-Ah ma jeune amie comme tu m’as
manqué pendant ces longues semaines de confinement ! J’aimerais tant
pouvoir t’embrasser, au moins voir plus de ton
joli museau masqué !
- Vous faites partie des
« personnes à risque », on a vite adopté tout ce nouveau vocabulaire,
aussi j’ai préféré ne pas risquer de vous « contaminer ». Vous n’avez
pas trop souffert de « l’isolement » ?
- Ma pauvre chérie je suis
« isolée », « confinée » depuis des années si je n’avais
pensé qu’à moi j’aurais été ravie : longtemps que je n’avais eu autant de
messages internet, d’appels téléphoniques, de
lettres de proches forcés à l’inactivité mais j’avais beaucoup de souci
pour les miens dont ma petite fille médecin « en première ligne »
depuis le début de la « pandémie ».Qui mieux que moi peut comprendre
le choc produit par l’arrêt de la vie professionnelle, la solitude,
l’enfermement, le manque de vie familiale, amicale et sociale Mes enfants me manquent cruellement.
- Vous avez gardé bon
moral ?
- Difficilement, il faut dire
que la radio et la télévision ne nous y aidaient pas. Un vrai matraquage,
donner des consignes de prudence, rabâcher les « gestes sanitaires »,
d’accord, mais nous infliger plusieurs fois par jour le terrible décompte des
victimes du Coronavirus était exagéré et tout à fait anxiogène surtout pour les
personnes seules.
Pour moi cette prise de
possession de l’Etat et de notre vie privée par le domaine de la Santé est tout
à fait nouvelle.
Les époques de grippe de Hong
Kong de grippe asiatique et autres étaient beaucoup plus discrètes. Certes il y
avait des victimes mais la vie continuait et le corps médical ne dictait pas
ses décisions au gouvernement.
- Vous le regrettez ?
- Pas du tout. Nous sommes les
« enfants de la Patrie », patrie qui se devait de nous protéger de
cette « guerre ».
D’ ailleurs la réaction des
gouvernements a été mondiale et comment pourrait-il en être autrement à une
époque d’information instantanée et
globale ? Est-ce parce que nous avons pris l’habitude de la sécurité,
de l’assistanat, d’un oubli confortable de la responsabilité personnelle ?
Il n’empêche, il ne faudrait pas
avoir trop vécu … j’ai le souvenir de mes parents racontant l’horreur de la
grippe espagnole. C’était la fatalité qui faisait des victimes, on les pleurait
mais il fallait bien continuer à vivre. Enfants nous savions la possibilité de périr d’un de ces
fléaux aujourd’hui oubliés.
Parmi nos camarades de classe il
y avait des victimes de la rougeole, de la tuberculose et de la poliomyélite
qui faisait des petits infirmes. Je t’assure que nous savions nous savonner les
mains et nos mères faisaient grand usage de savon de Marseille, d’eau de javel
et d’alcool.
- En tout cas vous avez dû
constater l’obéissance de la population ?
- Oui, la peur est un grand
maitre, et Dieu sait qu’on a su la faire
naître et croitre.
Maintenant au cas où nous
serions rassurés donc imprudents, on parle de la possible « seconde
vague » même peut être d’un nouvel « assaut » en septembre. On
prophétise un avenir de « confinements » en
« déconfinements »…
.Malgré mes quatre vingt onze
ans j’ai toujours l’esprit curieux et j’aimerais bien savoir quelle va être « la
société d’après"?
Plus consciente, responsable,
solidaire ou le profit mènera-t-il toujours le monde ?
-Cora je dois vous quitter et me
remettre à mon télé travail, je m’y suis tellement habituée que je n’ai aucune
envie de retourner au bureau et de retrouver mes collègues.
- File, tu me rends
malade !!
Bien vu, bien conté.
RépondreSupprimerBon dimanche!
C'est comme cela que j'ai vécu les événements. Beaucoup d'informations anxiogènes et souvent contradictoires, trop de spécialistes donnant leur avis et des mesures parfois critiquables !!
RépondreSupprimer¡Que'l sprit magnifique a Cora a ses quatre vingt onze ans!
RépondreSupprimerBisous x 2