces gens ont été bombardés,
un bombardement ? Où, mais par qui, comment ? il n’y a pas eu de
déclaration de guerre ?
L’autobus a déversé pêle-mêle sur la pelouse du terrain de
rugby son chargement humain et les ballots où chacun a entassé ses biens les
plus précieux.
Le spectacle est désolant, il y a là une majorité d’enfants,
sales hébétés, des femmes au visage torturé serrent contre elle des bébés qui
hurlent. Quelques hommes âgés, des infirmes se tiennent à part, silencieux tête
basse. Les villageois, profondément
choqués, essayent de se rendre utiles. Il faut du lait, beaucoup de lait. Mme
Rolou l’institutrice, qui ne manque jamais une occasion de se distinguer,
ordonne que le lait soit bouilli, Hector le coiffeur, au bon sens pratique,
suggère que vu l’urgence il vaut mieux porter trois litres de lait frais qu’un
pasteurisé ! Chacun court de sa maison au stade, essaye de se rendre utile
portant nourriture et boissons. Pendant que les enfants se restaurent les
questions fusent :
- D’où venez –vous ? Que s’est-il passé ?
La gorge serrée une femme s’écrie :
- Guernica bombardeo, muchos muertos ! Los aviones alemanes !
- Les avions allemands !
Un frisson …les allemands, là, tout près, et ces petits
enfants, le visage poussiéreux rayé de larmes... La majorité d’entre eux n’est
pas accompagnée d’adultes. Ils ont perdu leurs parents dans le bombardement,
ils se serrent les uns contre les autres, le regard affolé.
Seul le chauffeur d’un des autobus parait avoir suffisamment
de sang- froid pour être un interlocuteur valable. Monsieur le maire lui
explique qu’il faut un peu de temps pour organiser des secours et que ce soir
il faudra dormir à la belle étoile. On portera des couvertures. Et
demain ? A propos où pensent-ils aller demain ?
- Nulle part, plus d’essence, pas d’argent, nous sommes arrivés.
Madame Langlois, la boulangère, qui chante si bien à la messe
le dimanche, prend la parole d’une voix forte et vibrante :
- Quelle est la mère de famille qui accepterait une pareille
horreur ? Il suffit de quelques foyers volontaires pour résoudre le problème.
Le garde-champêtre va avertir tout le monde et j’attends ici ceux qui peuvent
recevoir ces malheureux.
Pour les petits orphelins le drame continuait,
cependant les familles d’accueil faisaient tout leur possible pour ne pas
séparer les frères et les sœurs.
Ces enfants, traumatisés, ne comprenant pas le français, se
débattaient, hurlaient quand on voulait les laver, les nourrir, au moindre
bruit de moteur se précipitaient sous la table où ils se sentaient plus en
sécurité.
De longues années plus tard certains parlaient
encore un français approximatif, formaient une communauté solidaire dans
le souvenir de leurs jeunes vies brisées.
La ville avait subitement perdu son insouciance, ses
certitudes et sa sérénité.
Et cela pour de longues années à venir.
samedi 18 janvier 2014
Petite gigue irlandaise...
VATICAN
La
mule du pape ruminait sa vengeance
Rancunière
est, dit-on, cette engeance.
Le
nonce apostolique
Touriste-
à la colique
Au
diable récemment avait fait allégeance.
AU
LOUVRE
Bras
arraché avec le téléphone,
Et
voilà ! La Vénus de Milo est aphone !
Sous
la pyramide de verre
Les
fleurs du mal en serre
Chantent
gaiement dansant avec les faunes.
LIBERTE
La
poule aux œufs d’or aujourd’hui fait la grève,
Lasse
de l’esclavage qui rend la vie si brève.
Volatile
captif d’humaine avidité,
En
poule de luxe a muté.
Avec
la cigale maintenant vit son rêve.
GUERRE
ET PAIX
Au
bout des suspentes pendouille le parachutiste,
Sa
cible est là-bas : douce église Baptiste.
Au
sol amarré le canon
A
détruit la maison de Manon
Dans
l’arbre préservé chante l’oiseau flûtiste.
Marchant
joyeux sur le chemin de Compostelle
A
la fontaine ils s’abreuvent près la stèle.
Les
vaches qui mugissent au pré-vert
Font
l’inventaire à l’envers
Aux
péchés, remords, chagrins si lourds ils s’attellent.
CIRQUE
Le
nez rouge du clown illumine l’arène
Fait
rire de Monaco et le roi et la reine.
