mardi 30 mars 2021

Souffle

La tête contre le tronc du figuier, les pieds dans l'herbe.

Autour du tronc les lianes s’enchevêtrent, celle du blanc jasmin si odorant, celle du chèvrefeuille aux clochettes rose nacré, et celle de la bignonia avec ses trompettes de feu ....Tout ce petit monde que j'ai planté vit dans une parfaite harmonie. Bientôt le figuier mêlera ses larges feuilles au parfum subtil aux autres si tendrement colorés.Cette belle coupole, l'été, se déploie en fraiche tonnelle.

Il est encore trop tôt mais déjà derrière ma nuque je sens la sève monter et face à moi le jeu argenté des feuilles de l'olivier danse dans la brise printanière, mes yeux s'en repaissent et le même air me ranime. 

Je sais qu'il est là le bonheur.


lundi 29 mars 2021

vendredi 26 mars 2021

"C'est nouveau, ça vient de sortir"...

"On n'écrira plus Louis XIV mais Louis 14 parce que "les gens" ne savent pas lire les chiffres romains" !!!!

Se mettre au niveau des plus crétins d'entre nous c'est un Himalaya de mépris et une pédagogie de l'Age de pierre !

Bientôt on dira: les maths c'est trop difficile, fini leur enseignement. La littérature: ça sert à rien, effacée du programme.

Vers une civilisation  de singes pelés sans technologie ni communication écrite.

Il leur restera quelques grognements inarticulés.

Vive la rétro Évolution.

dimanche 21 mars 2021

Bientôt le Routard...

 Page 33 :

 Si vous prenez la route de Louviers vous trouverez, assis sur son tas de cailloux, le cantonnier qui vous indiquera la direction de MONTLUC sur la COMMODE.

 DATES CONSEILLÉES :

 Il vaut mieux éviter un séjour les années du Cochon quand Jupiter entre dans Vénus : La Commode en crue se met alors en Boule et un véritable tsunami dévaste les bas quartiers.De toute manière mieux vaut  loger dans la ville haute.A l’Auberge de la Jeunesse vous apprécierez l’accueil du directeur, un italien charmant, Mr Al Zheimer.

 UN PEU D HISTOIRE :

Le village a été habité depuis la plus haute Antiquité et a connu la fameuse bataille entre les Atrides et les Putrides, Saint Glinglin de retour des croisades procéda à la réunification des survivants autour de la bannière encore visible à la mairie, superbe, avec sur fond d’azur ses Lys de camp et Gueules de bois.

Les Montlucomois pacifiés trouvèrent un accord définitif sur la laïcité communale, le paiement de l’impôt en Suisse et l’inscription aux Bahamas des bateaux de la Commode.Les édiles se succédèrent sans problème, mis à part quelques assassinats préélectoraux et aujourd’hui vous pourrez rencontrer Mr le maire Ivanhoé qui vous marie sur le champ ou vous divorce illico.Cela peut être utile.

 LA POPULATION : Composée de 999 corps et âmes elle est mâtinée de Berbères et de Cerbères.Quoique colorés les indigènes ne sont donc pas très amènes.

Paléontologues, anthropologues, et autres sociologues se sont penchés à l’extrême limite de leur équilibre instable sur le phénomène présenté par les mâles autochtones .Chacun, toutes générations confondues a dans la main un énorme poil.Pas d’explications mais il est évident que le travail est ainsi douloureux voire impossible .Comprendre cette particularité et en vrai Routard s’abstenir de toute remarque.

 A VOIR.

 Admirez la cathédrale St Glinglin, d’un gothique si flamboyant qu’elle a souvent été incendiée au cours des siècles.Le superbe maître autel en marbre de curare empoisonne le bedeau tant son entretien est épineux .

De chaque côté du cœur les rosaces carrées, modestes, ne se prennent pas pour des vitraux, ce sont de simples fenêtres ramenées par les Croisés.

A midi Presquemodo le sonneur de cloches  carillonne à tout va, jouant son va tout alors que le père Colateur fait communier les fidèles.

St Glinglin est la seule cathédrale de France ou à midi on  change les hosties en chips.

N’oubliez pas en sortant de donner une pièce à Presquemodo qui fait la manche et le pied (de grue) sous le porche . A ce propos ne manquez pas d’observer le tympan, sourd mais minutieusement sculpté de personnages du petit peuple représentant la ronde des métiers y compris le plus vieux du monde dans tous ses états et positions.

 A FAIRE :

 En quittant l’église suivez l’Allée des platanes, poussez (pas trop fort) jusqu'à l’Écomusée qui retrace l’Histoire de la Confiture de Cerise à travers les âges . Ne pas s’attarder.

