jeudi 22 août 2019

Cauchemar sociétal.


Invitée dimanche soir dernier dans un grand, non par les étoiles mais par la superficie, restaurant asiatique.
A chaque table de deux ou quatre  des convives (il faudrait  en l’occurrence une analyse de ce beau mot) branchés ou débranchés, délaissant  leurs nems et autre porcs caramel pour  tapoter continuellement sur leur tablette. Les baguettes ripant sur les champignons noirs gluants jusqu’à la sortie de route, les crevettes débarrassées de leur coque de beignet avec les doigts de la main gauche, coulis coulant,  n’attirent même pas l’attention des voisins au regard absent ! 
Un jeune couple sympathique n’a pas échangé un seul mot en direct mais beaucoup d’autres par écrit. lesquels ? Avec qui ?
Arrêt sur image de ce rassemblement de dîneurs  silencieux, insensibles au cadre, loin des gens en chair et en os ainsi que du contenu de leur assiette, accrochés à  leur écran.…
Rentrée chez moi j’allume la télé qui diffuse, entre autre inepties, un épisode de la Barnabysérie. On y voit  l’habituel village paisiblement fleuri, so British, servant  chaque semaine de cadre innocent aux plus atroces des crimes. Là, il s’agit de l’expédition punitive d'abominables culs terreux  affublés de bois de cerf, carburant à l’alcool à 90. Images  captées involontairement avant de  zapper .
Puis au mitan d’un sommeil du juste, surgit le rêve né du choc de ces deux séries d’images dans mon cerveau primaire particulièrement reptilien. On y voit une foule de passants de tous âges de tous sexes et couleurs,brandissant un téléphone. Leur visage  aux yeux vides est prolongé, pour certains par une énorme ramure de cerf, pour d’autres par une antenne vivante, en râteau ou parabolique. Ces gens se croisent dans la rue en mode zombie.
Cœur serré par l’urgence du message à délivrer, indéfini, mais vital pour tous, je tente désespérément d’attirer leur regard tourné vers l’intérieur et de pénétrer leur bouclier d'indifférence.

En vain.
Ils communiquent.

4 commentaires:

  1. c'est usant n'est-il pas? Chanceuse que tu es dans le métro c'est pire, ça pourrait dérailler que personne ne s'en rendrait compte.
    Bzzz...

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  2. Ce n'est pas un cauchemar, mais simplement la triste réalité
    Amicalement
    Claude

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  3. Toutes les technologies ont leur mauvais côté et il faut apprendre à s'en servir. Mais je ne peux pas me résoudre à préférer le passé. Je ne crois pas au "c'était mieux avant!"
    Bonne journée Manouche.

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  4. Oui à l'évolution technologique….Encore faut-il savoir l'utiliser à bon escient !! Le portable peut être un véritable fléau !! Perso je ne le supporte pas à table !

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