jeudi 26 décembre 2019

vendredi 20 décembre 2019

jeudi 19 décembre 2019

lundi 16 décembre 2019

La danse.

C’était au cours d’un voyage sur l’Amazone, finalisant une mission au Brésil. Partis de Manaus nous allions sur ce fleuve impressionnant  cabotant de village en village. Identiques, modestes regroupements de cases au bord de l’eau avec  leurs troupes  bruyantes d’enfants nus et dorés proposant qui un singe agressif qui un perroquet dédaigneux. Après quelques jours dans ce climat tropical humide la fatigue commençait à se faire sentir surtout que les nuits sur le bateau à l'ancre n’étaient guère reposantes. Somptueuses certes, avec des ciels étoilés soudains envahis de titanesques nuées orageuses d’un noir violet, l’énorme mouvement des masses d’eau sombre sous la coque et, venant de la terre, le jacassement des milliers d’animaux  de la forêt, mais… Mais nous dormions sur le pont dans des hamacs, alignés comme de monstrueuses larves. Avec, en guise de couverture, une grande  feuille de plastique qui s’alourdissait au fur et à mesure des réguliers abats de pluie. Le vent soufflant en rafales il était courant que le hamac d’un des passagers se décroche, on entendait alors un grand boum éclaboussé et le cri du malheureux qui s’affalait sur le pont au milieu des rires des autres larves plus chanceuses.
 Nous étions sur le chemin du retour et devions achever le périple dans un village plus important où nous attendait le « banquet «  final. Des tables étaient dressées dans un vaste hangar de tôle,  tassés au fond des musiciens accroupis avec des instruments indéfinissables... On voyait dans la cuisine attenante s’affairer des femmes en chemise longue de coton brut. Des touristes venus d’ailleurs s’installaient avec nous. On nous servit du poisson évidemment, avec en cadeau ses monstrueuses écailles rugueuses si solides que les indigènes s’en servent de limes. A la fin du repas entrait un groupe de jeunes gens des deux sexes affublées de vêtements exotiques trop neufs. Ils  se mettaient à danser avec les musiciens subitement réveillés. Rythme joyeux mais visages frais inexpressifs de ceux appelés par les anciens à perpétrer sans enthousiasme ces coutumes qui attirent le chaland et qui n’y voient que le côté commercial. Autour de moi l’assistance un peu blasée photographiait, distribuait quelques sous… J’étais un peu attristée ...puis par l’ouverture sur la cuisine j’ai vu les femmes abandonner leurs bassines à vaisselle et se mettre en mouvement ! Je suis allée les rejoindre spontanément, elles m’ont attirée dans leur ronde. Je n’oublierai jamais comment je m’y suis immédiatement intégrée, les regards brillant de  la joie de l'accueil manifesté par ces femmes âgées en majorité  et qui jouissaient pleinement de ce moment de plaisir partagé. Elles me souriaient, me donnaient amicalement la main et nous étions là dans cette musique viscérale dansant dans le même rythme, simplement en tant que  femmes . Malgré toutes nos différences, unies dans le mouvement de nos corps  porteurs des traces d’un même vécu d’épouses, de mères assorti des mêmes joies et des mêmes peines…
En nage, échevelées, rieuses nous sautions en parfaite harmonie.
Quand la musique s’est tue nous nous sommes spontanément embrassées.
Il y avait des larmes aussi.


vendredi 13 décembre 2019

jeudi 12 décembre 2019

Réforme...

Paradoxalement, c’est cette absence de contours précis de la réforme qui a nourri le « typhon ». En politique comme ailleurs, « tout paraît dans l’ombre, hostile et gigantesque », disait déjà Benjamin Constant il y a deux siècles. Et dans ce flou, le loup a surgi : le soupçon que la réforme serait l’ultime coup de boutoir contre le système de solidarité mis en place au sortir de la guerre.
Dans un passionnant échange, Edgar Morin et Régis Debray abordent le sujet. Le premier inscrit ces manifestations dans la séquence protestataire que vit actuellement la planète : en France comme ailleurs, le rejet du néolibéralisme autoritaire serait en cause. Le second y voit une « émeute des sans-espoir » : « Le point de retraite a joué en point d’accroche pour une colère plus profonde ", juge-t-il. Une colère qui viserait la « gouvernance par les nombres » menée par ceux qui sont au chaud.

mercredi 11 décembre 2019

Cette nuit...

...le silencieux dont nos personnes sont équipées était tombé en panne. Je ne vous souhaite pas de connaitre pareille aventure tant le chahut général est impressionnant !
Les poumons sifflent comme des locomotives à vapeur, le cœur bat le tempo sur la batterie. Le grondement des  entrailles est plus puissant que celui de l'Etna en éruption, le sang cascade en cataractes sonores. Et par dessus tout le cliquètement fou des neurones...
Je me suis réveillée.Tout était redevenu normal.
Ah! le  calme rassurant de la vie maîtrisée .

dimanche 8 décembre 2019

Trois exemples de femmes qui se vengent ….


