Treize à la douzaine
L’expression ‘ treize à la douzaine ‘ signifie ‘ en grande quantité ‘ mais provient d’une pratique commerciale bien réelle qui consiste à offrir un treizième produit pour l’achat de douze. C’est le cas notamment pour les huîtres où l’on considère qu’il existe un potentiel risque que l’une d’entre elles ne soit pas bonne (ce qui se voit vite en l’ouvrant), et dans ce cas les commerçants honnêtes en mettent une supplémentaire pour compenser. C’est aussi une pratique commerciale de fidélisation, tout simplement.
Tenir la chandelle
L’expression ‘ tenir la chandelle ‘ signifie se trouver seul en présence d’un couple qui se câline sans pour autant y participer, bref être de trop ! L’expression désigne également le fait d’être entremetteur dans le cadre d’une relation amoureuse. Mais pourquoi tenir une chandelle ? Quel rapport ? En fait, à l’époque où l’électricité n’existait pas encore, dans les milieux aisés, lorsque les époux désiraient avoir des relations intimes le soir, ils faisaient appel à l’un de leurs domestiques (de confiance) dont le rôle était de tenir un chandelier afin d’éclairer quelque peu la scène et y voir ainsi plus clair. Il était bien sûr censé tourner le dos !
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> Il fut également de coutume dans les milieux royaux et dans certaines cultures, lors de la nuit de noces, de faire appel de la même manière à un domestique dont le rôle était plus précisément d’aller vérifier à la chandelle, une fois les choses finies, s’il y avait du sang sur les draps et certifier ainsi que la mariée était bien vierge avant cette nuit. Notons par ailleurs que ce rôle était considéré comme un honneur, en tant que personne digne de confiance.
Attendre 107 ans…‘ Bon, alors, tu te dépêches ? Parce que je n’ai pas l’intention de t’attendre 107 ans , on a un train à prendre ! ‘ En voilà une drôle d’expression ! Pourquoi 107 ans, et pas 108 ou 95… ? Le nombre est assez imposant parce qu’il désigne plus ou moins l’éternité, en tout cas une fort longue période. L’origine de ‘ 107 ‘ est généralement attribuée au temps qui aurait été mis pour construire la cathédrale Notre-Dame de Paris , sur plusieurs générations et paraissait être un chantier constant, qui semblait ne pas avoir de fin. Le début de la construction est connu, c’était en 1163, sur l’ordre de l’évèque de Paris Maurice de Sully. Cependant, rien n’est sûr concernant la date d’achèvement de cette cathédrale, estimée entre 1296 et 1345 selon les sources.
Sans coup férir
L’expression ‘ sans coup férir « ‘ signifie ‘ sans avoir à combattre ‘, ‘ sans résistance ‘. Férir vient du latin ferire qui veut dire ‘ frapper ‘. Ce verbe était utilisé à l’époque médiévale dans le sens de ‘ frapper ‘, ceci en rapport avec les armes en fer des soldats. Férir = croiser le fer. Seul le participe passé de ce verbe existe encore (à part dans l’expression ‘ sans coup férir ‘) à savoir ‘ féru ‘ dans son acception figurée ‘ être passionné par ‘, et non au sens propre.
Envers et contre tout – tous L’expression peut s’écrire de deux façons , soit avec un T à ‘ tout ‘, soit avec un S (tous). Envers et contre tout – ou – envers et contre tous. ‘ Envers ‘ fait référence, à l’origine (Xe siècle), à une direction ’ vers ‘, et ne s’oppose pas au mot ‘ endroit ‘ comme on pourrait l’imaginer au premier abord. Le sens évolua rapidement pour signifier ‘ vis-à-vis ‘ (qui veut dire ‘ de visage à visage ‘). Exemple : ‘ Il a des sentiments envers vous ‘ = Il a des sentiments vis-à-vis de vous, par rapport à vous, à votre égard. ‘ Envers ‘ désigne également le fait d’être contre . Exemple : ‘ Il a une forte rancune envers vous. ‘ = Il vous en veut beaucoup. Nous arrivons de ce fait à la signification de ‘ envers et contre tout/tous ‘ : en dépit de toute résistance, de toutes les oppositions possibles et imaginables. ‘ Tout ‘ désigne cette totalité. Pourquoi deux orthographes ? Parce que ‘ tout ‘ désigne plutôt des choses, tandis que ‘ tous ‘désigne plutôt des humains. On a donc le choix, selon le contexte de la phrase.
