Rose la bêcheuse.
D’une beauté à couper le souffle elle faisait l’admiration de tous. Ces délicats pétales dits « champagne » enivraient autant par leur parfum que par leur tendre couleur d’un crème rosé.
Le grand catalpa en était raide dingue quand le soleil était trop vif il lui faisait une ombrelle de sa large feuille, au contraire en cas de pluie, transformée en coupelle, elle permettait d’offrir à la belle un goutte à goutte doux et rafraichissant.
Dans les basses branches les oiseaux gazouillaient à Rose des poèmes passionnés.
Rose heureuse aiguisait ses épines, se haussait de la tige en toisant le pauvre monde alentour.
Ce matin baisant un peu la tâte elle aperçut à son pied une toute petite plante à minuscule feuilles parfaitement circulaires d’un vert vif. Un escargot qui allait faires ses courses chantait : »Capucine, capucine »….
Le temps qu’il revienne, la coquille lourde, la petite plante portait déjà des fleurs rondes ,tout ouvertes, d’un joyeux orange. Rose qui s’en voulait de ne pas avoir vu venir le danger d’une concurrence remua ses racines pour chasser l’intruse…
Le lendemain, Rose fatiguée s’indigna de voir les pampres de la ravissante capucine embrasser le tronc du catalpa et encore plus de l’air ravi du grand arbre qu’elle croyait à son unique dévotion… Elle exhala un parfum de jalousie auquel l’arbre répondit :
-« Capucine est si douce, si modeste et vois comme elle sait bien m’aimer »…
Désespérée Rose laissa tomber un à un ses pétales dans un dernier soupir.