Samedi 19 P.M
Je ralentis le trot en arrivant sur le parking. Trois agents
municipaux viennent à ma rencontre. Grand
sourire :
- Bonjour, nom, date et lieu de naissance, adresse…
- Mais qu’est ce qui se passe ?
-Venez voir. Vite vu,
la portière A.D de ma voiture est fracturée les débris de la vitre jonchent les
sièges avant. La tuile. Les trois pandores me regardent aimablement essayer de déblayer les morceaux de verre à mains nues…
- Il faudra porter plainte dès demain matin.
Dimanche 20 A.M
Miche se gare à côté de l’église anglicane et je cours sous
la pluie vers le commissariat. Il a l’aspect engageant d’un Rottweiler encagé,
toutes herses baissées. J’appuie sur la sonnette des « jours
fériés » et la lourde porte blindée de la cour glisse pour me laisse un
étroit passage. Le bureau du factionnaire :
- Bonjour, c’est pour un dépôt de plainte. Le gars avec une
mine morose brandit à bout de bras, dans
un élan mis à la mode par madame Taubira, deux feuillets remplis :
- Désolé, mais ce
sont les plaintes de la nuit qui doivent être traitées en priorité, revenez cet
après-midi, mieux demain…ou après demain. Je me livre alors, discrètement, à ce
petit exercice qui parfois fait fondre les uniformes.ça marche.
- Allez, venez, suivez-moi. Escaliers, couloirs et nous
débouchons dans la salle d’attente avec son comptoir vide et la banderole au
sol : « Limite de discrétion à ne pas franchir ».
Je moule mes fesses dans la coque en plastique fixée au sol
pensant à mon amie qui doit se morfondre dans sa voiture avec la pluie qui tape
sur le capot…
Dans l’espace circulaire devant moi trois jeunes femmes au
bord de la crise de nerfs tournent comme des lions en cage, la maigre , la
grosse et la mère qui serre contre elle un bébé en grenouillère à la couche
malodorante mais au sourire ravageur. A chaque volte de la mère il se tord le
cou pour me dédier un sourire craquant. La maigre, à grands pas rageurs :
- Ah ! Le salaud ! ivre, gueulant avec la hache
levée…La grosse :
- Y nous aurait tuées toutes les quatre !
- M’en parle pas gémit la mère écrasant le bébé sur son sein
généreusement découvert, ma Titi, ma Titi…
-T’as vu, t’as vu comment j’y ai fait peur, la maigre prend
la position du boxeur coude gauche levé
poing droit projeté, j’y ai foutu par terre. La grosse :
-Y va se rappeler de mes talons dans sa gueule, le salaud. Dis donc, et les voisins ?
Yen pas un pour sauver l’autre, aucun
n’est venu nous aider, pourtant on criait au secours, d’appeler les flics,
nada. Les trois continuent à tourner à grand pas agités :
- J’te jure je me suis vu le film, qu’on baignait dans le
sang, même Titi, oh Titi !
-Quand même on est arrivé à lui prendre sa hache et ce
dingue qui criait : « j ’men fous je vais chercher le
marteau et je vous aurai salopes ! » Au fur et à mesure qu’elles
racontaient leur mésaventure l’une renchérissant sur les impressions de l’autre
elles tournaient rageuses de plus en plus vite dans cet espace limité, le
bébé puant resté miraculeusement zen
cherchait toujours mon regard…
-Regarde, mon coude est tout bleu
-Et moi j’ai le genou enflé, y me fait vachement mal
- Tu as dormi toi après ?
- Tu rigoles ou quoi ? J’étais trop mal, par contre
toi, s‘adressant à la grosse, qu’est-ce que tu as roupillé, même que tu
ronflais et ce matin tu as encore la bouche en cul de poule…
Bon, j’ai compris . Si j’attends de passer après elles, entre le temps qu’il
faudra à chacune pour donner sa version et celui nécessaire au flic pour en
tirer quelque chose de cohérent, je ne suis pas rentrée chez moi avant ce soir.
Je sors aussi discrètement que je suis entrée, par le couloir
« Sortie ». Deux bureaux portes ouvertes se font face.
Depuis celui de gauche un fonctionnaire m’interpelle aimablement et je lui explique que je
baisse les bras. Alors, aussi élégamment distingué que son ministre de tutelle,
il se lance dans un superbe discours du genre, et combien je regrette, et sous-effectif,
et les gardés à vue à libérer, et le weekend de Pâques, etc.…etc. …et
cerise sur le gâteau :
-Ah ! Madame, je ne voudrais pas que vous quittiez ce
commissariat en pensant que nous négligeons votre demande et que vous ayez de nous une mauvaise
impression de nos services. Je suis assez bonne dans le « parlons à
chacun sa langue » et je rassure le gars d’un discours hypocrite d’un ton
encore au-dessus. A ce moment sort du bureau de droite, ah mesdames ! Un mix de
Keanu Reeves et Johnny Depp… Il claironne, royal :
-Allez, venez, je
veux bien vous prendre.
Comment donc !
Je débite ma petite histoire en quelque secondes et suis
ahurie de le voir par contre longuement taper sur son clavier. Çà n’en finit pas.
J’ai tout le temps d’admirer son profil et son beau gilet bleu marine sur
lequel une inscription retient mon attention. Elle me laisse imaginer que ce policier est peut être un allemand en
stage, un style Erasmus des chaussettes à clous… Et ça dure. Miche doit penser
qu’on m’a incarcérée…
Je participe et fais passer tampons et agrafeuses. Doux
Jésus ! j’ai droit à SIX feuillets imprimés signés tri-tamponnés, le type,
lui a une liasse de HUIT ! Voilà c’est fini. Je remercie et :
- Pardonnez une question indiscrète pourquoi sur votre
blouson « caporal » est écrit avec un K ?
- Ce n’est pas mon grade, c’est une marque ! Et nous
voilà partis dans un fou-rire irrépressible ….
Rejoint ma Miche, priant sur son volant au son des alléluias
vibrant dans tout le quartier, hurlés joyeusement par les anglicans.
Mon assurance : « veuillez patienter un conseiller
va prendre votre appel » ne remboursera pas le prix de ma portière.
Consolez-moi en m’offrant des commentaires assortis d’une participation
virtuelle.
Allez, joyeux lundi de Pâques.
Merveilleusement raconté en tout cas... quel talent!!!
RépondreSupprimerConsolée???
Une petite pépite ton texte !
RépondreSupprimerTiens ça fait du bien, tout ça en buvant un apéro ça requinque !
ça va mieux là ?
biz
Todas las flores son de corta vida,pero tu cultura prevalece
RépondreSupprimerPor lo que veo, te lo has tomado con humor, lo siento por la puerta,ventana de tu auto
RépondreSupprimerBesos
les 3 donzelles et le bébé ont fait la " une" de la République. Dommage pour toi mais la " banalité" de l'acte gratuit dont tu as fait l'objet, n'émeut personne ou presque ( daniel peut être?
RépondreSupprimerconsolation, tu as trouvé matière à écrire et avec humour en plus.
Très désolément,
bellemiche
Quelle histoire, mais quelle histoire !!! Tu l'as impressionné ce peau-lissier...habillé chez K !!!
RépondreSupprimerDommage pour l'assurance ! Pffffffff !!!
GROS BECS
Merci de vos zamabilités tout à fait consolantes et bizzzzzzzzzzzzz
RépondreSupprimerPor mucho qque inventemos historias,por mucho
RépondreSupprimerqque se inventen dramas,la vida real los multiplica.
comme on dit souvent: la vraie vie dépasse la fiction !
RépondreSupprimerbizzzzzz