jeudi 31 mai 2018
L'ignoble boucherie
Le livre de Pierre Lemaitre, prix Goncourt est magnifique, le film qu'il a inspiré l'est tout autant.
Je me souviens de ma vieille amie Cora parlant de son père, son héros:
"Enfin le 18 octobre 1917 Charles avait eu 18 ans! Il pouvait enfin s'engager au Service de la Patrie comme les dirigeants incitaient à le faire tous ceux "conscients de leur devoir'. Son père et ses trois frères aînés avaient été mobilisés dés le début ses hostilités. Envoyer un père et ses quatre fils au front, on ne faisait pas dans la dentelle à l' État Major...
Charles, mon père,revenu à la vie civile après l'armistice n'aimait pas évoquer l"année terrible qu'il avait passée . Plus tard, lorsque j"étais une jeune adolescente il se confiait quelque fois à moi seule, tant il faut croire, qu'à l'instar de ces fictions, seul un jeune esprit peut sans doute ressentir le supplice vécu par ces soldats encore des enfants dans leur chair et leur âme.
Charles avec tout un contingent de bleus avait été expédié directement sous la mitraille "chair à canon" innocente , ces gamins chaque jour perdant leur bel enthousiasme patriotique, obéissant à des combats imbéciles d'où ils revenaient de moins en moins nombreux...
Charles avait tout vécu : le froid, la faim, la boue et les rats dans les tranchées le vacarme des bombardements, les corps à corps sanglants, les camarades dont on ramassait les morceaux... Lui avait été secouru à la pelle alors qu'un obus tombé tout près l'avait enseveli au retour d'une "sortie".
Début novembre 1918, comme un joueur de poker malchanceux qui pour en finir jette tout sur le tapis, les généraux envoyaient au massacre les derniers contingents, suprême coup inhumain de bluff militaire
Charles aveuglé, gazé, les poumons brûlés par l' ypérite avait "fêté" l'armistice dans un hôpital où les médecins avaient regroupés comme étant les premiers à sauver en priorité...si possible, les plus jeunes soldats, avec une majorité de "gueules cassées".
Quand il a pu recouvrer la vue Charles a retrouvé son beau visage intact et puisé dans son image intacte le courage de survivre.
Il me racontait ces visages mutilés, troués, déformés les pleurs de ces jeunes hommes à la vie définitivement brisée.
Je me souviens de son clin d'oeil complice quand ses proches disaient: -Charles est très coquet". Rasé de très près , lotionné, ses cheveux ondulés parfumés à la violette et le beau regard triste à jamais de celui qui n'oubliera pas."
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JE reviens ma chérie.
RépondreSupprimerLo siento, mi francés...
RépondreSupprimerJe hais la guerre....Une absurdité......On a mieux à faire !!
RépondreSupprimerje suis toujours épaté de voir que le citron donne encore son jus. Je ne parle pas de ceux et celles, qui dans leur famille ont souffert de concert mais de certains qui parasitent l'histoire, pas la leur, la vraie pour en tirer quelques bénéfices.
RépondreSupprimerBzzz...
Hoy va de todo; guerra, miseria y hambre, pero la historia no la podemos borrar, lo que debemos procurar es que no se repita.
RépondreSupprimerBesos.
et cela donne un magnifique film!! Le meilleur de l'année 2017 pour moi .
RépondreSupprimerLos libros están llenos de heroes que casi nunca llegaremos a conocer
RépondreSupprimerMagnifique, Jaky !
RépondreSupprimerTant de souvenirs : ... moi-même enfant lorrain côtoyant ces anciens combattants, vendant avec eux les billets de loterie "Les gueules cassées", la distribution des "bleuets" chaque 11 Novembre, … Merci à toi de ranimer leur souvenir !
Je n'ai pas vu le film mais j'ai lu le roman.
RépondreSupprimerUn livre qui m'a marquée!
Par chance, mon père n'avait que 13 ans et demi au moment de la déclaration de guerre.
RépondreSupprimerLa cultura es la llave del saber estar
RépondreSupprimerPierre Lemaitre, es una asignatura pendiente, tuve hace poco entre mis manos el libro del que hablas, "Nos vemos allá arriba" y no me decidí, pero me han entrado ganas de leerlo.
RépondreSupprimerGracias Manouche, por este recordatorio.
Un beso,