Droit de cité
Le ‘ droit de cité ‘ est ancien, son origine remonte à l’époque romaine à laquelle le principe de ‘ citoyenneté ‘ offrait un ensemble de droits signifiant la reconnaissance de cette même citoyenneté. On appelait cet ensemble ‘ droit de cité romaine ’ ( jus civitas ). Au départ, il concernait les ‘ hommes libres ‘ (par opposition aux esclaves) des tribus de Rome et de ses environs, puis s’est étendu à l’Italie et enfin à la totalité de l’Empire romain en l’an 212. Attention, il est courant de voir écrit cette locution de manière erronée, à savoir ‘ droit de citée ‘ ou ‘ droit de citer ‘. Le mot ‘ cité ‘ s’écrit comme une cité , mot habituellement écrit correctement.
Qu’est-ce que l’effet papillon ?
L’effet papillon , une expression connue mais pas toujours bien claire quant à sa signification. Alors c’est quoi ? Il s’agit en fait d’une métaphore (une image) faisant référence à un petit insecte non moins connu appelé le papillon… et à son battement d’ailes qui, logiquement, ne devrait pas avoir d’influence particulière sur le destin ni la marche du monde… qu’on s’en méfie ! Un simple battement d’ailes peut déclencher une tornade, ce qui signifie de manière imagée qu’une petite chose sans importance peut, dans certaines conditions, dans certains contextes, déclencher une catastrophe, avoir des conséquences énormes et changer le cours des événements. C’est le principe de la théorie du chaos par la théorie mathématique de sensibilité aux conditions initiales (Edward Lorenz). Par exemple, une faible erreur de paramètres dans le réglage d’un appareil peut avoir d’énormes conséquences au moment de son utilisation finale. Autre exemple : une petite erreur comportementale peut, selon le contexte dans lequel elle a lieu, entraîner des conséquences en chaîne voire même déclencher un engrenage à très grande échelle.
En mettre sa main au feu ou sa tête à couper
L’expression ‘ en mettre sa main au feu ‘ existe aussi sous les formes ‘ en mettre sa tête à couper ‘ ou ‘ en mettre sa main à couper ‘. Des sorts que personne n’envie… et pour cause ! L’expression désigne volontairement des choses que personne ne souhaiterait, pour désigner le fait d’être complètement sûr de soi en affirmant quelque chose, quitte à prendre le risque de se faire couper la main ou la tête, ou mettre sa main au feu si cela n’était pas vrai, ce qui évidemment est impossible puisque l’affirmation est vraie !… donc finalement aucun risque ! C’est une manière d’insister sur la véracité de ce qui est avancé. Exemple : ‘ Isabelle a senti un parfum de femme sur la chemise de son mari, elle est certaine qu’il la trompe, elle en mettrait sa main au feu. ‘
Faire feu de tout bois
L’expression ‘ faire feu de tout bois ‘ se dit aussi ‘ faire flèche de tout bois ‘ et existe depuis le XVIIe siècle. Elle signifie que l’on utilise tous les moyens de fortune pour obtenir quelque chose, en sachant profiter des moindres choses, ce qui revient à mettre tous les moyens en œuvre pour réussir. Autrefois, lorsque les chasseurs n’avaient plus de flèches, il n’hésitaient pas à fabriquer des flèches de fortune en taillant des petites branches trouvées dans la nature. Il faut se remettre dans l’époque où il n’y avait pas de magasin pour vendre de la viande, et si l’on voulait en manger, à moins d’être agriculteur et d’avoir des bêtes, la seule solution était de chasser le gibier… par tous les moyens possibles ! Le problème était le même pour le bois de chauffage, quand il n’y en avait plus, le mieux était d’utiliser ce qu’on trouvait à disposition, même du mauvais bois. Maintenant, l’expression concerne surtout le fait de trouver tous les moyens pour faire du profit… souvent dans le domaine financier, des affaires !
Tout un chacun ou tout à chacun ?
La bonne réponse est ‘ tout un chacun ‘, et non pas ‘ tout à chacun ‘ comme on le voit souvent écrit. Le pronom défini ’ chacun ‘ signifie ‘ chaque un ‘ et désigne une personne prise individuellement au sein d’un ensemble. Dans cette locution, ‘ tout ‘ désigne non pas la multiplicité mais l’entièreté au sens d’intégralité. ‘ Tout un chacun ‘ désigne donc de ce fait une personne quelconque, quelle qu’elle soit, n’importe qui. Faire quelque chose comme tout un chacun, à savoir comme tout le monde dans le sens ‘ comme chacun le ferait ‘.
Sans dessus dessous – ou – sens dessus dessous ?
