mardi 29 janvier 2019

Caminito...


                                                       ..."Que juntos amigos nos vistes pasar"....

samedi 26 janvier 2019

jeudi 24 janvier 2019

mercredi 23 janvier 2019

mardi 22 janvier 2019

dimanche 20 janvier 2019

samedi 19 janvier 2019

J'aime,je n'aime pas....

J’aime l’accordéon le dimanche matin à la radio    parce que j’ai connu mon premier amant, le duc de Monte Cristie à la fête de l’huma où il était allé s’encanailler.

J’aime Prévert l’homme des inventaires;    c’est un exercice de collectionneuse auquel je m’adonne dans mes moments de... méditation.

J’aime le gras du jambon,  le meilleur des cosmétiques internes, souverain pour la douceur de la peau et l’éclat de la chevelure.

J’aime le chocolat noir  le seul aphrodisiaque naturel qui magnifie tous les plaisirs.

J’aime la moutarde forte,  il faut l’avoir savourée, sur les moustaches d’un galant.

J’aime faire rire car il n’y a pas mieux pour les préliminaires, j’ai mis au point un rire perlé, cristallin, qui excite très fort les messieurs.

J’aime le bisteak saignant, un fougueux descendant du Comte Dracula m’a initiée à la saveur de l’hémoglobine fraîche.

J’aime écouter la pluie sur mon toit,  j’apprécie encore plus d’être à l’abri dans une confortable aisance.

J’aime lire aux cabinets,  cela me permet de citer « mon cabinet de lecture » et d’entretenir une flatteuse confusion auprès des intellectuels que je reçois.

J’aime les hommes ronds et parfumés,  ronds ce sont des nantis dociles, et parfumés parce que j’ai l’odorat si sensible qu’il est alors facile de feindre un orgasme.

 J’aime Rembrandt la peinture hollandaise  depuis que j’ai pris du poids il est rassurant de voir des courtisanes bien en chair.

J’aime les grands appartements  je ne me laisse pas séduire à moins de 200 mètres carrés, exposition plein sud, quartier résidentiel.

J’aime les mules plutôt que les pantoufles,   on n’a jamais vu une cocotte en charentaises, réservées aux légitimes, j’ai de ravissantes mules roses garnies de plumes dorées…

Je n’aime pas les travaux ménagers  il y a des femmes étudiées pour, d’accortes soubrettes, fournies en général avec l’appartement par mes amis prévenants.

Je n’aime pas Bartok   quand on me sort c’est en général dans des cafés chics à la mode.

Je n’aime pas inviter plus de six personnes   c’est un bon chiffre pour le choix d’un changement de main : cinq messieurs et moi c’est parfait.

Je n’aime pas parler en public   je suis, c’est évident une adepte du susurrer dans l’intimité.

Je n’aime pas le machisme   j’ai toujours eu les hommes à mes pieds et je hais la bêtise des femmes soumises qui fabrique les machos.

Je n’aime pas que l’on compte sur moi  je suis faite pour compter, plutôt deux fois qu’une, sur les autres et m’échapper à la première difficulté ; je ne suis pas maso.

Je n’aime pas le maquillage violent et les jupes courtes   j’évite toute vulgarité, sous une légère robe de chambre en soie j’habille ma peau nue d’un nuage de poudre au jasmin.

Je n’aime pas les gosses mal élevés   je n’aime aucun gosse, je n’aime câliner que les adultes …bien élevés…dans l’échelle sociale.

Je n’aime pas le gratin de pâtes   le gratin c’est celui qui roule en Jaguar avec l’attaché case qui fait les bons payeurs.

Je n’aime pas le sport   parce que je préfère Dior à Adidas.

Je n’aime pas les femmes trop belles  c’est tellement dur la concurrence, plus le temps passe plus les autres sont jolies et l’attirance pour la jeunesse est, hélas, une mode qui dure.

