J’aime l’accordéon le dimanche matin à la radio parce que j’ai connu mon premier amant, le duc de Monte Cristie à la fête de l’huma où il était allé s’encanailler.
J’aime Prévert l’homme des inventaires; c’est un exercice de collectionneuse auquel je m’adonne dans mes moments de... méditation.
J’aime le gras du jambon, le meilleur des cosmétiques internes, souverain pour la douceur de la peau et l’éclat de la chevelure.
J’aime le chocolat noir le seul aphrodisiaque naturel qui magnifie tous les plaisirs.
J’aime la moutarde forte, il faut l’avoir savourée, sur les moustaches d’un galant.
J’aime faire rire car il n’y a pas mieux pour les préliminaires, j’ai mis au point un rire perlé, cristallin, qui excite très fort les messieurs.
J’aime le bisteak saignant, un fougueux descendant du Comte Dracula m’a initiée à la saveur de l’hémoglobine fraîche.
J’aime écouter la pluie sur mon toit, j’apprécie encore plus d’être à l’abri dans une confortable aisance.
J’aime lire aux cabinets, cela me permet de citer « mon cabinet de lecture » et d’entretenir une flatteuse confusion auprès des intellectuels que je reçois.
J’aime les hommes ronds et parfumés, ronds ce sont des nantis dociles, et parfumés parce que j’ai l’odorat si sensible qu’il est alors facile de feindre un orgasme.
J’aime Rembrandt la peinture hollandaise depuis que j’ai pris du poids il est rassurant de voir des courtisanes bien en chair.
J’aime les grands appartements je ne me laisse pas séduire à moins de 200 mètres carrés, exposition plein sud, quartier résidentiel.
J’aime les mules plutôt que les pantoufles, on n’a jamais vu une cocotte en charentaises, réservées aux légitimes, j’ai de ravissantes mules roses garnies de plumes dorées…
Je n’aime pas les travaux ménagers il y a des femmes étudiées pour, d’accortes soubrettes, fournies en général avec l’appartement par mes amis prévenants.
Je n’aime pas Bartok quand on me sort c’est en général dans des cafés chics à la mode.
Je n’aime pas inviter plus de six personnes c’est un bon chiffre pour le choix d’un changement de main : cinq messieurs et moi c’est parfait.
Je n’aime pas parler en public je suis, c’est évident une adepte du susurrer dans l’intimité.
Je n’aime pas le machisme j’ai toujours eu les hommes à mes pieds et je hais la bêtise des femmes soumises qui fabrique les machos.
Je n’aime pas que l’on compte sur moi je suis faite pour compter, plutôt deux fois qu’une, sur les autres et m’échapper à la première difficulté ; je ne suis pas maso.
Je n’aime pas le maquillage violent et les jupes courtes j’évite toute vulgarité, sous une légère robe de chambre en soie j’habille ma peau nue d’un nuage de poudre au jasmin.
Je n’aime pas les gosses mal élevés je n’aime aucun gosse, je n’aime câliner que les adultes …bien élevés…dans l’échelle sociale.
Je n’aime pas le gratin de pâtes le gratin c’est celui qui roule en Jaguar avec l’attaché case qui fait les bons payeurs.
Je n’aime pas le sport parce que je préfère Dior à Adidas.
Je n’aime pas les femmes trop belles c’est tellement dur la concurrence, plus le temps passe plus les autres sont jolies et l’attirance pour la jeunesse est, hélas, une mode qui dure.
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