Le
lion seul dans sa cage
Hume
un mauvais présage
«
L’Ouragan » princier dans les haubans se traîne…
VOL
A VOILE
L’aile
déployée du planeur dans l’ascendance
Fend
le vol des buses légères en abondance.
Pourtant
le soleil est caché
Derrière
les nuages hachés
Dure
sera la chute, et au sol la cadence.
CEPHALEE
Chauve
souris roussette et poilue tête en bas
Tonsure
ô désespoir du danseur de rumba
Cheveux
dressés en épis
Mi-graine
de genépi
Folle
Ivresse de rhum du délicieux baba .
etc...etc..
etc...etc..
A vous, les amis...
vendredi 17 janvier 2014
Défilé. La classe...
Progrès.
Il y a un siècle on apprenait à l'école primaire qu'il y avait quatre races d'hommes :
Les blancs, les jaunes, les rouges et les noirs.
On sait maintenant que tous appartiennent à la même race : l'humanité .
Cela réjouit particulièrement les précurseurs en noir et blanc :
Et ceux que les différences n'empêchaient pas de s'aimer :
Les blancs, les jaunes, les rouges et les noirs.
On sait maintenant que tous appartiennent à la même race : l'humanité .
Cela réjouit particulièrement les précurseurs en noir et blanc :
Et ceux que les différences n'empêchaient pas de s'aimer :
jeudi 16 janvier 2014
Conférence de presse.
Euthanasie.
Notre Président nous a annoncé, comme d'hab, la mise en place de chantiers, de groupes de recherche, de commissions et d'enquêtes...
Une entre autres, avec mille périphrases, pour traiter du problème le plus commun, la fin de vie, puisque, comme dit l'autre, nous devons tous y passer...
Par contre il y a d'autres nouvelles plus réjouissantes:
mercredi 15 janvier 2014
Une belle langue, la notre.
Loin des vieux livres
de grammaire,
Écoutez comment un beau
soir,
Ma mère m'enseigna les
mystères
Du verbe être et du
verbe avoir.
Parmi mes meilleurs
auxiliaires,
Il est deux verbes
originaux.
Avoir et Être étaient
deux frères
Que j'ai connus dès le
berceau.
Bien qu'opposés de
caractère,
On pouvait les croire
jumeaux,
Tant leur histoire est
singulière.
Mais ces deux frères
étaient rivaux.
Ce qu'Avoir aurait
voulu être
Être voulait toujours
l'avoir.
À ne vouloir ni dieu ni
maître,
Le verbe Être s'est
fait avoir.
Son frère Avoir était
en banque
Et faisait un grand
numéro,
Alors qu'Être, toujours
en manque.
Souffrait beaucoup dans
son ego.
Pendant qu'Être
apprenait à lire
Et faisait ses
humanités,
De son côté sans rien
lui dire
Avoir apprenait à
compter.
Et il amassait des
fortunes
En avoirs, en
liquidités,
Pendant qu'Être, un
peu dans la lune
S'était laissé
déposséder.
Avoir était
ostentatoire
Lorsqu'il se montrait
généreux,
Être en revanche, et
c'est notoire,
Est bien souvent
présomptueux.
Avoir voyage en classe
Affaires.
Il met tous ses titres
à l'abri.
Alors qu'Être est plus
débonnaire,
Il ne gardera rien
pour lui.
Sa richesse est tout
intérieure,
Ce sont les choses de
l'esprit.
Le verbe Être est tout
en pudeur,
Et sa noblesse est à
ce prix.
Un jour à force de
chimères
Pour parvenir à un
accord,
Entre verbes ça peut se
faire,
Ils conjuguèrent leurs
efforts.
Et pour ne pas perdre
la face
Au milieu des mots
rassemblés,
Ils se sont répartis
les tâches
Pour enfin se
réconcilier.
Le verbe Avoir a besoin
d'Être
Parce qu'être, c'est
exister.
Le verbe Être a besoin
d'avoirs
Pour enrichir ses bons
côtés.
Et de palabres
interminables
En arguties
alambiquées,
Nos deux frères inséparables
Ont pu être et avoir été. Yves Duteil
Et encore:
Nos deux frères inséparables
Ont pu être et avoir été. Yves Duteil
Et encore:
mardi 14 janvier 2014
Très brève de comptoir.
UN
HOMME ENTRE DANS UN bar, BRANDISSANT UN FUSIL
:
-
JE VEUX SAVOIR QUI A BAISÉ MA FEMME
!
-
TU VAS MANQUER DE BALLES
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