 

 

vendredi 18 janvier 2019

Cbapitre IV et dernier


Depuis cette crise un étrange mode de vie s’installa. Adèle mortifiée se calfeutrait dans ses appartements, ne voulait voir personne. Pierre vivait dans l’annexe, il y recevait une clientèle raréfiée, sortant pour prendre ses repas dans un modeste restaurant de la place du Monument aux Morts. En ville le scandale s’était apaisé mais le docteur ne pouvait ignorer les changements d’attitude de ses amis notables. (Certains avaient beaucoup plus à se reprocher mais avaient eu la chance de ne pas s’être fait attraper). Pierre était surtout malheureux d’avoir perdu si bêtement femme et fille. L’attitude de Sacha était très ambiguë. Il était triste avec un air de reproche quand il prenait ses repas avec sa mère qui l’accablait d’une tendresse qu’il ne partageait pas. Il ne venait voir son père que s’il y était invité. Il s’absentait souvent, parfois quelques jours, il revenait très excité en restant secret sur ses activités.
 Par la cuisinière Pierre apprit qu’Adèle, sans l’en avertir, s’était retirée au couvent des Bénédictines. Son chagrin fut immense. Il en parla avec Sacha, qui se trouvait maintenant seul au Castillet lequel lui assura avoir été toujours en rapport avec Aude tout en refusant  de lui fournir le moindre renseignement. Pierre voyait que de nombreux  jeunes visiteurs fréquentaient la maison mais il n’était jamais invité. Pierre aurait voulu partager avec son fils, comme avec ses amis au café, ses craintes par rapport aux événements dramatiques qui avaient lieu en Europe tout cet été 1939 mais Sacha était de plus en plus souvent absent. Pierre se sentait vieux, avait besoin qu’on le rassure, qu’on lui confirme que la guerre qu’il avait vécue était bien la « der des der »…


Vers la fin du mois d’Août il constata que les volets étaient fermés, le Castillet déserté. Intrigué Pierre poussa la lourde porte d’entrée restée ouverte. La grande salle à manger avait à l’évidence servi de salle de réunion, la longue table était recouverte de verres sales, de cendriers débordant de mégots. Ça et là trainaient des cartes du nord et de l’est de la France. Pierre se refusait à admettre l’évidence, pourtant horrifié, il ne put que s’y résoudre à la lecture de quelques tracts d’inspiration nazie et de  maquettes de drapeaux à l’aigle impérial oubliés sur la desserte. Deberre sortit en titubant. Son fils parti rejoindre les assassins de la Pologne ! Rien ne lui aura été épargné.
Le lendemain, entre les frondaisons, depuis le portail, le facteur  aperçût le corps de Pierre qui se balançait sous le gros chêne.
Le même jour, partout sur les murs des édifices publics, sous les yeux terrifiés de la population, on placardait l’avis de Mobilisation Générale.