Derrière le boulodrome des Visitandines admirez le chêne de la Paix sous lequel le juge de même métal rend et rote la justice tous les jeudis matins.

Évitez aux enfants en bas âge l’histoire du Moyen-Âge relative au pilori qui orne le centre de la place, par contre faire une photo comique  est indispensable pour les personnes d’âge mûr et blet qui auront à cœur de s’y clouer symboliquement.

Enfin au bout de l’Allée vous trouverez la charmante fabrique qui fait vivre la population .Vous y verrez comment à partir de belles bûchettes en bois, dont on fait ailleurs les flûtes, les artistes locaux sculptent qui à la scie sauteuse, qui à la scie plongeuse .On y admire des scènes animalières ou érotiques ou les deux à la fois dont le socle porte « Souvenir de MONTLUC-sur-la-COMMODE ».

Vous en achèterez quelques unes par sens artistique et/ou politesse.Vos amis seront ravis de les recevoir à votre retour .Vous pouvez aussi les porter directement aux compagnons d’Emmaüs pour leur braderie annuelle.

 OU MANGER :

 Éviter « Chez Gégéne » où : « on mange comme chez soi "- C’est pire.

 OU MANGER MIEUX :

 Au menu du Restaurant de la Poste (oui, il y en a une !) les spécialités régionales :

-Pâté d’alouette, proportions : une alouette un cheval.

-Escalope de truite au bleu de Prusse

-Tripes à la mode rétro (sans prélavage).

-Far à iode du grand large.

 Vous arroserez ce festin d’un rosé-bleuté du Cru (mi-cuit).

 LES ADRESSES UTILES :

 Dans la mesure où les tripes à la mode rétro sont difficiles à digérer et la tourista endémique  notez que :

-1 Grand-rue le docteur Axel Kandiraton reçoit sur rendez-vous et à jeun tous les matins.

-3 Grand-rue la pharmacie la Pilule est ouverte jour et nuit.

Et, suivant vos besoins :

-22, Impasse des Cocotiers Mamadou Poulopot vous tirera d’embarras, ramènera les affections perdues. Ne pas oublier d’apporter la poule pour le sacrifice rituel.Un petit Bordeaux faciliterait l’extase chamanique…

-Place des Visitandines :La Banque «  Route  frères » . N’y déposez rien.

 FÊTES ET MANIFESTATIONS :

 Saint Gliglin , patron de la ville dont la devise est : « ça ira mieux demain », bénéficie toujours de l’adoration générale. Cependant les pauvres des bas quartiers ne le fêtent jamais alors que les nantis de la ville haute l’honorent tous les jours.

Vous serez ravi d’assister aux danses folkloriques particulièrement originales ,il s’agit d’une espèce de farandole en sabots et chapeaux plats , un ancêtre joue du piano à bretelles ,flanqué d’un fifre et d’un tambourin, le cul de jatte tape dans les mains et le chœur des vierges fait lalalala…..lalalala . INOUBLIABLE.


Vous quitterez à regret cette charmante localité en empruntant la Nationale 22 pour vite la rendre à la prochaine croisée des chemins.

 

samedi 13 mars 2021

jeudi 11 mars 2021

Cauchemar sociétal.

 

Dimanche d’invitation dans un grand, non par les étoiles mais par la superficie, restaurant asiatique.
A chaque table de deux ou quatre ; des convives (il faudrait  en l’occurrence une analyse de ce beau mot) branchés ou débranchés, délaissant  leurs nems et autre porcs caramel pour  tapoter continuellement sur leur portable. Les baguettes ripant sur les champignons noirs gluants jusqu’à la sortie de route, les crevettes débarrassées de leur coque de beignet avec les doigts, coulis coulant,  n’attirent pas l’attention des voisins au regard absent ! Un jeune couple sympathique qui n’a pas échangé un seul mot en direct mais beaucoup d’autres par écrit, lesquels ? Avec qui ?
Arrêt sur image de ce rassemblement de dîneurs  silencieux, insensibles au cadre, loin des gens en chair et en os ainsi que du contenu de leur assiette, accrochés à  leur bakélite…
Ce soir la tivi diffuse, entre autre inepties,  une Barnabysérie. On y voit  l’habituel village paisiblement fleuri, So british, servant  chaque semaine de cadre innocent aux plus atroces des crimes. Là, il s’agit de l’expédition punitive abominable de culs terreux  affublés de bois de cerf, carburant à l’alcool à 90.Images grotesques captées involontairement avant de « dérazapper ».
Au mitan d’un sommeil du juste, surgit le rêve né du choc de ces deux séries d’images dans mon cerveau primaire particulièrement reptilien. On y voit une foule de passants de tous âges de tous sexes et couleurs, leur visage  au dessus d’yeux inexpressifs est prolongé, pour certains par une énorme ramure de cerf, pour d’autres par une antenne vivante, en râteau ou parabolique. Ces gens se croisent dans la rue en mode zombie.
Cœur serré par l’urgence du message à délivrer, indéfini, mais vital pour tous, je tente désespérément d’attirer leur regard tourné vers l’intérieur et de pénétrer le bouclier « indifférentique » qui les entoure. En vain.
Ils communiquent.

