mercredi 20 novembre 2013

Conversation avec Cora -2-



- Ma chère Cora je suis impatience de connaitre le sort des hommes de votre famille après ce terrible conflit.
-  Un beau matin sans avertir  de leur démobilisation Antoine et Jean sont revenus chez eux à Tarbes, dépenaillés, harassés, blessés mais tellement heureux de se retrouver. Plus tard ils ont eu des nouvelles de Charles et  de Dominique ;
- Alors ils sont revenus vivants tous les quatre ?
- Oui, et c’était un vrai miracle, dans chaque famille proche ou amie il y avait au moins un mort.
 Mon père est resté longtemps hospitalisé.  Il avait recouvré la vue mais un poumon était irrémédiablement perdu. Le jeune médecin militaire qui le soignait lui a expliqué le dilemme :
- Ou tu ne fais rien et tu deviens vite un vieillard impotent ou je t’envoie faire du sport à outrance tout en reprenant tes études, ce sera dur et il  faudra t’accrocher. Tu auras des chances d’avoir une vie normale. Tu as dix huit ans cela vaut la peine de tenter le coup, non ?.
Après une permission à Tarbes ( tu peux imaginer l’ambiance ) mon père a intégré l’école militaire de Joinville, pratiqué tous les sports à haut niveau. Il en est sorti moniteur au bout de quelques mois.
Mais il manquait Dominique. Alors là tu vas croire que je romance mais c’est, comme pour tous mes récits, l’exacte vérité.
Dominique criblé de balles gisait au milieu de cadavres et de blessés dans le no mans land ou peut être même sur les lignes ennemies. Un officier chargé d’achever les blessés irrécupérables lui tire une balle dans la tête.
Profitant d’une accalmie un médecin militaire allemand suivi de ses brancardiers récupère les blessés. Se penchant sur mon oncle  qui respire encore, il voit sur sa plaque d’immatriculation que c’est un natif de Tarbes. Coïncidence extravagante le parrain de ce médecin est l’évêque de Tarbes. Et voilà mon Dominique embarqué dans un hôpital allemand.
- Cora vous n’avez pas dit qu’il avait été achevé ?
- Mais justement c’est ce qui est extraordinaire ! On a pu le guérir de ses  blessures mais on n’a pu extraire la balle logée dans l’os du crane.
- Inouï, mais il a du garder des séquelles ?
- Cora s’esclaffe, oui, si on considère que l’amour des armes est une tare… Je plaisante, cela ne l’a absolument pas handicapé, il a eu une brillante carrière et fait la seconde guerre mondiale comme lieutenant- Colonel, aide de camp du Général Delattre De Tassigny.
Enfin ils se sont tous retrouvés le père et les trois fils avec la mère et ses deux filles, elles  pratiquement réduites à la misère mais fières et ne demandant rien à personne. Heureusement !  Car il ne fallait compter sur aucune aide, comment peux tu comprendre cela petite, pas de soutien, pas de sécurité sociale, ni d’allocations familiales ou autres. Moralité : les hommes  ont rangé leurs décorations et les certificats de leur "vaillance face à l'ennemi" et autres faits d'armes dans un tiroir et se sont remis au travail. Antoine a fabriqué trois enfants de plus à ma grand-mère... et la vie a continué.


- Mais, mais, Cora votre grand’mère avait donc neuf enfants dans cette époque difficile ? 
Pourriez- vous me parler d'elle?

- Bien sûr, je vous conterai ma Mémé du Val d’Aran.


6 commentaires:

  1. je le mets dans mon sac et te fais un retour pour le 1 et le 2
    c'est chouet , je suis trés heureuse de ton initiative.
    je t'écris dés la lecture. bisous

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  2. Como siempre tus artículos hacen pensar a tus seguidores
    Saludos

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  3. ¡¡Quelle histoire magnifique!! (sof la balle au crane dÁntoine)

    Bissous

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  4. Quelle Histoire !!! On a peine à croire qu'ils en sont sortis vivants !
    Bisous

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  5. je suis ces belles conversations de près....
    bizzzz

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