"VENGEANCE NUMERO 1
Aujourd'hui ma fille va avoir 18 ans ... et je suis très content, parce que c'est le dernier paiement de la pension alimentaire que je vais donner à sa mère, mon ex-femme.
J'ai donc appelé ma fille pour qu'elle vienne chez moi et à son arrivée je lui ai dit :
Ma chère fille, je veux que tu apportes ce chèque à ta mère et que tu lui dises que c'est le dernier putain de chèque qu'elle va recevoir de moi, dans tout ce qui lui reste à vivre de sa putain de vie !
Je veux aussi que tu me dises l'expression qu'elle aura sur son visage lorsque tu le lui diras.
Ma fille s'en alla donc porter le chèque.
Moi j'étais anxieux de savoir ce que la sorcière avait pu répondre et la tête qu'elle avait faite.
Lorsque ma fille est revenue, je lui ai immédiatement demandé :
- Alors que t'a dit ta mère ?
- Elle m'a dit que justement elle attendait ce jour-là pour te dire que tu n'es pas mon père".
VENGEANCE NUMERO 2
Un homme accompagne sa femme qui part en voyage en Suède à l'aéroport.
Dans la salle d'attente, devant tout le monde, il lui souhaite un bon voyage et, sur un ton ironique, il lui crie :
-"Ma chérie, n'oublie pas de me rapporter une jolie Suédoise ... Ha Ha Ha !"
Sa femme baisse la tête et embarque très énervée. Elle passe 15 jours en Suède.
A son retour, le mari va accueillir sa femme à l'aéroport.
La voyant arriver, la première chose qu'il lui crie à voix forte :
- "Ma chérie, tu m'as ramené ma petite Suédoise ?
- "J'ai fait tout mon possible" répond-t-elle, maintenant il ne nous reste plus qu'à prier pour que ce soit une fille qui naisse".
VENGEANCE NUMERO 3
Le mari, sur son lit de mort, appelle sa femme.
D'une voix rauque et faible, il lui dit :
- "Mon heure est arrivée, mais avant, je veux te faire une confession.
- "Non, non, reste tranquille, tu ne dois faire aucun effort".
- "Mais enfin, je dois le faire", insiste le mari. "Il est bon de mourir en paix.
Je veux te confesser quelque chose".
- "C'est bon, c'est bon, je t'écoute" lui répond sa femme.
- "J'ai eu des relations avec ta soeur, ta mère et ta meilleure amie" confesse le mari.
- "Je sais, je sais ! C'est pour ça que je t'ai empoisonné", déclare sa femme."

jeudi 5 décembre 2019

lundi 2 décembre 2019

Adoption


Saint Marc du Catalois est un petit village qui vit de ses coutumes et habitudes à peine changées depuis des lustres. Chacun y trouve son compte et ceux peu gâtés par la vie une raison suffisante de continuer leur existence.
A la terrasse du Café du Commerce, après la messe, se retrouvent sous les parasols dans un joyeux brouhaha familles et amis. 
Là, à l’heure de l’apéritif on oublie les petits et grands soucis du quotidien dans une ambiance qui ressemble à de la fraternité. Le muscadet y est pour beaucoup. Souvent d’une table à l’autre on commente avec plus ou moins  d’enthousiasme et de bonne foi les événements marquants du village.
Aujourd’hui une  vaste tablée attire tous les regards.
On savait que Jeanne et Charles  Montguillon avaient adopté une petite fille mais à part les proches personne ne l’avait encore vue avant ce jour de  baptême avec toute la famille réunie.
On s'interrogeait sur "le pourquoi de la chose", certains s’étaient demandé d’où provenait la stérilité de ce couple si désireux de fonder une famille de cette Jeanne si maigre ou de Charles peut être impuissant ? Les gens sont bêtes.
Les Montguillon avaient déserté le village quelques temps et le bruit avait couru compatissant ou narquois « qu’ils étaient allés adopter » comme on dit qu’ils étaient allés à la pêche ou au super marché.
Passant de bras en bras autour des guéridons rassemblés une petite fille  de trois ou quatre ans ouvre sur ce monde bruyant inconnu de grands yeux liquides.
Elle est noire, d’un noir d’ébène qui s’oppose avec violence au tourbillon  chantilly de dentelle blanche et aux souliers vernis immaculés dont la petite essaye  de se débarrasser à coups de talons rageurs.
Passé un certain ahurissement :
- Qu'elle est mignonne, et comment s’appelle-t-elle ?
- Rose.
- Comme votre pauvre maman, que c’est joli et quelle charmante attention. Un sourire narquois sur certains visages, elle va s’amuser à l’école avec un prénom pareil.
Les Montguillon tout attendris devant leur petite merveille qui porte un prénom  enfin compréhensible et fait partie  maintenant du troupeau du Seigneur, la couvrent de baisers .
La petite essuie chaque fois ses joues de la paume rose de ses mains graciles.
Les Montguillon racontent avec force détails « le parcours du combattant de l’adoption », le futur bonheur de leur famille, l’avenir  radieux qu’ils ont prévu pour l’enfant et sont félicités de leur générosité comme s’ils avaient sauvé la moitié de l’Afrique.
Les apéritifs circulent et le curé venu se joindre à ses ouailles n’est pas le dernier à trinquer  à l'entrée de cette âme dans le troupeau du Seigneur, de cette âme que certains des villageois ne sont pas loin de croire différente de la leur.
Un mois de juin à Saint Marc c’est bien frais par rapport à Treichville, la petite tremble affolée de surcroît par cette agitation dont elle est le centre, ce langage en mots gutturaux qu’elle ne comprend pas et cette affreuse odeur de blancs qui assaillent ses narines délicates. Ces gens bruyants ont l’air gentil surtout son "papa"» et sa "maman" blancs, mais si différents de Awa qui la tenait bien serrée contre ses reins dans un vaste tissu et la faisait participer, corps à corps à tous les actes de la vie. Elle savait beaucoup de l’existence par ce tendre apprentissage et l'enseignement par l’exemple. Ici il faudrait tout réapprendre et oublier le doux et odorant contact de Awa.

A cette pensée les larmes coulent sans bruit sur le petit visage crispé. Les adultes continuent leur discussion animée.
Une petite fille, aux belles joues rondes a perçu cette détresse, elle s’avance vers la petite, lui prend la main , sans un mot, avec un sourire.
Allons, tout est possible.