L’erreur courante consiste à écrire sans dessus dessous pour exprimer ce qui est mal rangé, comme s’il n’y avait ni dessus ni dessous, sans aucun dessus, sans aucun dessous. En réalité, cette locution dont la bonne orthographe est SENS dessus dessous signifie que ce qui se trouve dessus peut se trouver dessous et inversement. Il s’agit de sens et non pas d’absence de quoi que ce soit, qui impliquerait la notion de négation. Pour la raison expliquée ci-dessus, on écrit sens , dans quel sens se trouvent les affaires, elles sont sens dessus dessous. Petite précision phonétique qui explique aussi l’erreur courante, on ne prononce pas le S à la fin de sens alors qu’habituellement on le prononce, comme par exemple dans sens interdit . Exemple : Range donc ta chambre, tes affaires sont sens dessus dessous !
Avoir voix ou droit au chapitre ?
Beaucoup de gens disent ‘ avoir droit au chapitre ‘… mais c’est une erreur ! La bonne expression est ‘ avoir voix au chapitre ‘. Cela signifie que l’on a le droit effectivement de quelque chose… mais quoi ? Le droit d’avoir la voix… au chapitre, c’est-à-dire d’exprimer son opinion dans une assemblée, de participer à une délibération et de pouvoir se mêler légalement de l’affaire en question.
Expression faire un pataquès
Faire un pataquès , ou tout un pataquès , signifie faire des histoires pour quelque chose qui n’en vaut pas la peine, mais également faire une grosse faute de langage. Le mot ‘ pataquès ‘ vient de la mauvaise liaison pas-t-à-qu’est-ce, du Théâtre de la Reine en 1784 .
Expression : c’est la Bérézina
Une expression bien connue : C’est la Bérézina ! … sa signification est en général connue, mais son origine un peu moins, enfin pas pour tout le monde. Tout d’abord, elle signifie que c’est la catastrophe, la défaite, la déroute, et fait donc référence à une situation fort désagréable. Mais pourquoi un tel nom ? Cela date de l’Empereur Napoléon 1er , lors de la campagne de Russie . En 1812, il entreprend d’envahir la Russie avec ses troupes… mais n’a pas prévu qu’il y ferait si froid d’une part, et d’autre part, que les Russes n’ont pas vraiment l’intention de se laisser faire ! Les Russes appliquent la politique dite de la terre brûlée , Moscou est incendiée (ville construite en bois, donc très facile), ce qui empêche les hommes et leurs animaux de se ravitailler, sous un froid peu habituel pour les Français. Napoléon, sentant la catastrophe, tente de négocier avec le Tsar Alexandre 1er mais sans succès. Il doit faire reculer ses troupes affamées et transies. C’est alors qu’ils arrivent à la fameuse Bérézina, qui est une large rivière de Biélorussie , en plein mois de novembre. Impossible de traverser à la nage vu le froid, l’eau est gelée en partie. Le Général d’Eblé fait alors réaliser deux ponts (ce qui prend du temps et la vie de beaucoup d’hommes déjà) pour traverser la Bérézina, et ne seront finalement que 40 000 à atteindre l’autre rive… alors qu’ils étaient 70 000 au départ ! Pour couronner le tout, une fois la majorité des soldats passés, ils détruisent le pont pour empêcher l’ennemi de le franchir… laissant sur l’autre bord de nombreux autres soldats de l’armée napoléonienne arrivés après les autres, épuisés… Inutile de préciser ce qu’il en advint !
Expression : un secret de polichinelle L’expression ’ un secret de polichinelle ‘ est un secret que tout le monde connaît, c’est donc un faux secret. Elle fait référence à un personnage particulièrement doué pour parler à tort et à travers et ne pas savoir tenir sa langue, la fameuse marionnette en bois bossue et au nez crochu Polichinelle , venue de Pulcinella (qui signifie ‘ bec de poulet ‘), de la Commedia dell’arte (théâtre populaire italien), mais bien connue dans le théâtre de Guignol .
Ombragé et ombré – faire ombrage Les mots ombragé et ombré existent bien, mais ne s’utilisent pas de la même manière. Ombragé se rapporte à un endroit pourvu d’ombre, qui se trouve sous les feuilles et branches d’un arbre, cachant la lumière du soleil. L’expression ‘ faire ombrage à quelqu’un ’ (faire de l’ombre) vient de là, signifiant prendre trop d’importance par rapport à lui. Ombré quant à lui est plutôt un terme de dessin, de peinture. Un tableau ombré est un tableau sur lequel le peintre a mis des ombres. Le terme est utilisé également en matière de maquillage (ombre à paupières ==> des paupières ombrées).
Faire bonne chère ou faire bonne chair ?
La bonne expression est ‘ faire bonne chère ‘, et non ‘ faire bonne chair ‘. Le mot ‘ chère ‘ vient du latin cara , qui signifie visage, et de l’ancien français chière tiré du latin (même signification). Le sens ancien de l’expression signifiait ‘ faire bonne figure ‘, ‘ être aimable ‘ mais depuis le XVIIe siècle, elle signifie bien manger, voire faire ripaille, se goinfrer ! Mais quel rapport entre les deux significations ? C’est simple : faire bonne figure supposait savoir bien recevoir ses invités, bien les accueillir… ce qui laissait présager un repas agréable et bien fourni, une table bien servie dans une ambiance joviale.
