mercredi 15 octobre 2014

Conversation-16- avec Cora.




- Ma chère Cora ce matin mes étudiants ont travaillé sur « Le temps et l’éternité » je regrette un peu d’avoir choisi ce thème.
- Pourquoi ?  Cela me rappelle ce que disait « l’autre » : «  Il me faudrait du temps pour t’expliquer l’éternité, et il te faudrait l’éternité pour comprendre le temps … »
-  Oh là là  ça ne va pas ce matin Cora vous avez l’air bouleversée.
- Encore une amie qui disparait, c’est vrai que j’ai beaucoup de chagrin mais, ne t’inquiète pas, il sera vite surmonté. De l’indifférence ? Non, du fait d’un cœur trop vieux trop égoïste pour s’émouvoir ? Encore moins. Sans doute la résignation de l’inévitable disparition d’une personne âgée. De la peine pour elle qui ne verra plus la beauté du jour, de la peine pour les siens qui vont être démunis d’un pilier familial.
J’ai dit disparition ? De l’environnement évidemment mais présente à jamais près de moi comme de tous ceux qui l’ont aimée.
- Cora je n’aime pas vous voir perdue dans ces pensées morbides.
- Pas du tout, pensées qui sont la normalité quotidienne à mon âge. Comment peux-tu, toi, imaginer la période de ta vie où tu es plus entourée de morts que de vivants ? Où quand tu penses à un événement de ton passé il n’est plus habité, déserté par ceux qui l’ont vécu avec toi. Ils emmènent avec eux une part de ton vécu dont tu n’as oublié aucune émotion. Tu revois le film en couleur, son et images… On parle « du poids des ans » la majeure part en est due à l’accumulation en soi de ces fantômes qu’on croit  si légers.
- Ne me dites pas que vous faites comme tous ceux qui aux enterrements font les louanges du défunt même s’il était la pire des canailles !
- Les choses sont plus complexes. C’est vrai que le temps émousse les aspérités, nous n’avons pas côtoyé que des êtres aimables, on peut avec l’usure ou l’indulgence du temps, comprendre le pourquoi de leur méchanceté de leur jalousie… et ceux qui ne sont plus, sur terre,  ne forment autour de nous qu’un halo bénéfique certains au premier plan d’autre plus éloignés. De la même façon que nous évoluons toute notre vie, la présence des morts que nous portons se domestique et s’adoucit.
- Même si immédiatement après le décès cela peut paraitre hypocrite il faut reconnaitre qu’il y a toujours une part à sauver chez quelqu’un.
- Mais oui ,avec le temps le côté sombre s’explique, se comprend toujours se pardonne  parfois. J’ai eu la chance de connaitre peu de personnes désagréables et d’avoir été entourée au  fil des années,  dans différents registres, d’hommes et de femmes de grande valeur. Beaucoup d’amour a  circulé entre les autres et moi…
- Arrêtez, Cora, cette nostalgie me peine.
- Ne dis pas de bêtises. Si tu savais comme j’apprécie cette « charge »  faite du souvenir d’une personne chère dont tu sens la présence à jamais  chaleureuse.  Elle t’enveloppe d’une aura confortable. C’est un tissu indestructible constitué d’actions, d’émotions vécus en commun.  J’ai toujours été fascinée par ce que religieux et/ou philosophes nous apprenaient de « la vie éternelle ».  Bien entendu il n’est  pas question de  se laisser endoctriner mais de découvrir par soi-même à quoi correspond ce concept. Invariablement, l’esprit, le cœur, ont du mal à accepter  lors d’un décès qu’une personnalité aussi originale,  qu’une vie aussi remplie, que tant  d’amour, tant d’ambition tant de travail et de culture disparaissent à jamais. Il existe chez nous tous le refus que ce départ soit définitif  et que tout ce qui a constitué la merveilleuse complexité d’un être vivant s’efface sans laisser aucune trace. Heureux ceux qui, grâce à leur religion, croient à la survie de l’âme. Peut-être n’est ce pas indispensable à ceux qui, au minimum sont attentifs aux autres, encore moins s’ils les ont aimés. L’enrichissement intime ainsi provoqué fait de nous des cavernes plus rutilantes que celle d’Ali Baba où s’entassent au fil des ans les trésors laissés par les rencontres avec ces morts  tous uniques, que la vie nous a donné la chance de côtoyer.
Pour moi la vie éternelle est celle, qui après la mort nous permet de perdurer dans la pensée, dans le cœur de ceux qui nous ont connus.
- Vous pensez que d’une certaine manière nous vivons encore tant que quelqu’un se souvient de nous ?
- Exactement .
Ça suffit !! Passe-moi mes mots fléchés et à bientôt !


11 commentaires:

  1. Ils s'absentent pour quelque temps mais reviendront bientôt....

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  2. J'approuve ces réflexions philosophiques...
    GROS BECS

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  3. C'est vrai ! tant que reste le souvenir , reste la vie....
    Mais tout de même... il est des êtres qui sont moins pesants là où ils vivent désormais que dans les lieux que nous partagions avec eux...
    Celle à qui je pense le sait bien...

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  4. Cuando uno casca, si se olvidan pronto de él, es porque dejó poca huella, tanto de malo como de bueno.

    Besos.

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  5. Los colores del otoña son apacibles y no discordante,por eso los popeta le dedican tantas poesias

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  6. C'est une façon de voir les choses... Y en a d'autres.

    Ce que je trouve bizarre, chez moi, par exemple, c'est que les souvenirs de ce qui m'a fait mal ne s'émoussent pas du tout avec le temps. J'ai rarement de regrets quand une personne qui m'est chère disparaît à jamais. Je ne vois pas la mort comme une fin en soi, ça aide sans doute, je suppose. Je suis à la fois inquiète et excitée de découvrir ce qu'il y a derrière l'ultime énigme.

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  7. Partir c'est mourir un peu !
    Mourir c'est partir beaucoup !

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  8. Il manque un A dans ta conversion, ha ha ha… 😄

    Plus sérieusement, je ne pense pas de la même façon. Heureusement pour ceux et celles qui me survivront, les pauvres ! Je me prends de plus en plus à penser : quelle saleté de vie, et pourtant je suis vivant et en bonne santé. Je ne sais pas ce que je dirai après mon décès. Rien du tout, j'espère que je laisserai les vivants en paix ! 😄

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  9. Les signes bizarres dans mon message précédent, c'est Google qui ne sait pas bien se débrouiller avec Unicode.

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  10. Ceux qu'on aime et qui sont partis ...un déchirement (:

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