-


jeudi 17 janvier 2019

Chapitre III

Que raconter des années suivantes ? Tout était tracé et la vie dans cette période bénie suivait son cours sans heurts.
Sacha et Aude inséparables grandissaient  en beauté et sagesse dans ce milieu privilégié. Le directeur de l’école qu’ils fréquentaient avait produit et édité une petite plaquette, sur le thème «  Prépondérance de l‘acquis sur l’inné »  que n’auraient pas renié ceux, que plus tard, on a appelés « psy et socio psy ». Puis les jumeaux  étaient devenus de beaux adolescents poursuivant leurs études dans l’ambiance festive des années folles, folles particulièrement chez les nantis ... Ils avaient de nombreux amis communs ou particuliers, mais le lien entre Sacha et Aude restait plus fort que tous les autres. Les parents confiants leur laissaient la bride sur le cou tout simplement heureux de les voir grandir et se contentant, de leur part de quelques distraites marques d’affection de plus en plus rares fil des années. Le père alerte quinquagénaire et la jolie maman avaient leurs propres occupations et se donnaient en parents modernes en ne s’immiscent pas dans les intérêts et la vie privée des jeunes gens. Ils formaient une merveilleuse famille, qu’à part quelques jaloux aigris tout le bourg admirait.
Un bel après midi Adèle, Aude et deux amies jouaient aux tous nouveaux « mots carrés » dans la véranda fleurie. Adèle avait besoin du dictionnaire et Aude s’etait souvenue qu’elle l’avait laissé dans le bureau de son père. Elle poussa en courant la porte réservée aux patients et s’engouffra dans le cabinet médical. Allongée nue les jambes écartées sur la table d’examen une jeune femme tendait les bras à Deberre tout aussi nu, flamberge au vent. Aude s’enfuit en courant  défigurée par une expression méchante.
- Maman, maman, père est en train de faire l’amour avec une patiente dans son cabinet.
- Qu’est ce que tu racontes, ma chérie, tu es folle tu fais peur à nos amies ! Mais Aude détailla, sans se faire prier, on dirait même avec un malin plaisir, ce qu’elle avait vu. Adèle était effondrée, d’autant que ses amies avaient, encore plus vite qu’elle, compris la situation et prenaient discrètement congé avec une étincelle goguenarde au fond des yeux. Une heure  plus tard le scandale était connu de toute la ville. Ce qui s’est passé après on le sait par la cuisinière et le jardinier, par ailleurs mari et femme, et qui, tout à coup, se sont découvert des griefs vis-à-vis des patrons et se sont fait une joie  de tout raconter à la ronde. Devant Aude  Adèle s’était déchainée dans une scène terrible. L’ex douce Adèle  échevelée pulvérisait vaisselle et objets d’art en hurlant pour la première fois de sa vie les jurons qui  lui venaient de loin, par des générations de mâles Coulange chasseurs de sangliers, c’est dire ! Enfin reprenant un calme encore plus inquiétant Adèle décidait :
- Je veux que nous nous réunissions immédiatement tous les quatre, va chercher ton père et ton frère. Devant ce tribunal impitoyable, Madame dressée comme une furie, le pauvre docteur, racontait la cuisinière, se faisait tout petit, les larmes aux yeux. Aude et Sacha, silencieux, semblant réprimer une certaine jubilation se tenaient côte à côte, assis sur le divan à têtière de macramé. Pierre tête basse :