‘ Aimer la bonne chère ‘, c’est aimer les bonnes choses (pas seulement du point de vue nourriture d’ailleurs !). L’expression s’oppose à ‘ faire maigre chère ‘, qui signifie faire un mauvais repas.
Au temps pour moi ou autant pour moi ? Il faut écrire ‘ au temps pour moi ‘ et non ‘ autant pour moi ‘, erreur courante ! L’expression serait d’origine militaire. Pour commander la reprise d’un mouvement depuis le départ, on y dit ‘ au temps ! ‘. Le sens figuré a remplacé le sens propre dans le langage courant. Quand on admet une erreur par exemple, on dit ‘ au temps pour moi, je me suis trompé ‘, à savoir que l’on revient sur un évènement passé, que l’on va de ce fait reconsidérer d’autre manière.
Expression française : l’habit ne fait pas le moine Le proverbe ’ l’habit ne fait pas le moine ‘ signifie qu’il ne faut pas se fier aux apparences. Mais pourquoi le moine ? La légende dit qu’en 1297, François Grimaldi se serait emparé de la forteresse monégasque en trompant l’ennemi. Ainsi, avec ses compagnons d’armes, ils se seraient déguisés en moines franciscains pour inspirer confiance. D’un point de vue plus pratique, les moines étaient réputés autrefois pour respecter rarement les préceptes qu’ils étaient censés suivre, puisqu’il leur était courant de voler, se battre, ripailler, tuer et s’intéresser de très près aux dames… Il existe également une expression latine (Plutarque) dont pourrait être issu ce proverbe :’ barba non facit philosophum ‘ = la barbe ne fait pas le philosophe . Voici une autre expression du même type : ‘ si derrière toute barbe il y avait de la sagesse, les chèvres seraient toutes prophètes ‘. On dit aussi : ‘ l’habit ne fait pas le moine mais il aide à rentrer au monastère ‘.
Expression : au grand dam (de quelqu’un) n’a rien à voir avec les dames ! >
L’expression ‘ au grand dam ’ (de quelqu’un) signifie au grand détriment , désavantage . Le mot ‘ dam ‘ n’a rien à voir avec les dames ! Apparu en 842, il vient du latin damnum utilisé à l’époque dans le domaine juridique pour signifier ‘ dommage ‘. Le mot a évolué vers ‘ damage ‘ au XIe siècle puis ‘ domage ‘ au XIIe siècle (avec un seul M). Le mot ‘ dommage ‘ est resté dès le XVIe siècle (avec deux M), et ‘ dam ’ n’est plus utilisé depuis que dans cette expression ‘ au grand dam ’. En revanche, les ‘ dommages et intérêts ‘ existent toujours !
Expression : se taper la cloche L’expression ‘ se taper la cloche ’ signifie faire un bon repas , bien manger. En fait, la cloche, en argot, signifie notamment la tête, entre autres. En 1900, on disait ‘ se taper la tête ‘ pour dire qu’on avait bien mangé. La cloche en tant que tête faisait référence à l’enivrement… donc à la limite, bien boire plus que bien manger… mais les deux allant souvent ensemble, le rapport est vite fait ! En effet, au XIXe siècle, les expressions ‘ se taper quelque chose ‘ ou ‘ s’en taper ‘ signifiaient boire beaucoup . La signification a bien sûr évolué. Quand maintenant on dit ‘ je m’en tape ‘, cela ne veut plus dire du tout la même chose…
Expression : avoir un chat dans la gorge
Avoir un chat dans la gorge signifie être enroué . Mais quel rapport cela peut-il avoir avec un chat ? Cette métaphore viendrait de la confusion entre ‘ matou ‘ (chat) et ‘ maton ‘, qui désignait du lait caillé , des grumeaux de lait … qui pouvaient boucher la gorge s’ils étaient mal avalés !
Expression : payer en monnaie de singe
Payer en monnaie de singe signifie ne pas payer du tout. Mais pourquoi de singe ? L’histoire est très ancienne et date de Saint-Louis , au XIIIe siècle. À l’époque à Paris, il fallait payer une taxe , un péage pour avoir le droit de passer sur le Petit-Pont entre l’Île de la Cité et la rue Saint-Jacques. Or, Saint-Louis décida d’exonérer une partie de la population de cette taxe, à savoir les forains, bateleurs et jongleurs … mais à une condition ! Ceux qui possédaient des singes devaient, en échange, leur faire exécuter un numéro, très apprécié des gardiens de ponts amateurs de grimaces. L’usage s’est perpétué, signifiant ne pas payer , en utilisant des subterfuges qui rappellent les simagrées des singes. N’essayez quand même pas, en guise de paiement, de montrer votre chien savant au péage de l’autoroute quand vous partirez en vacances, ça ne marchera pas !
