- Pas la peine de sortir deux voitures je passe te prendre
me téléphone mon amie Michèlle…
A dix sept heures, exacte comme un coucou suisse mon amie se
gare devant le portail.
Ma vie sans problèmes n’étant plus qu’un vague souvenir, je
me livre au cérémonial d’abandon momentané du prince Igor (d’Hossegor).
Je l’installe dans la véranda, porte ouverte sur le jardin
récemment grillagé à son intention. Je lui explique avec moultes caresses,
qu’il doit rester sage, que je vais revenir vite et malgré son air absent, je le
laisse, persuadée que son « acquis dans le langage » lui a permis de
me comprendre parfaitement.
Bien, nous voilà parties pour la conférence musicale donnée
à la fac par notre talentueux ami Henri V à propos de Charles Trenet. Nous
rentrons au crépuscule chantant à tue-tête les refrains les plus entrainants
de l’artiste. En arrivant devant chez moi je suis effarée de voir se dresser
devant la voiture, dans la lueur des codes, mon voisin, un grand malade qui
sort très peu et seulement de jour… quand il fait beau, se dresser devant le
capot, bras en croix comme à Tian’ Anmen. Avant que Michelle coupe le moteur,
au moment où je descends inquiète, le brave me hurle comme un mari
jaloux :
- Où étiez-vous ? Je lui réponds, poliment interloquée,
avec une folle envie de rire :
- Je suis allée avec mon amie à une conférence et suis
sortie durant deux heures. Je m’aperçois
alors qu’il n’est pas seul mais entouré d’un groupe formé de mes plus proches
voisins, avec lesquels j’ai d’habitude,
des relations d’une courtoise indifférence. Là, je les vois inquiets. On me
raconte :
- Votre chien s’est échappé sous la pluie battante. Une dame
amie des bêtes l’a recueilli sur la route où il slalomait au milieu de la
circulation et l’a amené chez un vétérinaire. Grâce au tatouage la dame a eu
vos coordonnées et vous a téléphoné. Ennuyée
par ces appels sans réponse elle s’est rendue dans le quartier et frappé à une
porte . Nous avons alors constaté que votre voiture était garée sur trottoir. Nous avons pénétré dans le jardin,
puis la véranda et avons constaté que la porte d’entrée était fermée . Inquiets nous avons sonné, frappé, retéléphoné, en vain. Vous êtes inconsciente,
quand on vit seule on laisse à un voisin un double des clés et les coordonnées
de quelqu’un à avertir en cas de difficulté ! Vous rien ! On a envoyé
les plus agiles faire le tour par les jardins de derrière, ils ont constaté que
les volets étaient fermés…
Mon bon voisin, ancien maire, reprend la parole :
- Alors nous avons pensé qu’il vous était arrivé un problème
et j’ai appelé police secours. Oh ! J’allais oublier de les rappeler pour
annuler : ils m’avaient assuré que
la patrouille était en route...
Au fur et à mesure que je les écoutais mon court fou- rire
avait laissé la place à une vague de tendresse et dans un élan de
reconnaissance je me suis jetée au cou
de chacun.
La dame qui avait sauvé Igor, ayant laissé son numéro
quelqu’un l’a appelée, j’étais encore un peu K.O quand venant de l’autre bout du canton elle
m’a ramené le fugueur. Encore des embrassades.
Rentrés au calme et à l’abri mon catastrophique compagnon et moi avons épongé
de conserve notre traumatisme. Igor sur mes genoux inerte comme un vieux gant
de toilette, moi le cœur remué par la
bonté de tous ces gens.
Au matin le bestiau sautillait de nouveau, guilleret, entre
ses crottes fin prêt pour une nouvelle série de bêtises. Moi, je faisais du
porte à porte avec champagne et chocolats et surtout remerciements
sincères .
J’ai fait des essais et constaté que sous cette épaisse
bourre de poils Igor a la stature athlétique d’un rat moyen. Grillage à refaire.
Je l’avais dit que je ne voulais pas de chien.
Quand même, merci
Igor !
J'en pleure d'émotion!
RépondreSupprimerMais, si je peux te faire profiter de ma looooongue expérience de cohabitation avec des compagnons poilus (trop gâtés, mal dressés..oui, oui, je sais... tiens? ça rime!), donc de cette expérience je peux te dire qu'aucun grillage n'arrêtera un chien. Parce q'un chien, ça fait des trous et quand ça ne passe pas au travers, ça passe dessous. Et ils ont toujours une bonne raison pour le faire... te chercher ou suivre une chienne "qui sent bon" ou toute autre raison cohérente à leur esprit
Moralité: le chien ne peut rester seul que dans un endroit clos (aéré tout de même) et fermé à clef. Laisser une clef à quelqu'un ou dans une cachette que quelqu'un de proche connaît en cas de danger. Et là tu peux laisser Charles Trenet puisque ton chien, lui est bien rangé.
Bise à Igor... il a vraiment une bonne bouille
PS- La véranda, c'est parfait...à condition qu'elle soit fermée. Il peut voir ce qui se passe dehors, il ne s'ennuie pas.... maintenant.... si tu as des plantes fragiles....
RépondreSupprimerRooh là, là, mais quelle histoire ! Au moins tu peux compter sur la vigilance de tes voisins et leur amitié... Il semblerait que ton Igor soit très dépendant de toi... cela devient très fusionnel !!! :-)
RépondreSupprimerBISOUS et remets-toi Manouche de ces belles émotions !
de Igor Barrère à Igor barrière... Wouaf ! Je me poile...
RépondreSupprimerBzzz... : )
Ah ben bravo à Igor!
RépondreSupprimerGrâce à lui tu sais maintenant que tes voisins ne sont pas des individualistes indifférents!
***
Bises et bon weekend à vous deux.
Rien de tel pour renouer les liens de voisinage. Et nous tenir en haleine.
RépondreSupprimerheureusement que ce n’est pas un bull mastif sinon tu n’aurais retrouvé que les ruines de ta maison.muxu
RépondreSupprimerUn vrai suspens. Le prince Igor est un drôle de loustic !
RépondreSupprimermais sur les photos, on voit qu'il a compris !
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