vendredi 11 décembre 2020
QI, mon beau QI !!!
"L'effet de Flynn, du nom de son concepteur, a prévalu jusque dans les
années 1960. Son principe est que le Quotient Intellectuel (QI) moyen
ne cesse d’augmenter dans la population. Or depuis les années 1980,
les chercheurs en sciences cognitives semblent partager le constat d’une
inversion de l’effet Flynn, et d’une baisse du QI moyen.
La thèse est encore discutée et de nombreuses études sont en cours
depuis près de quarante ans sans parvenir à apaiser le débat. Il semble
bien que le niveau d’intelligence mesuré par les tests de QI diminue
dans les pays les plus développés, et qu’une multitude de facteurs
puissent en être la cause.
A cette baisse, même contestée, du niveau moyen d’intelligence
s’ajoute l’appauvrissement du langage. Les études sont nombreuses
qui démontrent le rétrécissement du champ lexical et un
appauvrissement de la langue. Il ne s’agit pas seulement de la
diminution du vocabulaire utilisé, mais aussi des subtilités de la
langue qui permettent d’élaborer et de formuler une pensée complexe.
La disparition progressive des temps (subjonctif, passé simple, imparfait,
formes composées du futur, participe passé…) donne lieu à une pensée
au présent, limitée à l’instant, incapable de projections dans le temps.
La généralisation du tutoiement, la disparition des majuscules et de
la ponctuation sont autant de coups mortels portés à la subtilité de
l’expression. Supprimer le mot «mademoiselle» est non seulement
renoncer à l’esthétique d’un mot, mais également promouvoir l’idée
qu’entre une petite fille et une femme il n’y a rien.
Moins de mots et moins de verbes conjugués c’est moins de capacités
à exprimer les émotions et moins de possibilité d’élaborer une pensée.
Des études ont montré qu’une partie de la violence dans la sphère
publique et privée provient directement de l’incapacité à mettre des
mots sur les émotions.
Sans mots pour construire un raisonnement, la pensée complexe chère
à Edgar Morin est entravée, rendue impossible. Plus le langage est
pauvre, moins la pensée existe.
L’histoire est riche d’exemples et les écrits sont nombreux de Georges
Orwell dans 1984 à Ray Bradbury dans Fahrenheit 451 qui ont relaté
comment les dictatures de toutes obédiences entravaient la pensée en
réduisant et tordant le nombre et le sens des mots. Il n’y a pas de
pensée critique sans pensée. Et il n’y a pas de pensée sans mots.
Comment construire une pensée hypothético-déductive sans maîtrise
du conditionnel ? Comment envisager l’avenir sans conjugaison au
futur ? Comment appréhender une temporalité, une succession
d’éléments dans le temps, qu’ils soient passés ou à venir, ainsi que l
eur durée relative, sans une langue qui fait la différence entre ce qui
aurait pu être, ce qui a été, ce qui est, ce qui pourrait advenir, et
ce qui sera après que ce qui pourrait advenir soit advenu ? Si un cri
de ralliement devait se faire entendre aujourd’hui, ce serait celui,
adressé aux parents et aux enseignants : faites parler, lire et écrire
vos enfants, vos élèves, vos étudiants.
Enseignez et pratiquez la langue dans ses formes les plus variées,
même si elle semble compliquée, surtout si elle est compliquée.
Parce que dans cet effort se trouve la liberté. Ceux qui expliquent
à longueur de temps qu’il faut simplifier l’orthographe, purger la
langue de ses «défauts», abolir les genres, les temps, les nuances,
tout ce qui crée de la complexité sont les fossoyeurs de l’esprit
humain. Il n’est pas de liberté sans exigences. Il n’est pas de
beauté sans la pensée de la beauté."
Christophe Clavé.
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L'effet Flynn est l'augmentation continue d'année en année des scores de QI, un effet observé dans la plupart des régions du monde. En fin de compte, ce sont toutes des études.
RépondreSupprimerUna abraçada manouche.
L'ère de l'informatique n'aide guère à cette communication verbale si nécessaire. Les SMS et les écrans sont des interlocuteurs virtuels qui ne sont pas là pour enrichir notre vovabulaire§
RépondreSupprimerBientôt on parlera comme les anciennes tribus, à travers la fumée car les mots s'evaporent et s'éclipsent.
RépondreSupprimerBizz conjuguées, ma gitane.