Expression : entre la poire et le fromage
‘ Entre la poire et le fromage ’ signifie à un moment perdu , entre deux activités. Mais que viennent y faire la poire et le fromage ? En fait, au XVIIe siècle, on mangeait les fruits avant le fromage , eh oui ! Comme quoi toute habitude peut changer, rien n’est jamais acquis tant que le monde est en mouvement ! Les fruits les plus courants étaient les pommes et les poires. Lors des grands repas (très longs cela va de soi), les gens étaient un peu repus et détendus après avoir mangé les fruits. Du coup, c’était l’occasion idéale de converser un moment avant d’attaquer le fromage … d’où l’expression’ entre la poire et le fromage ‘, qui s’est ensuite généralisée pour désigner un moment de détente entre deux événements, entre deux activités.
Expression : un froid de canard
Quand on dit qu’il fait un froid de canard , c’est qu’il fait un froid très vif. Mais pourquoi de canard ? En fait, l’origine de l’expression est liée à la chasse … au canard ! Cette chasse a lieu en automne et en hiver, donc aux saisons froides ! Et le canard n’ayant pas pour habitude d’aller se présenter spontanément devant le chasseur, celui-ci doit attendre souvent très longtemps avant que le gibier soit en vue, immobile et aux aguêts… de quoi attraper froid !
Expression : mettre à l’index, non il ne s’agit pas du doigt !
Mettre quelqu’un à l’ index , c’est l’ exclure . Mais pourquoi l’ index ? En fait, il ne s’agit pas du doigt comme on pourrait le penser ! L’histoire est ancienne et remonte au Concile de Trente , en 1563, lorsque le Saint Siège décida d’interdire la lecture de certains livres jugés hérétiques, obscènes ou parlant de sorcellerie. Ces livres furent donc soigneusement répertoriés dans un catalogue appelé… index ! Il fut décidé que les auteurs de ces ouvrages devaient être fuis, mis à l’écart, en menaçant de ne pas obtenir le ‘ salut de l’âme ‘ pour ceux qui n’obéissaient pas à cet ordre. De quoi faire peur, à l’époque ! Menace suprême ! Plus tard, au XIXe siècle, les ouvriers reprirent cette expression à leur compte en mettant à l’index les patrons qui ne respectaient pas bien les conventions salariales. Concrètement, comment faisaient-ils ? Ils refusaient tout simplement de travailler pour eux. Les patrons ‘ mis à l’index ‘ n’ayant plus d’ouvriers, ne pouvaient plus produire, et finissaient donc par céder au bout d’un moment. En d’autres termes, il s’agissait de boycottage, eh oui !
Expression française : une fine mouche
Une fine mouche est une personne astucieuse, maline. Mais pourquoi une mouche ? Au XIVe siècle, le mot ‘ mouche ‘ (terme argotique) était utilisé pour désigner les menteurs , les espions . Or, la mouche est un insecte assez insaisissable par nature, il peut tout observer sans être vu grâce aux multiples facettes de ses yeux, il est discret et vif en même temps. L’expression ‘ une fine mouche ‘ est apparue réellement à la fin du XVe siècle, en rapport avec le terme ‘ mouche ‘ désignant les gens malins. De ce mot est venu le mot ‘ mouchard ‘ (fin XVIe siècle). D’un point de vue étymologique, le mot mouche vient du latin musca , qui signifie espion .
Expression : rentrer bredouille
L’expression ‘ rentrer bredouille ‘ signifie rentrer sans gibier, sans rien, ne pas obtenir ce que l’on désire. Son origine remonte à un jeu de dés qui fut très populaire du XIIe au XIXe siècle (donc plusieurs centaines d’années quand même !), le trictrac . Ce jeu se jouait à deux personnes, il fallait gagner 12 trous. Chaque joueur avait 2 dés et un cornet pour les lancer sur un tablier comportant 2 fois 6 cases (trous). Quand l’un des joueurs gagnait tous les trous, on disait qu’il ‘ jouait bredouille ‘. En revanche, ‘ être mis en bredouille ‘ signifiait que l’on avait perdu. L’expression fut utilisée ensuite pour les femmes qui rentraient du bal sans avoir été invitées à danser, puis appliquée à la chasse pour dire que le chasseur rentrait sans gibier. À l’époque actuelle, l’expression désigne le fait de ne pas avoir obtenu ce que l’on veut, ce que l’on cherche.
