lundi 29 novembre 2010

Absence

Tu es parti,
L’après midi je m’enfonce dans les coussins moelleux de mon fauteuil profond.

Je prends mon tricot, c’est une écharpe à rayures, du bleu marine, du bleu ciel, masculine. J’intercale une ligne blanche au point de riz. Difficile. Je me trompe, alors je défais quelques rangs et je recommence. Mon regard est captif de la danse des aiguilles rythmée par leur tic-tic métallique. Sur le haut des tiges qui se dédorent, en relief, un No, le 4, c’est une faute de goût qui m’obsède, j’aurais dû prendre du No3 ; le travail aurait été bien plus fin ! Je compte les rangs, et dans les rangs les points : une maille à l’endroit, une maille à l’envers…

A l’étage au dessus Lucette épèle laborieusement « La lettre à Elise », des sons discordants et le piano cale toujours au même passage…..

C’est le moment du goûter de M. Gustave, l’odeur puissante de sa chicorée envahit mon espace. Non, l’étourdi, il a oublié de retarder sa pendule comme chaque année à l’automne ; il n’est encore que 3 heures !!
Une maille à l’endroit, une maille à l’envers…

Tu es parti.
Ton visage inoubliable ; le sourire apaisé, maintenant, avec tendresse sur l’épaule nue de Robert.


HAIKU

L’heure s’étire
Mes mains noyées dans la laine
Tu es parti

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