Coline avait été absente des cours au lycée pendant une
grande partie du second trimestre. Très ennuyeux plus encore que de souffrir
d’une étouffante bronchite asthmatiforme
de perdre un temps d’étude précieux. Surtout en terminale S.
Excellente élève Coline
se disait que son année était en danger, peut-être même la possibilité de
passer les concours des grandes écoles. En résumé c’était grave.
Elle restait à la maison choyée plus que jamais par sa chère
maman.
Ah ! Sa mère, Coline avait une véritable adoration pour
cette femme encore très jeune et particulièrement brillante. Candice née en
Côte d’ivoire de parents coopérants avait été très influencée par la culture
Baoulé et même initiée, enfant, à certains secrets du chaman qui lui avait
appris, entre autres, les vertus des plantes. De retour en France elle avait
épousée à peine sortie de l’adolescence celui qui allait devenir le père de
Coline. L’enfant l’avait peu connu puisqu’il était décédé peu après sa
naissance d’un mal non répertorié, mais que les ivoiriens, si on les avait interrogés
auraient qualifié de « courte maladie », celle que contracte le
malheureux dont on convoite la fortune. « Pourquoi
attendre « ? Tel était le justificatif des noires commères sur
les marchés de Treichville…Mais ici cela restait un mystère et on plaignait
cette superbe veuve, se réjouissant toutefois que dans son malheur elle soit
bien pourvue matériellement.
On l’admirait d’autant plus que, très intelligente elle
avait créé son agence d’assurance adoubée, marque infaillible de réussite dans
ce domaine, par la « Lloyd- life » hi self.
Bien entendu elle n’était pas restée seule bien longtemps,
elle avait épousé un entrepreneur en
travaux publics fou d’amour. Il n’avait pas sa classe aristocratique
mais possédait la plus grosse fortune du canton. Qu’il soit décédé
assez rapidement ayant laissé à son
épouse, grâce à l’assurance qu’elle lui avait fait souscrire, un énorme matelas
sur lequel elle pourrait dormir tranquille jusqu’à la fin de ses jours, même de
ceux de Coline, n’inquiéta personne. Candice aimait sa fille très tendrement et
agissait pour son bien...Ce décès brutal ne parut pas suspect, surtout au jeune inspecteur de police qui partageait
souvent les diners fins de ces dames et tenait compagnie à Candice quand Coline était partie se coucher.
L’attention des jeunes célibataires qui savent distraire de
leur chagrin les jeunes veuves opulentes à tous points de vue, est vraiment
admirable et n’a d’égal e que l’amabilité de ces dernières pour les individus
susceptibles de leur créer des ennuis. Décidemment le monde est bien fait.
Coline n’avait pas l’éclatante beauté de sa mère mais la
fraîcheur de ses dix sept ans comblait
largement le déficit. Tout allait donc pour le mieux jusqu’à ce coup de froid
aux conséquences vraiment catastrophiques
en cette année d’études terminales au lycée.
Malgré les visites de ses camarades lui apportant avec leur amitié les cours
manqués, elle se sentait complètement larguée en particulier dans les matières
dites principales, les maths par exemple.
- Maman, aide- moi.
- Ma chérie, je serai demain au conseil des parents d’élèves et je vais parler à ton professeur de maths.
- Ma chérie, je serai demain au conseil des parents d’élèves et je vais parler à ton professeur de maths.
- Qu’est ce que tu vas lui dire ? S’inquiète Coline,
les joues toutes rouges. Ce prof de maths qui ressemble à Brad Pitt en plus
viril, est, cerise sur le gâteau : célibataire. Toutes les élèves en sont folles.
Pour Coline c’est plus sérieux elle
l’aime. Grave.
Les mathématiques avaient grâce à lui des charmes poétiques
inconnus rendant attirantes jusqu’aux différentielles ! Le travail devenait
presque un plaisir et quand elle rendait son devoir et que ses yeux rencontraient
le regard du prof, c’était l’extase. Il lui semblait voir dans le regard aimé
la même passion que celle qui l’animait… et maman allait lui parler, et
lui parler d’elle !
- Devine ma chérie ce que j’ai obtenu de M. Liez ?- Le
cœur de Coline s’arrête un instant.-
-Il a promis de venir deux fois par semaine, le soir, te
donner des cours de rattrapage, jusqu’à ta guérison.