 

lundi 8 mars 2021

jeudi 4 mars 2021

La vidéo du gars qui fait danser le monde a fait surgir des souvenirs....

 

J’aime la danse sous toutes ses formes et si je regrette de ne pouvoir pratiquer les extrêmes : la danse classique et le hip hop…. Je me débrouille assez bien dans l’intervalle. A deux, je luis dois mes premiers émois de valse romantique et le délicieux trouble de tangos passionnés. Je n’ai jamais manqué, seule, au cours de mes chemins gitanes de me joindre aux danses qui marquent dans le monde un rituel ou une liesse populaires. De la jota aragonaise, aux piétinements africains en passant par le sirtaki grec…Partout la meilleure et plus simple manière de participer et de se faire accepter.

C’était au cours d’un voyage sur l’Amazone, partis de Manaus nous allions sur ce fleuve impressionnant de village en village, petits regroupements au bord de l’eau avec leurs cases modestes et leurs groupes  bruyants d’enfants nus et dorés proposant un singe agressif ou un perroquet dédaigneux. Après quelques jours dans ce climat tropical humide la fatigue commençait à se faire sentir surtout que les nuits sur le bateau n’étaient guère reposantes. Somptueuses certes, avec des ciels étoilés soudains envahis de titanesques nuées orageuses d’un noir violet, l’énorme mouvement des masses d’eau sombre sous la coque et, venant de la terre, le jacassement des milliers d’animaux  de la forêt, mais… Mais nous dormions sur le pont dans des hamacs, alignés comme de monstrueuses larves. Avec, en guise de couverture, une grande  feuille de plastique qui s’alourdissait au fur et à mesure des réguliers abats de pluie. Le vent soufflant en rafales il était courant que le hamac d’un des passagers se décroche, on entendait alors un grand boum éclaboussé et cri du malheureux qui s’affalait sur le pont au milieu des rires des autres plus chanceux.

 Nous étions sur le chemin du retour et devions achever le périple dans un village plus important où nous attendait le « banquet «  final. Des tables étaient dressées dans un vaste hangar de tôle, au fond des musiciens accroupis avec des instruments indéfinissables. On voyait dans la cuisine attenante s’affairer des femmes en chemise de coton brut. Des touristes venus d’ailleurs s’installaient avec nous. On nous servit du poisson évidemment, avec en cadeau ses monstrueuses écailles rugueuses si solides que les indigènes s’en servent comme limes. A la fin du repas entrait un groupe de jeunes gens des deux sexes richement habillés se mettant à danser avec les musiciens subitement réveillés. Rythme joyeux mais visages frais mais inexpressifs de ceux appelés par les anciens à perpétrer sans enthousiasme ces coutumes qui attirent le chaland et qui n’y voient que le côté commercial. Autour de moi l’assistance un peu blasée photographiait, distribuait quelques sous… J’étais un peu attristée, puis, m’approchant de la cuisine j’ai vu les femmes se débarrasser de leurs ustensiles d'un seul mouvement joyeux et se mettre aussi à danser. Je suis allée les rejoindre aussitôt et j'ai suivi le rythme de leur ronde. Je n’oublierai jamais, m’intégrant immédiatement, les regards brillants de ces femmes âgées,  usées en majorité  et qui jouissaient pleinement de ce moment de plaisir. Elles me souriaient, me donnaient la main et nous étions là dans cette musique viscérale unies simplement en tant que tant que femmes. Ce rythme sauvage et sans âge effaçait toutes les différences  malgré les différences visibles. Il réveillait au fond de nous le même vécu d’épouses, de mères assorti des mêmes joies et  des mêmes peines…

En nage, échevelées, rieuses nous sautions, gesticulions en parfaite harmonie.
Quand la musique s’est tue nous nous sommes spontanément embrassées. Il y avait des larmes aussi.

mardi 2 mars 2021