- Ma chérie je suis vraiment désolé, je te demande pardon.
-Pardon ? Ce serait trop facile, tu n’es plus rien pour moi et voilà ce que j’ai décidé…
- Adèle je t’en prie ne fais rien sur le coup de la colère, nous reparlerons demain...
- Demain ? je ne veux plus te voir et tu ne mettras plus les pieds dans la maison. Je te cède l’annexe où tu pourras jouer au docteur vicieux.
- Adèle, Adèle, les enfants…
- Quoi les enfants, seront bientôt majeurs ils peuvent tout entendre surtout que ta fille t’a surpris en honteuse attitude.
- Adèle c’est la première fois que cela se produit et je te jure que c’est la dernière.
Jusque là racontait le jardinier, planqué derrière un volet entr’ouvert, l’ambiance  était plus qu’électrique, elle est devenue dramatique quand Aude s’est levée accusatrice:
- Maman, reste ferme, ne l’écoute pas, il y a certainement des années que cela dure, ton mari est un pervers.
-Tais-toi malfaisante, lui ordonnait Pierre hors de lui, tu vois ce que tu as fait !
- Moi, j’ai fait quelque chose criait la jeune fille à part obéir à tout ce que tu voulais, d’ailleurs ce que tu peux dire et faire m’est égal : tu n’es même pas mon père. Pierre et Adèle abasourdis regardent leur fille puis Sacha qui semblai observer la scène d’un air, mais oui, amusé ! C’était terrible disait la cuisinière, monsieur d’habitude si calme était comme un démon.
- Ah ! C’est comme cela et bien tu vas m’obéir pour la dernière fois : tu vas quitter la maison.
-  Cela tombe bien je commençais à être fatiguée que maman joue à la poupée avec moi et que toi, papa tu me maintiennes docilement dans cette petite vie provinciale et mesquine. J’ai d’autres ambitions. Pierre ahuri bégaya :
- Et comment comptes-tu vivre ?
- Voyons papa aurais-tu oublié les donations que vous nous avez faites ? Tous vos biens pour nous deux à notre majorité, il n’y a plus que quelques mois à attendre. Je quitterai la maison dès demain. Les Deberre étaient effondrés. Adèle se jeta au cou de Sacha :
- Heureusement que je t’ai mon chéri. Pierre en larmes ne voit pas, au- dessus de l’épaule frémissante d’Adèle, le regard tendrement complice qu’échangent les jumeaux.
Le lendemain Pierre sorti quelque peu hébété  sur le pas de l’annexe entendit des hurlements provenant  du Castillet, plus précisément de la chambre d’Aude. Il y trouva Adèle en pleine crise de nerfs, si perturbée qu’elle en oublia un instant qu’elle avait interdit à Pierre de la revoir.
- Mais quelle garce, quelle garce ! Dans la nuit j’ai été réveillée par le bruit du moteur de la Panhard…
- Quoi, ma voiture ?
- Evidemment, Aude est partie avec.
- Ne t’inquiète pas elle va revenir, nous allons tous nous réconcilier, ce qui s’est passé hier doit être oublié, viens  je vais te reconduire dans ta chambre. Adèle épuisée se laissa mener, mais ses hurlements reprenaient de plus belle :
- Mon coffret a disparu, il était encore là hier après midi, mon coffret ! Tous  mes bijoux et tout l’argent pour les dépenses du mois ! Et tu dis qu’elle va revenir, qu’il faut oublier ! Jamais ! Mais d’abord qu’est ce que tu fais là ? Je t’interdis de revenir ici, même si je suis moribonde.