- Maman tu es merveilleuse. Les deux femmes s’étreignent
avec tendresse.
Dans cette heureuses perspective Coline reprenait des forces ce qui, on le sait est l’heureuse conséquence chez les jeunes filles d’un regain de coquetterie et se sentait déjà
mieux. Ainsi, deux fois par semaine après le dîner auquel il était régulièrement convié,
M. Liez et Coline se plongeaient dans la
joie des fractales et autres gracieusetés.
Candice se retirait discrètement.
Coline travaillait d’arrache pied. Ils s’installaient côte à
côte sur la grande table du salon, elle sentait près de la sienne la chaleur de
sa cuisse, leurs visages rapprochés se reflétaient sur l’écran de l’ordinateur.
Elle pensait : comme nous sommes beaux ! Coline apprenait le bonheur. Sa mère indulgente et complice
donnait l’impression de comprendre et approuver.
Puis elle a guéri, elle a renoué avec sa vie de lycéenne,
sage mais amoureuse. « Mathématiquement » toutes ces heures passées
dans un tête à tête intime ne pouvaient
avoir laissé M. Liez indifférent.
Coline en était sûre,
un jour prochain il allait se déclarer.
Ce samedi après -midi
pluvieux, Coline revient de l’école de danse où son cours de hip- hop a été
annulé. Elle va faire une surprise à sa mère qui doit lire dans sa chambre.
Avec une grande économie de bruit elle confectionne dans la cuisine ce chocolat
épais, à l’espagnole, dont Candice est friande.
Un plateau, quelques churros
autour de la tasse de chocolat dont la vapeur odorante s’élève dans
l’escalier. La porte de la chambre de Candice est entrebâillée, Coline la
pousse du pied. Un cri. Un vacarme de vaisselle brisée.
Dans le grand lit, redressés, surpris, à peine couverts par
le drap de satin rose M. Liez et Candice ouvrent des yeux épouvantés !
Puis sur le visage de Candice se forme un sourire qui veut dire : ce n’est
plus la peine de tricher, finie l’hypocrisie, c’est la vie, ma pauvre
fille ! Un rictus ironique qui glace
Coline. Dans la seconde elle réalise tout ce qui pour elle n’était que
mystère inconsciemment ; ou consciemment, pour ne pas abimer leur superbe relation.
Tout à coup c’est la compréhension
immédiate d’un contexte scabreux, un éclairage brutal sur ce qu’elle n’avait
jamais osé envisager.
Ses yeux s’ouvrent dans l’instant à toutes les terribles
réalités : La duplicité de Candice ses veuvages providentiels ! Mais Coline ne pense pas, elle souffre intensément
de cette double tromperie ; elle devient comme un papillon qui sort
douloureusement de son douillet
cocon ; elle hurle :
– Oh !
Maman !
Dans ce cri il ya son
innocence perdue, sa confiance et son amour bafoués. Brutalement elle se sent
si vieille…
Le monde des désillusions et des douleurs s’est enrichi d’une
nouvelle adulte.
Toi, c'est Cruella d'Enfer ton vrai nom!!!
RépondreSupprimerA veces, la vida da golpes duros y, a veces, aprendes de ellos.
RépondreSupprimerSaludos
Eh oui !
RépondreSupprimerDure, dure la vie, ... surtout aux coeurs (trop) tendres.
Bisous
Bien vu. Un petit texte très intéressant (Mais pourquoi les profs de maths sont-ils toujours hyper sexy !!!)...
RépondreSupprimerLes veuves joyeuses, on connait bien, dans ma (sainte) famille...
:)
Sinon j'ai répondu à ton commentaire, sur mon blog.
Je ne suis pas un maître, Manouche : ne m'appelle pas comme ça, même pour rigoler. :/
RépondreSupprimerPar contre je suis petite (1m50) et verte (de rage), donc, Yoda, ça peut coller. :D
Que la vie est cruelle !!
RépondreSupprimeret... figure-toi, que ces trucs là , ça arrive PLUS souvent qu'on le croit !
RépondreSupprimerfoi de prof !
AH! ces femmes fatales aux amours foudroyantes!!!!!
RépondreSupprimerun conseil, messieurs, pensez à vous munir au bout de vos cornes d'un paratonnerre........
bellemiche