samedi 23 mai 2020

Conversation-41- avec Cora .


-Ah ma jeune amie comme tu m’as manqué pendant ces longues semaines de confinement ! J’aimerais tant pouvoir t’embrasser, au moins voir plus de ton  joli museau masqué !
- Vous faites partie des « personnes à risque », on a vite adopté tout ce nouveau vocabulaire, aussi j’ai préféré ne pas risquer de vous « contaminer ». Vous n’avez pas trop souffert de « l’isolement » ?
- Ma pauvre chérie je suis « isolée », « confinée » depuis des années si je n’avais pensé qu’à moi j’aurais été ravie : longtemps que je n’avais eu autant de messages internet, d’appels téléphoniques, de  lettres de proches forcés à l’inactivité mais j’avais beaucoup de souci pour les miens dont ma petite fille médecin « en première ligne » depuis le début de la « pandémie ».Qui mieux que moi peut comprendre le choc produit par l’arrêt de la vie professionnelle, la solitude, l’enfermement, le manque de vie  familiale, amicale et sociale  Mes enfants me manquent cruellement.
- Vous avez gardé bon moral ?
- Difficilement, il faut dire que la radio et la télévision ne nous y aidaient pas. Un vrai matraquage, donner des consignes de prudence, rabâcher les « gestes sanitaires », d’accord, mais nous infliger plusieurs fois par jour le terrible décompte des victimes du Coronavirus était exagéré et tout à fait anxiogène surtout pour les personnes seules.
Pour moi cette prise de possession de l’Etat et de notre vie privée par le domaine de la Santé est tout à fait nouvelle.
Les époques de grippe de Hong Kong de grippe asiatique et autres étaient beaucoup plus discrètes. Certes il y avait des victimes mais la vie continuait et le corps médical ne dictait pas ses décisions au gouvernement.
- Vous le regrettez ?
- Pas du tout. Nous sommes les « enfants de la Patrie », patrie qui se devait de nous protéger de cette «  guerre ».
D’ ailleurs la réaction des gouvernements a été mondiale et comment pourrait-il en être autrement à une époque d’information instantanée et  globale ? Est-ce parce que nous avons pris l’habitude de la sécurité, de l’assistanat, d’un oubli confortable de la responsabilité personnelle ?
Il n’empêche, il ne faudrait pas avoir trop vécu … j’ai le souvenir de mes parents racontant l’horreur de la grippe espagnole. C’était la fatalité qui faisait des victimes, on les pleurait mais il fallait bien continuer à vivre. Enfants nous  savions la possibilité de périr d’un de ces fléaux aujourd’hui oubliés.
Parmi nos camarades de classe il y avait des victimes de la rougeole, de la tuberculose et de la poliomyélite qui faisait des petits infirmes. Je t’assure que nous savions nous savonner les mains et nos mères faisaient grand usage de savon de Marseille, d’eau de javel et d’alcool.
- En tout cas vous avez dû constater l’obéissance de la population ?
- Oui, la peur est un grand maitre, et Dieu sait qu’on a su  la faire naître et croitre.
Maintenant au cas où nous serions rassurés donc imprudents, on parle de la possible « seconde vague » même peut être d’un nouvel « assaut » en septembre. On prophétise un avenir de « confinements » en « déconfinements »…
.Malgré mes quatre vingt onze ans j’ai toujours l’esprit curieux et j’aimerais bien savoir quelle va être « la société d’après"?
Plus consciente, responsable, solidaire  ou le profit mènera-t-il toujours le monde ?
-Cora je dois vous quitter et me remettre à mon télé travail, je m’y suis tellement habituée que je n’ai aucune envie de retourner au bureau  et de retrouver mes collègues.

- File, tu me rends malade !!

3 commentaires:

  1. Bien vu, bien conté.
    Bon dimanche!

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  2. C'est comme cela que j'ai vécu les événements. Beaucoup d'informations anxiogènes et souvent contradictoires, trop de spécialistes donnant leur avis et des mesures parfois critiquables !!

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  3. ¡Que'l sprit magnifique a Cora a ses quatre vingt onze ans!

    Bisous x 2

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