« Tortilla Flat » offre le meilleur des dérivatifs
casaniers à l’humidité de cet avril.
Sans doute serait-il plus astucieux de donner cet ouvrage à
commenter par les membres des réunions d’alcooliques anonymes.
Ces aventures de pauvres hères de l’Amérique profonde sont
réjouissantes pour un lecteur ( ventre plein et conscience relativement en
paix) avide de dépaysement et de bons auteurs .Ces pauvres bougres sont
pathétiques dans leur roublardise inefficace et leur « morale »
élastique.
Systématiquement toute bonne action se retourne contre son
auteur, involontairement, mais le plus souvent sciemment avec un habillage
d’intentions honnêtement avinées…
Pourtant à leur manière ils ont la bonté fraternelle et
primaire des ivrognes. Les amitiés entre épaves et chiens errants, les
espoirs toujours renouvelés et déçus et les ambitions qui s’arrêtent à posséder
un gallon de vin sont soutenus par une philosophie délirante.
« Il est stupéfiant de constater que le revers de toute
action noire est blanc comme neige. Et il est décourageant de constater combien
sont lépreuses les parties secrètes des anges. »
Danny et ses amis, tous conteurs émérites, se défient dans des concours
truculents qui portent sur les récits des aventures rabelaisiennes de la faune de Tortilla Flat.
Plus
on avance dans le roman plus il est drôle, une progression dans le délire qui s’achève
dans une flamboyante apothéose.
Jubilatoire.