-Je t’entends mon amie, ouvre la
porte, entre, excuse moi je suis bloquée
dans mon fauteuil.
- Voilà, voilà, je suis là, je
cours vous embrasser. Cora je suis désolée il y a trop longtemps que je ne vous
ai pas rendu visite.
- Tant pis pour toi, petite, tu vas me trouver bien
changée. Tourne-toi vers la lumière que je me régale de ta jeunesse et de ta
beauté.
-Allons, changée non, mais
soucieuse c’est évident. Votre santé ?
- Non, elle est suffisante pour
ce qu’il me reste à faire, c’est celle du monde qui me préoccupe.
- Les mouvements sociaux, les
gilets jaunes ?
- Surtout pas. Je me réjouis de
toutes ces paroles libérées. Je souhaite de tout cœur qu’épurées des excès et
des violences elles amènent plus de justice sociale. Ce qui m’a réellement
effrayée c’est une inscription sur la vitrine d’un magasin. On n’est plus
étonné de lire dans des lieux publics
des injures raciales, homophobes ou autres laissées là, comme avant tout, des
témoignages de la méchanceté et de la
bêtise de leurs auteurs. Mais ce qui m’a fait froid dans le dos c’est de lire
ce mot « Juden », en allemand et si bien calligraphié. Ce n’est pas
un tag ordinaire mais une froide injure terrible rappel des horreurs passées.
J’ai immédiatement pensé à mon ami Colette honteusement affublée de l’étoile
jaune assise à mes côtés sur un banc de l’école primaire nos camarades
pétrifiées la regardant comme une étrangère, aux portes amies sur lesquelles
était inscrit « Juden »... Vers la fin de l’occupation les troupes n’étaient plus composées que de
d’adolescents et de vieillards. Armée en déroute vêtue d’uniformes vert de gris
en tissu grossier et de bottes informes. Excités par l’odeur de ces
accoutrements les chiens aboyaient sur les talons, mon Bobby en particulier montrait
ses dents. Un jour, sous nos quolibets, un soldat l’avait poursuivi en vain,
révolver au poing. Chaque jour la Résistance se renforçait, progressait de jour
en jour... Tout cela pour t’expliquer que nous n’avions plus peur de cette
armée de fantoches en déroute. Jusqu’au jour où dans nos campagnes quelques
informations filtraient concernant l’abominable sort fait aux juifs. Le pire
avait donc eu lieu. Et maintenant ce rappel …Qui a osé ?
- Oh, Cora je n’avais pas fait
attention !
- Vous les jeunes vous avez le
pouvoir de lutter pour la liberté, la démocratie, agissez, ne soyez pas
aveugles.
- Je suis désolée de devoir vous
laisser seule avec ces préoccupations.
- Ne t’inquiète pas mon grand
âge m’exonère de toute responsabilité. Par ailleurs je ne suis jamais seule, si
mon corps impotent git dans ce fauteuil, mon esprit est avec ceux que j’aime. Il se pose sur les fleurs du
camélia, joue entre les branches de l’olivier d’où il s’élève jusqu’au bleu
dans la chaleur des ascendances et puise toute la tendresse du monde dans les
yeux du chien.
Bonjour manouche .. quelle bonne conversation, et combien de choses sont dites réalité et blessent la sensibilité, mais j'aime bien cette phrase ..
RépondreSupprimer"Vous, les jeunes, avez le pouvoir de lutter pour la liberté, la démocratie, d'agir, ne pas être aveugles." C'est notre espoir, ne le perds pas..
Una abraçada.
L'histoire continue…..Les leçons ne servent à rien !!Moi aussi quand j'ai vu cette inscription, ça ma foutu un coup!!
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