samedi 29 juillet 2017

ALELLUIA ! chap 1




 Après le catéchisme et ses malaises béats dus aux litanies et aux vapeurs d’encens elle avait eu une époque de folie mystique.
Tous les dimanches après de chastes ablutions où elle évitait de regarder son corps de jeune femme dont on lui avait appris qu’il n’était que la misérable enveloppe d’une âme à mortifier à la seule fin de la rendre plus sainte. De toute façon il n’y avait pas de miroirs dans la ferme si ce n’est un bout de glace tavelé collé contre la porte au dessus du porte manteau en corne de cerf et dont le rôle se bornait à vérifier l’angle correct de son chapeau avant de sortir.
La bicyclette au cadre en berceau avait été rouge autrefois. Madeleine l’enfourcha après avoir posé son sac à main et son missel dans le panier d’osier fixé sur le guidon.
- Bonjour, Madeleine, il fait bien beau ce jourd’hui, le temps est à l’ensoleillage.
Le fermier des « Châtaigniers » salue Madeleine par-dessus la clôture électrique de son champ de soja.
 S’il pouvait prendre le jus une fois , pense Madeleine qui ne peut supporter cet avorton faiseur d’embrouilles qui s’imagine que le fait d’avoir décroché en son temps le certificat d’études avec mention lui donne le droit de s’exprimer en inventions de vocabulaire et autres néologismes qu’il juge le comble de l’élégance verbale.
 Quel crétin ! pédale Madeleine rageuse, il s’imagine que je vais le regarder . Ce n’est pas très chrétien  comme pensée, surtout dominicale. Madeleine, tire sa jupe sur ses genoux en entrant dans le village, saluant d’un léger signe de tête les paroissiens qui se dirigent vers l’église dont la cloche fêlée sonne le rappel. Elle les connaît tous , la bourgade est modeste.
 Pourquoi Dieu m’a-t-il fait naître dans ce trou perdu où les seuls événements marquants sont, à part égale, les vêlages et les cocufiages… Qu’est ce qu'il m’arrive ? encore une pensée impie .
Elle a dépassé, la boucherie au rideau métallique baissé, le Bistrot des Amis où, dit M. le curé, se retrouvent tous les communistes du pays.
- Enfin, disait ,le bon vieux père Martin qui a fait ses adieux la semaine dernière, il était temps ! Le malheureux ne pouvait plus revêtir seul les habits sacerdotaux et sa vieille main tremblante proposait une hostie sauteuse impossible de happer au passage.
Sur le minuscule parvis, où il n’y a guère picoraient les poules de Jany la coiffeuse hommes-dames, on a placé un hangar à vélos. Madeleine rajuste son chapeau et descend sur ses bras nus les manches de sa robe. L’église est pleine, beaucoup sont venus par curiosité, pour voir... il n’y avait plus de surprise avec l’ancien pasteur qui leur avait fait presque un demi-siècle.
L’église est toute simple, romaine, , blanche et grise dépourvue de toute décoration, mal éclairée avec un autel de pierre nue. Chacune a brodé une nappe pour le recouvrir et aujourd’hui Madeleine reconnaît celle brodée par ses petits doigts malhabiles au temps du catéchisme.
Gérard, l’horloger, tire quelques notes anonymes du minuscule orgue asthmatique. -Clochette- Les deux enfants de chœur sortent de la sacristie en se taclant, visages impassibles. Derrière eux une silhouette immense porte le ciboire, on la distingue mieux à la lueur des bougies et un frémissement parcourt l’assistance. Ce grand curé est noir, noir de chez noir !!

6 commentaires:

  1. Le première chapitre tien bien.

    J´espère la suite.

    Gros becs

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  2. Los mitos se repiten millones de veces,y al hacerlo se convierten en historia

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  3. c'est l'amer missel qui a vertu son chat.
    Bzzz...

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  4. J'espère que cette histoire ne finira pas mal. Avec les religions actuellement, c'est un risque. Bzzz

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  5. Ah… ha ! Le petit village qui n'a jamais vu quelqu'un de différent… Ça me rappelle mon enfance, quand le passage d'une personne de couleur faisait tourner toutes les têtes. Pas par racisme, je pense bien, mais tout simplement un réflexe de curiosité de la part de gens peu habitués à autre chose que leur propre milieu.

    Délicieusement écrit. Cela nous change de ce qu'on lit trop souvent sur cet effroyable Internet qui nous afflige tous.

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  6. Ah, ah, le curé est noir ! Mais, noir, noir ? :-)
    Gros becs

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