Expression : les Anglais ont débarqué >
Quand une femme dit que ‘ les Anglais ont débarqué ‘, c’est une manière imagée de dire qu’elle a ses règles . Mais pourquoi les Anglais ? L’expression est apparue au début du XIXe siècle avec les guerres napoléoniennes qui opposèrent les Anglais et les Français. L’uniforme des soldats anglais était rouge ! Or, quand ils débarquaient sur les côtes françaises, en très grand nombre, cela faisait penser à un flot de sang . Cependant, dans le même ordre d’idée liée à la couleur rouge, il existait auparavant (XVIIe siècle) une autre expression pour signifier la même chose : ‘ Recevoir un courrier de Rome ‘. La robe des cardinaux était… rouge !
Expression : aller à vau-l’eau
L’expression ’ aller à vau-l’eau ‘ signifie péricliter, aller en se dégradant. Mais elle signifie également aller au fil de l’eau, descendre le long de l’eau, venant de ‘ avau ‘, variation de ‘ aval ‘ et ‘ eau ‘. Vau = vallée ( exemple : ‘ par monts et par vaux ‘). Cette locution vient de l’ancien français ‘ aller à val d’eau ‘ (XIIe siècle). Plus tard, on dira » à val de route » qui deviendra ensuite » en déroute » (qui ne fonctionne pas correctement).
Expression : à cor et à cri
Deux orthographes existent : ‘ à cor et à cri ‘ (et au XVe siècle : ‘ à cry et à cor ‘), ou ‘ à corps et à cris ‘. Attention, ce dernier est une déformation du premier ! La signification est en fait : chasser à grand bruit, avec les cors (de chasse) et les chiens (qui crient). Elle est utilisée en chasse à courre (vénerie). La signification actuelle est : bruyamment, à grand bruit.
Expression : faire la navette
L’expression ‘ faire la navette ‘ est apparue au XVIIIe siècle, en rapport avec l’outil que les tisserands utilisent pour faire l’aller-retour sur le métier à tisser, appelé ‘ navette ‘. Le mot est apparu quant à lui au XIIIe siècle. Il signifie ‘ vaisseau ‘, diminutif de nave ou nef (navire). Pourquoi ce nom ? À cause de sa forme qui rappelle celle d’une petite barque. Faire la navette , c’est faire des allers-retours réguliers d’un endroit à un autre.
Expression : avoir la berlue
Avoir la berlue signifie voir des choses qui ne se trouvent pas devant les yeux. Le mot vient de l’ occitan beluga qui signifie être ébloui mais est aussi à l’origine de bluette ( belluette ). Une personne qui a la berlue croit voir des choses non existantes, des hallucinations , mais également des points noirs, des mouches (problème de vue). Le mot berlue est apparu au XIIIe siècle, sous la forme bellue . Belluer signifiait, à l’époque, éblouir.
Expression : tenir la dragée haute
L’expression ‘ tenir la dragée haute à quelqu’un ‘ date du XVIIIe siècle et signifie lui tenir tête, lui résister, ne pas le laisser nous dominer, mais surtout bien lui faire sentir notre pouvoir sur lui. Le faire attendre longtemps et lui donner moins que ce qui serait espéré. Il y a plusieurs explications : 1- Un jeu consistait autrefois à tenir une friandise au bout d’un fil, que les enfants devaient attraper. Celui qui tenait le fil avait quelque part le pouvoir de favoriser ou défavoriser un enfant par ce jeu, selon sa volonté, donc de ‘ tenir les ficelles ‘, d’avoir un certain pouvoir ! 2 - Il existait autrefois une friandise pour chevaux , appelée ‘ dragie ‘ (botte de fourrage vert constitué de froment, avoine, vesce et sarrasin), qui leur était donnée dans le cadre de leur dressage en petite quantité, placée habituellement tout en haut du râtelier, hors de portée. Le but était d’apprendre aux chevaux à maîtriser leur ‘ gloutonnerie ‘.
Expression : le goudron et les plumes
L’expression ‘ le goudron et les plumes ‘ est utilisée pour humilier une personne. À l’origine, il s’agissait d’un châtiment corporel , apparu à l’époque des Croisades . On le trouve officiellement la première fois sous Richard 1er d’Angleterre en 1191. Il s’agissait de déshabiller la victime, de l’enduire de goudron chaud puis de plumes de volailles, et ensuite de la promener à travers la ville aux yeux de tous pour l’humilier. La punition a été utilisée plus tard en Amérique , exportée par les conquérants et y fut utilisée jusqu’au XXe siècle, notamment pour humilier les afro-américains sans raison autre que celle visant à les rabaisser aux yeux des blancs. Les Européens l’ont utilisée également dans les colonies . Après la Deuxième Guerre mondiale , suite à la Libération , des collaborateurs des Allemands (appelés aussi ‘ collabos ‘) subirent ce châtiment, surtout des femmes soupçonnées d’avoir eu des rapports intimes avec des soldats allemands pendant la guerre. Il n’est pas exclu que la pratique existe toujours mais de manière moins visible, dernier cas connu en 2007 près de Belfast, la victime étant suspectée de trafic de drogue. Par ailleurs, dans la bande dessinée de Lucky Luke , on remarque que les Dalton sont habitués, comme tous les tricheurs professionnels, à subir ce supplice.