mercredi 16 janvier 2019

Chapitre II


C’étaient toujours des discussions entre hommes. Les sujets sérieux n’étaient pas du domaine des femmes qui avaient bien d’autres préoccupations. Adèle, comme sa mère lui avait appris, était une parfaite maîtresse de maison, faisait honneur à son époux par sa conduite parfaite et quand à son bras, elle arborait avec élégance et modestie les dernières créations de Poiret qui dévoilaient ses jolis mollets gainés de fin coton blanc. Elle aussi avait ses pauvres et se dévouait, sans abandonner ses gants de filoselle immaculés, auprès de Monsieur le curé pour venir en aide auprès des plus nécessiteux. Quand à sa vie  de couple…L’éducation sexuelle d’Adèle avait été parfaite pour l’époque. Elle ne connaissait pas son corps encore moins celui de son futur époux.  Madame de Coulange mère lui avait expliqué avec un minimum de mots et un maximum de gêne :
- Mon enfant il ne faut pas avoir peur de la nuit de noces puisque tu épouses un homme « bien ».
-Est-ce douloureux ?
- Oui, la première fois mais tu verras on s’habitue vite, sois docile avec ton époux et si le temps te parait long  dis toi que tu remplis ton devoir conjugal pour le plaisir de ton mari. Quoiqu’il en soit c’est comme cela que tu auras des enfants.
 Et voilà. C’est ainsi que Pierre, après qu’Adèle eut fait ses prières  sur le prie-Dieu en velours, la rejoignait, dans le lit conjugal. Enfouie dans des flots de dentelle elle l’attendait, souriante et inerte…Certes elle ne se plaignait jamais de migraine mais Pierre, pendant qu’il l’honorait, ne pouvait ignorer son regard absent tourné vers le crucifix mural et son doux corps insensible. Comme il aurait aimé qu’elle s’anime sous le plaisir qu’il était tellement désireux de lui donner ! Enfin, résigné, il savait qu’on ne peut tout avoir dans la vie, ce temps de paix tout neuf procurait d’autres satisfactions que Pierre, échappé de l’enfer de la guerre, savait goûter à leur juste valeur.
Maintenant les survivants prenaient leur plaisir avec une gourmandise qui se voulait oublieuse de ces quatre années dramatiques. Chaque jour la modeste station  thermale inventait des divertissements inédits : création d’un golf a dix huit trous, d’un stade sportif avec six courts de tennis, édification d’un kiosque à musique où se produisait l’Harmonie Municipale, ouverture d’un Casino avec ses mirifiques jeux d’argent, salles de cinéma en velours cramoisi, dancing élégant où officiait au bénéfice des esseulées, en tout bien tout honneur Tino le « danseur mondain »…Les propriétaires de la source thermale et de l’Etablissement de soins prenaient conscience de l’importance de la publicité et draguaient la clientèle aisée des femmes souffrant des maladies spécifiques à leur sexe. Quelques célébrités y ayant recouvré la santé avaient aussi donné au luxueux hôtel du Parc où résidaient des vedettes de la scène et des sommités du monde politique un renom plus que national. Quelle résurrection !
Le docteur Deberre et sa ravissante épouse  se félicitaient de vivre dans ce petit paradis, miraculeux dans une grosse bourgade qui n’excédait pas les sept mille habitants ! Le cabinet  du docteur ne désemplissait pas laissant la place des « culs  terreux », comme disait  le père de Coulange, à une riche clientèle  en majorité féminine. Tous les soirs, le docteur se délassait dans le salon privé du Casino où il jouait au bridge avec le notaire, le pharmacien et le directeur de la Poste. Il s’adonnait au golf, au tennis. De son côté Adèle,  qui avait fait couper ses cheveux suivant la toute nouvelle mode « à la garçonne »,  passait beaucoup de temps chez sa « couturière à façon » capable de réaliser les derniers modèles des magazines. L’audace vestimentaire de la jeune femme éblouissait quand elle promenait dans le Parc avec ses fourreaux étroits ceinturés sur les hanches d’un lien de satin.
 Il ne manquait rien au bonheur du jeune couple si ce n’est l’enfant espéré. Ce « si ce n’est » obscurcissait tout le reste. Dans leur désir pathologique de descendance les de Coulange s’impatientaient. Deberre, médecin était bien placé pour savoir que sa femme était normalement constituée, était ce de lui que venait le problème ? Adèle s’énervait que ses amies, dans son dos, raillent son échec dans le rôle reproducteur.
- Alors, petite madame, c’est pour quand un joli bébé ? Les mois passaient et si Deberre se moquait des sous- entendus offensants, son naturel chaleureux souffrait de ce manque d’enfant.
Un beau jour le jeune couple partit en voyage et revint d’on ne savait où, avec tout sourires, deux nourrissons jumeaux, un petit garçon et une petite fille.
La mode n’était pas aux interrogatoires  les questions que tout un  chacun se posait restaient informulées. On se contentait de se réjouir pour eux de ce bonheur évident, même si son origine restait mystérieuse et à féliciter Adèle poussant dans le Parc un double landau luxueux.
Où étaient-ils allés chercher ces petites merveilles que chacun voulait voir de près ? On apprit, le jour du somptueux double baptême, que le petit garçon s’appelait Sacha et la petite fille Aude. Dans ce sud gasconnant on n’avait jamais vu pareilles blondeurs et des yeux d’un azur si clair ! Au début quelques langues vipérines sifflaient : « comme ils ressemblent à leur maman », mais le temps passant cette remarque voulue méchante s’avérait une douce réalité. Le père, la mère et leurs enfants fusionnaient dans la même tendresse.




lundi 14 janvier 2019

Comptes de fées.


