« En 2016, une loi interdisant les
couverts en plastique est passée. L’idée de Koovee m’est venue de là. J’ai
commencé par me renseigner sur la maturité du marché : je suis allée voir des
grands groupes en leur présentant mon concept. Une idée, même bonne, ne marchera
pas si le marché n’est pas prêt. Par exemple, il y a 10 ans, les couverts et
sacs en plastique étaient un non-sujet. Voir que l’antiplastique devenait une
des priorités des entreprises m’a confortée dans l’idée qu’il y avait une
affaire à lancer.
J’ai consacré l’année 2018 à la R&D
[Recherche et développement, NDLR]. Un budget de la Banque publique
d’investissement (Bpifrance) m’a permis de faire travailler deux ingénieurs
agronomes sur le produit. Cette étape était nécessaire car, pour faire des
couverts comestibles, il faut qu’ils soient résistants : ils doivent tenir dans
l’eau chaude, ne pas casser au transport… Si le couvert n’est pas solide, le
projet n’a aucun intérêt car les clients ont besoin que leur fourchette et leur
cuillère résistent tout au long du repas.
Le problème est que cette exigence est
quasi inexistante dans le domaine de l’agroalimentaire. Quand on fait un
biscuit, on attend juste qu’il soit bon et ne casse pas au transport, pas de
pouvoir manger avec. Ça a été un vrai challenge technique : les ingénieurs
agronomes m’ont aidée à élaborer la formulation, la composition et le procédé de
fabrication, mais ils ne pouvaient rien faire quant à la résistance mécanique
des couverts. Il a donc fallu que je trouve des compétences par moi-même,
ailleurs que dans l’agroalimentaire, ce qui m’a pris beaucoup de temps et a été
très compliqué. J’ai aussi dû trouver des fabricants de machines : mon projet
étant industriel, je ne peux pas résoudre mes problèmes avec une imprimante 3D
et des pièces en plastique. Il faut qu’elles soient robustes, avec un niveau de
complexité supérieur.
Après une année de R&D, au cours de
laquelle un grand nombre de prototypes a été conçu, j’ai enfin trouvé la bonne
formule. En février 2019, nous avons procédé au lancement avec trois clients
pilotes : un grand groupe du secteur ferroviaire, API Restauration et Chefing.
Cette période de test étant concluante, nous avons ouvert à tout le monde en
avril. Depuis, nous doublons le chiffre d’affaires chaque mois. »
Start-up : derrière le rêve, la dure réalité
« L’objectif d’une start-up est qu’elle
n’en soit plus une. Si ça marche, l’entreprise devient une PME : là, on a un
salaire, des horaires, des salariés... Mais les créateurs de start-up ayant
réussi ont tous, au départ, passé plusieurs années dans leur cave à ne pas
gagner d’argent. Pour moi, une start-up est une entreprise qui n’a pas encore
trouvé son marché et qui propose un produit nouveau : on ne sait donc pas
comment il va être reçu. C’est le cas avec les couverts comestibles : comme le
concept est inédit, les clients ont beaucoup de questions. Il faut donc faire
tout un travail d’évangélisation expliquant pourquoi c’est la meilleure
solution, comment ça fonctionne, pourquoi c’est solide… Mon métier est
d’expliquer tout ça. Plus que d’être commercial, ça implique d’avoir une vision
et d’être très persuasif.
En ce qui concerne Koovee, il est
important de souligner que l’année de R&D a été une période très longue,
décourageante et surtout solitaire. On présente souvent l’entrepreneuriat comme
quelque chose de sexy : moi, pendant un an, je n’avais pas d’argent, je ne
savais pas si ça allait marcher et j’étais toute seule. Je ne parlais qu’avec
des industriels qui négociaient les prix au maximum et ne faisaient pas
forcément un travail de qualité. Aujourd’hui, le projet a l’air sympa et amusant
– il l’est – mais la période de R&D n’a été ni sympa ni amusante.
Être une femme jeune et entrepreneure
n’est pas non plus un avantage dans un projet aussi technique. Par le passé, le
fait que je n’y connaisse rien et que je sois une femme a probablement encouragé
mes prestataires à se montrer moins sérieux. De la même façon, on me demande
souvent mon âge en rendez-vous commercial. C’est surprenant quand on est en
pleine négociation et qu’on vient présenter son produit de devoir aborder ces
sujets-là. Mes interlocuteurs ne se rendent probablement pas compte de ce que
cette question reflète. On rigole aussi plus facilement d’une femme qui a
beaucoup d’ambition et qui veut monter une grosse boîte. Mais ça ne m’empêche
pas d’avancer. »
Écologie et gros appétit
« J’ai à cœur de dédier ma vie
professionnelle à l’écologie. Cela se reflète dans mon quotidien : je suis
végétarienne, je ne me déplace qu’à vélo, j’évite l’avion, j’achète en vrac…
Pour moi, créer une entreprise écologiste avec un business model pérenne était
un moyen d’exercer une forte influence rapidement. Je pense que c’est un bon
compromis jusqu’à ce qu’on arrive à la conclusion qu’il faut stopper la
croissance et sortir de la course au profit. Koovee a l’avantage d’être une
alternative écologique joyeuse. Je pense qu’il faut être dans la joie pour faire
face au changement climatique, et ne pas voir les solutions alternatives comme
des contraintes. L’objectif est de montrer que l’écologie est une opportunité.