Expression défrayer la chronique
Au XVIIe siècle, pour désigner l’art de faire rire et plus généralement amuser les convives, on utilisait l’expression ‘ défrayer la compagnie ‘ . Le verbe défrayer y signifie ‘ payer la dépense ’. Au fur et à mesure, l’idée s’est étendue à ceux qui ne sont pas là physiquement pour amuser, mais dont les extravagances sont sources de discussions et ragots divers, même à leur insu : défrayer la conversation pour devenir ensuite défrayer la chronique , cette dernière désignant ‘ les nouvelles ‘. L’idée comme quoi quelqu’un ‘paye ‘ est donc toujours présente ! Occuper le centre de la conversation, faire parler de soi.
Expression coincer la bulle
L’expression ‘ coincer la bulle ‘ signifie ne rien faire, attendre que les choses se passent, se reposer. Son origine est militaire . En effet, certains instruments de balistique (topographie) comportent un niveau dont la bulle doit être absolument immobilisée entre deux repères, et il faut attendre ensuite très longtemps avant de pouvoir s’en servir… donc se reposer en attendant ! De même pour certaines pièces d’artillerie lourde, à placer de manière impérativement horizontale, en s’aidant d’un niveau à bulle, de manière à assurer une position exacte. L’expression date du XXe siècle.
Origine du cordon bleu
Il y a le cordon bleu en tant que recette , mais également le cordon bleu en tant qu’excellent cuisinier .
InnocentLe cordon bleu de volaille pourrait venir du fait que pour réaliser la recette milanaise à base d’escalopes, les cuisiniers italiens attachaient les deux escalopes ensemble à l’aide de cordons de couleur bleue, puis les farcissaient d’ingrédients et les panaient. Mais cette explication n’est pas certifiée. Il est probable que la recette au grand succès ait été imaginée par un cuisinier cordon bleu , d’où le nom.
InnocentÀ l’origine, le cordon bleu constituait la plus haute distinction aristocratique sous l’Ancien Régime . C’était le symbole des chevaliers du Saint-Esprit ( Henri III – 1578), ordre qui regroupait les principaux chefs catholiques à l’époque des guerres de religion , contre les protestants . Le cordon bleu , symbole aristocrate , fut aboli par la Révolution française qui le remplaça par la Légion d’honneur . Cependant, les aristocrates gourmets avaient l’habitude de se réunir pour des repas gastronomiques et cultiver ainsi l’art de bien boire et bien manger. D’où l’expression ‘ faire un repas de cordons bleus . Le terme s’est ensuite déplacé vers les cuisiniers eux-mêmes, qui préparaient ces mets succulents.
Expression : un rhume carabiné
L’origine de l’expression avoir un rhume carabiné date du XVIe siècle et fait référence aux carabins , soldats de cavalerie légère qui possédaient des… carabines ! Mais quel rapport ? La violence et la soudaineté de l’apparition tout simplement ! Ces soldats avaient pour habitude de s’avancer jusqu’à la ligne de leurs ennemis et déchargeaient d’une seule traite leurs carabines dessus, puis repartaient vers leurs positions sans attendre de riposte. Effet de surprise garanti… et très efficace ! Le verbe carabiner vint de là, utilisé ensuite pour désigner des bourrasques de vent violent : un vent carabiné . Il fut ensuite utilisé pour désigner le rhume violent (qui peut arriver en toute saison sans prévenir) de par les accès de fièvre qui l’accompagnent, la soudaineté de son arrivée et ses désagréables symptômes.
Tirer à pile ou face – origines de l’expression
L’origine de cette expression ‘ tirer à pile ou face ‘ est très ancienne. Elle signifie qu’on laisse le hasard décider, selon de quel côté tombe la pièce lancée. Les Romains avaient pour habitude de décider ainsi du sort. Sur un côté des pièces antiques, était gravé le visage de Janus (dieu romain dont la tête possédait deux visages opposés, il était gardien des passages et des croisements, divinité de la transition, d’où plus tard Janvier , premier mois de l’année) et de l’autre côté le navire qui les avait amenées en Italie. L’ Église remplaça ces images païennes par une croix à la place de Janus (avers), qui devint la face. L’autre côté devient la ‘ pila ‘ (revers), symbolisant en latin médiéval la marque du coin servant à frapper les monnaies. Il fut coutume alors de dire ‘ croix ou pile ‘ . C’est après François 1er seulement qu’on remit un visage sur le côté face, et que l’expression devint ‘ pile ou face ‘ .