Chapitre I




Le docteur Pierre  Deberre était aimé de tous. Héros de la grande guerre, du côté de Verdun, il en était revenu miraculeusement indemne et bardé de médailles. Il avait gardé son physique athlétique de joueur de la toute récente équipe de  rugby crée juste avant le terrible conflit. Il avait choisi après la victoire de s’installer  à Salies une coquette bourgade du Béarn qui avait décidé, dans l’euphorie de l’après guerre,  de mettre en avant, les propriétés  de ses eaux thermales et qui accueillait à bras ouverts les médecins partisans de médecines douces.
Arrivé célibataire il ne l’était pas resté longtemps. Il s’était présenté aux autorités et notables du coin et avait fait très bonne impression. En particulier chez les de Coulange  de noble lignée et puissants propriétaires terriens. Au sein de cette famille la jeune et belle Adèle avait senti son cœur gracieux de vingt printemps être fort ému. Le père de Coulange pensa que pour son héritière aucun parti ne serait meilleur, il ne fit aucun  obstacle à les marier. En dot il offrit à Adèle  un petit château entouré de verdure. La mère d’Adèle regrettait seulement que sa fille doive troquer son élégant patronyme  contre un nouveau moins prestigieux jusqu'à ce que le notaire de la famille l’assure qu’il serait possible, contre espèces sonnantes et trébuchantes, de résoudre le problème. Elle se trouva rassérénée en imaginant que sa fille pourrait  s’appeler Adèle de Coulange de Berre. Les épousailles furent l’événement dont on parla longtemps jusqu’aux frontières du canton. Toute la population se réjouit excepté les quelques rouges qui refusèrent l’invitation et  critiquèrent  vertement dans leur bulletin local, distribué au marché et la sortie de la messe, cette coutume d’un autre âge.
Adèle sut aménager le Castillet de telle sorte qu’une aile soit agencée spécialement pour son médecin d’époux.  Une entrée indépendante donnait sur une salle  d’attente avec toilettes. Le cabinet de consultation était vaste et pourvu des dernières nouveautés de la médecine. A l’époque c’était une vraie bénédiction pour les patients dont beaucoup ne regrettaient pas d’être malades pour être soignés par le bon docteur dans sa blouse blanche immaculée et s’allonger sur cette  somptueuse couchette de cuir la seule de son espèce dans  tout le département. Les paysans ouvraient des yeux émerveillés sur les tableaux qui ornaient les murs immaculés, le bureau et la grande armoire du médecin dont l’instituteur avait expliqué qu’ils étaient « empire ». Un peu intimidés au début les pratiques si bien accueillies s’étaient senties très à l’aise d’autant que Deberre ne faisait payer que les riches. Il y avait même un bocal de berlingots pour les enfants…
- Pierre, reprochait souvent le père De Coulange, vous êtes trop généreux, on m’a même rapporté que vous soignez gratuitement, même la femme d’Arturo Gonzalès le communiste le plus virulent du pays, il faut vous faire respecter, sacrebleu ! Patiemment Deberre se justifiait arguant que dans sa profession, comme à la guerre, il n’y avait que des êtres souffrants.
- Que m’importe, père, leur couleur, leur religion, leurs idées politiques, ils sont tous égaux devant la maladie- - -
- Pierre, ce sont vos idées, si je les déplore, je les respecte mais surtout n’allez pas les divulguer et jeter le trouble dans notre société harmonieuse…

samedi 12 janvier 2019



J'ai traversé la rue et j'ai trouvé du bouleau....




Pauvre France

Un clodo arrive devant le palais de l’Élysée et gare son vélo.
Aussitôt un policier de service arrive et lui dit:
« Vous ne pouvez pas laisser votre vélo ici.
Vous êtes devant le palais présidentiel.
Ici passent, le président, les ministres, les députés, les sénateurs et de nombreuses personnalités »
Le clochard le toise de la tête aux pieds et répond:
« T’inquiète pas je vais mettre un cadenas !"