Ce n’est pas possible pour tout, mais pour les couverts, ça l’est.
Les alternatives aux couverts en
plastique étiquetées « écologiques » le sont en réalité beaucoup moins que mes
couverts comestibles. Par exemple, les couverts en bois, moins chers que ceux de
Koovee, sont faits de bois récolté à l’autre bout du monde sans aucune
traçabilité des matériaux. Les couverts sont importés par bateau, fabriqués dans
des conditions de travail compliquées et incomparables avec ce que nous avons en
France, et contribuent à la déforestation. Le bioplastique ne fait pas mieux :
il est biodégradable, certes, mais dans un compost industriel à 65°C. Personne
n’a ça chez soi et il n’existe pas de filière de recyclage du bioplastique en
France. Les couverts Koovee sont faits en France, par des professionnels de
l’alimentaire, et ils se mangent. Effectivement, ils sont plus chers, mais la
qualité à un prix.
Il est vrai que la solution la plus
écologique réside dans les couverts lavables. Mais on n’a pas toujours des
couverts sur soi ou il est parfois délicat de les sortir. Sans oublier que la
majorité des gens ne sont pas prêts à avoir des couverts dans leur sac, à les
emmener partout et à les laver eux-mêmes.
Un an et demi après sa création, ça y
est, Koovee sort la tête de l’eau : le marché est trouvé et le produit plaît.
Les capacités de production augmentent sans cesse : aujourd’hui, on produit
7 000 couverts par jour. Mais c’est tout nouveau, donc encore fragile ! La suite
directe est le lancement de gammes sucrées et salées, la création d’un couteau
et le développement de différentes tailles. Nous allons aussi entreprendre une
levée de fonds et agrandir l’équipe en recrutant un directeur
d’opérations.
À terme, la vision de la boîte est un
projet écologiste, il s’agit de stopper le plastique. Notre objectif est grand :
on veut remplacer les couverts en plastique en France et en Europe. Nous voulons
nous attaquer aux fast-foods, pas seulement aux petits restaurants bio du coin.
D’ici cinq ans, on veut 14 % du marché européen des couverts à usage unique. Ça
représente des milliards de couverts. C’est énorme, mais nous avons de
l’ambition ! »
À propos de Koovee
Les cuillères et les fourchettes de
Koovee ont l’aspect des couverts en bois et le goût des gressins. Fabriqués en
France à base de farine de blé, d’huile de colza et de sel, ces « biscuits » ont
la particularité d’être suffisamment résistants pour que l’on puisse manger
avec. À titre d’exemple, ils peuvent tenir six minutes dans l’eau chaude avant
de se désagréger. Même s’il peut paraître contre-intuitif de croquer dans sa
fourchette en fin de repas, le pas est vite franchi : « 85 % des utilisateurs
finissent par dévorer leur couvert », nous assure la fondatrice de
Koovee.
Par Justine Le
Rousseau - Cet
article a été initialement publié dans Émile, le
magazine des alumni de Sciences Po, n°17
Très révolutionnaire, sans doute, mais je ne me vois pas encore mangeant des fourchettes...
RépondreSupprimerBizz, ma gitane.
J'aime ce genre d'engagement. Il faut être courageuse !!
RépondreSupprimerc'est bon pour les fakirs.
RépondreSupprimerBzzz...
Hi Selina
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Kumusta Selina
ako si Montoya Jazhel mula sa pilipinas, ako ay nasa malaking problema sa aking buhay sa pag-aasawa kaya nabasa ko ang iyong patotoo sa kung paano tulungan si Dr Ikhide na maibalik ang iyong asawa at sinabi kong susubukan ko ito at makipag-ugnay sa Dr Ikhide upang matulungan ako at nangako siyang tulungan ako na malulutas ang aking problema. ngayon masaya ako sa aking buhay dahil ang lahat ng aking mga problema ay tapos na. Salamat sa mahusay na Dr Ikhide para sa tulong at Salamat sa iyo Selina.
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AKO KAYA NAKAKITA …… tandaan dito ay ang kanyang email: - dr.ikhide@gmail.com or whatsapp :- +2349058825081