Bouillon de onze heures
Le ‘ bouillon de onze heures ‘ est destiné à empoisonner quelqu’un discrètement, l’expression ‘ donner le bouillon de onze heures ‘ est répandue depuis le XVIIe siècle mais existait déjà au XVIe siècle. Il s’agissait au départ d’une infusion somnifère (d’où l’heure tardive de l’expression) dans laquelle l’assassin versait une substance mortelle, ce qui en faisait autrefois ce que l’on appelle le crime parfait , ce n’est plus le cas maintenant en raison des progrès scientifiques qui permettent des analyses précises lors les enquêtes policières. Onze heures était associé à l’idée de dernière heure, minuit étant la première heure du jour suivant.
Tirer les rois – Epiphanie
Tirer les rois signifie manger la galette dans laquelle est placée une fève, le jour de l’ Épiphanie début janvier, logiquement le 6 janvier (Dictionnaire de Trévoux – 1771 – p.793) mais fêté traditionnellement le deuxième dimanche suivant Noël . Cette fête chrétienne célèbre la visite des rois mages à l’enfant Jésus . Le mot Épiphanie vient du grec Epiphaniea qui signifie apparition, manifestation. Son utilisation est antérieure au Christianisme , puisque les Épiphanes étaient des divinités grecques qui apparaissaient aux hommes (Zeus, Hermès, Athéna, Poséidon, Aphrodite etc.). La fête de l’ Épiphanie tire son origine dans les célébrations païennes de la Lumière , elle n’est donc pas que chrétienne. La galette, par sa forme ronde, y symbolise le soleil. Le Christ étant associé à la Lumière, la fête est devenue ensuite chrétienne. Dans la galette, est cachée une figurine et celui qui la trouve devient roi d’un jour. On trouve les premières traces de cette pratique dans les Saturnales de la Rome antique. Au temps des Romains , de cette manière, on tirait un roi éphémère au sort parmi les esclaves et les condamnés à mort, de manière à ce que symboliquement tout le monde soit sur le même rang d’égalité. Au Moyen Âge , la tradition évolua avec la fête des fous , lors de laquelle les classes sociales échangeaient leurs rôles (maîtres et domestiques), et où celui qui trouvait la fève (à l’époque, il s’agissait de vraies fèves) était nommé roi ce jour-là. La galette est coupée en autant de parts que de convives plus une part dans la tradition, destinée à être offerte au premier pauvre qui frapperait à la porte. Le saviez-vous ? La galette des rois de l’Élysée n’a pas de fève ! Pourquoi ? Parce que selon la tradition, un Président de la République ne doit pas être roi, même pour un jour, ni l’un de ses invités !
Sabler ou sabrer le champagne ?
Sabler le champagne ou sabrer le champagne ? Les deux existent… mais n’ont pas la même signification ! Beaucoup de gens les confondent d’ailleurs !
Sabler le champagne = le boire d’un seul coup, mais également en boire beaucoup lors de réjouissances. Il est comparé au métal en fusion que l’on coule dans le moule, opération appelée sablage (XVIIIe siècle). À l’origine, on mettait la bouteille de champagne dans du sable pour la rafraîchir. L’autre explication est qu’autrefois, la mousse étant irrégulière, on enduisait de sucre les parois du verre pour mieux faire mousser après les avoir humectées par l’haleine, ce qui leur donnait l’impression d’être sablées (aristocrates russes au XIXe siècle).
Sabrer le champagne = manière d’ouvrir la bouteille de champagne avec un sabre ou autre objet coupant, au lieu de faire sauter le bouchon. La lame du sabre doit longer le fil du muselet, puis buter rapidement, sèchement contre le rebord du col. Les régiments de cavalerie de nombreuses armées, et notamment les hussards de l’armée napoléonienne, avaient l’habitude spectaculaire de faire sauter le bouchon d’un revers de sabre.
Se mettre sur son trente et un >
L’expression ‘ se mettre sur son trente et un ‘ (sans trait d’union contrairement au jeu de cartes du même nom qui prend 2 traits d’union) signifie ‘ se mettre dans ses plus beaux habits, ses plus beaux atours ‘. L’origine la plus plausible provient de trentain (du XII au XVe siècle) qui était un drap de qualité supérieure. La chaîne de ce drap de luxe moyenâgeux était composée de trente centaines de fils, et l’expression signifiait ‘ revêtir ‘.