vendredi 12 août 2016

Raymond Devos



Actuellement,
mon immeuble est sens dessus dessous.
Tous les locataires en dessous
 voudraient habiter au-dessus !
Tout cela parce que le locataire
qui est au-dessus
est allé raconter par en dessous
que l'air que l'on respirait au-dessus
était meilleur que celui que l'on respirait à l'étage
en dessous !
Alors, le locataire qui est en dessous
a tendance à envier celui qui est au-dessus
 et à mépriser celui qui est en dessous.
Moi, je suis au-dessus de ça !
Si je méprise celui qui est en dessous,
c'est parce qu'il convoite l'appartement
qui est au-dessus, le mien !
 Remarquez... moi, je lui céderais bien
mon appartement à celui du dessous,
  à condition d'obtenir celui du dessus !
  Mais je ne compte pas trop dessus.
  D'abord, parce que je n'ai pas de sous !
  Ensuite, au-dessus de celui qui est au-dessus,
  il n'y a plus d'appartement !
  Alors, le locataire du dessous
  qui monterait au-dessus
  obligerait celui du dessus
  à redescendre en dessous.
  Or, je sais que celui du dessus n'y tient pas !
  D'autant que, comme la femme du dessous
  est tombée amoureuse de celui du dessus,
  celui du dessus n'a aucun intérêt à ce que
  le mari de la femme du dessous
  monte au-dessus!
  Alors, là-dessus...
quelqu'un est-il allé raconter à celui du dessous
qu'il avait vu sa femme bras dessus,
  bras dessous avec celui du dessus?
  Toujours est-il que celui du dessous
  l'a su!
  Et un jour que la femme du dessous
  était allée rejoindre celui du dessus,
  comme elle retirait ses dessous...
  et lui, ses dessus...
  soi-disant parce qu'il avait trop chaud en dessous...
  Je l'ai su, parce que d'en dessous,
  on entend tout ce qui se passe au-dessus...
  Bref ! Celui du dessous leur est tombé dessus !
  Comme ils étaient tous les deux souls,
  ils se sont tapés dessus!
  Finalement, c'est celui du dessous
qui a eu le dessus !





jeudi 11 août 2016

Jugement dernier...



" Quand tous les humains de la terre furent décédés et en attente
 d'entrer au ciel, Dieu apparut et dit :

_ «Je veux que tous les hommes se placent sur deux lignes.
 Une ligne pour tous les hommes qui étaient réellement à la tête de
 leur ménage, et l'autre ligne par ceux qui ont été dominés par leur épouse.
 Les femmes, elles, peuvent se présenter directement à Saint-Pierre.»
 Une fois les femmes parties, les hommes se placèrent sur deux  lignes.
 La ligne des hommes dominés par leur épouse s'étirait sur plus de
 500 kilomètres tandis que, dans la ligne réservée à ceux qui avaient mené leur
 couple, on ne comptait qu'un seul homme.
 Dieu s'adressa d'abord à ceux de la longue file :
_ «Vous devriez avoir honte de vous ; je vous ai créés pour être les
 dirigeants du foyer ! Vous m'avez désobéi et vous n'avez pas rempli votre mission !
 Parmi tous les hommes, un seul m'a obéi. Écoutons-le et retenons sa leçon».

Dieu se tourna vers le seul homme de l'autre ligne et lui demanda :
 «Comment avez-vous fait pour être le seul homme dans cette file?»
 L'homme lui répondit :
_ C'est ma femme qui m'a dit de me placer ici.»

dimanche 7 août 2016

Terminus



Il a fallu une méchante nouvelle à Pierre pour que la lourde paupière de l’indifférence se lève sur son troisième œil. Jusque là entre ses orgueils et ses complexes il restait timidement nombriliste.
Ce n’était pas un sauvage, au contraire, très poliment sociable il pratiquait une largeur de vue honnête sur la couleur, la religion, la politique et les attirances sexuelles des autres…
Oui, mais ils restaient « les autres ». Le temps est nécessaire pour se rendre à l’évidence que chacun de nous, unique, brasse en lui le même mélange de Yin et de yang, de clair et d’obscur, d’intelligent et de bouché, englué dans le  même fond de sauce de fiertés et de problèmes.
Alors pour Pierre commença la période d’amour.
Il se mit avec tendresse à les reconsidérer tous, ceux de l’entourage, ceux avec qui il communiquait de près ou de loin , dans le présent et même dans un passé tendrement revisité. Son mur mis à bas, comme à Berlin, inspirait à d’autres barrières de se baisser. Dans le dictionnaire il avait trouvé la définition du mot « empathie », peut être que c’était cela, mais lui y ajoutait l'affection. Bizarre, pourrait on penser de la part d’un vieil homme fumeur de pipe et perclus de douleurs. On penserait mal, d’ailleurs Pierre était maintenant au-delà de la critique.
Les aimer, il y était. Leur dire cela c'était difficile encore.
La prochaine étape, peut-être,  quand on salue pour la dernière fois. Le toubib lui avait annoncé que c'était pour bientôt.
Même à Madeleine il le dirait. Elle serait une veuve éplorée, enfin un alibi pour cultiver sa geignardise congénitale !
Pierre, honnêtement, préférerait que Madeleine quitte la scène avant lui.
Lui, a encore envie de vivre tant que son cœur tape à l'unisson des petits bonheurs possibles.

jeudi 4 août 2016

Devoirs de vacances


 Descendue du haut de la tour en or, j'ai pris mon esquif et, à la force des biceps, j'ai à travers vents et marées, débarqué en plein marché haïtien...



mardi 2 août 2016

Correspondance




- A Monsieur de Lamballe chirurgien :
 Je vous écris par rapport à la jambe de ma femme qu’elle a toujours mal et que vous lui avez opérée. Mes amabilités.
 - A Monsieur Créchu :
Pourriez-vous me donner quelques informations préalables avant de prendre rendez-vous avec mon secrétariat. Salutations distinguées.
 - A Monsieur de Lamballe :
 Il se passe que l’Adrienne se plaint toujours de la jambe gauche même après que vous lui avez collé la prothèse, que c’est plus tenable et qu’elle fait chier tout le monde autour. C’est avec vous que j’ai affaire et pas à votre secrétaire même si elle est vraiment mignonne. 
- A Monsieur Créchu :
J’ai pris la peine de reprendre le dossier d’Adrienne Créchu . J’ai effectivement posé une prothèse de hanche droite à votre épouse. Les douleurs de la jambe gauche sont parfaitement indépendantes et je vous conseille de consulter votre médecin traitant.
 - A Monsieur de Lamballe :
Mais c’est là que ça coince, c’est de la droite que vous l’avez opérée mais c’est la gauche qu’était fichue. Ya comme un défaut et vous vous êtes carrément gouré.
 - A Monsieur Créchu :
 SURTOUT n’allez pas voir votre médecin référent . Venez directement à mon cabinet, je vous recevrai immédiatement. Je m’occuperai de madame Créchu, au mieux, et sans aucun frais.
 -  A Monsieur de Lamballe :
 Vous êtes ben honnête mais je viendrai sans l’Adrienne, elle a pas compris ce qui lui arrive. Je lui dirai rien et elle continuera à pleurnicher :-« Ah ! Ces opérations, c’est nul ! Je souffre encore plus qu’avant ». Elle est vieille et ça n’étonne personne.
Par contre et pour en finir, puisque vous voulez travailler gratis pour me rendre service, je voudrais que vous me fassiez le zizi plus long. 
 On dit que vous êtes un as pour ça. 
 De toute façon, cette fois, vous pourrez pas vous tromper de côté.