- Pierre, reprochait souvent le
père De Coulange, vous êtes trop généreux, on m’a même rapporté que vous
soignez gratuitement, même la femme d’Arturo Gonzalès le communiste le plus
virulent du pays, il faut vous faire respecter, sacrebleu ! Patiemment
Deberre se justifiait arguant que dans sa profession, comme à la guerre, il n’y
avait que des êtres souffrants.
- Que m’importe, père, leur
couleur, leur religion, leurs idées politiques, ils sont tous égaux devant la
maladie- - -
- Pierre, ce sont vos idées, si je les déplore, je les
respecte mais surtout n’allez pas les divulguer et jeter le trouble dans notre
société harmonieuse…
C’étaient toujours des
discussions entre hommes. Les sujets sérieux n’étaient pas du domaine des
femmes qui avaient bien d’autres préoccupations. Adèle, comme sa mère lui avait
appris, était une parfaite maîtresse de maison, faisait honneur à son époux par
sa conduite parfaite et quand à son bras, elle arborait avec élégance et
modestie les dernières créations de Poiret qui dévoilaient ses jolis mollets
gainés de fin coton blanc. Elle aussi avait ses pauvres et se dévouait, sans
abandonner ses gants de filoselle immaculés, auprès de Monsieur le curé pour
venir en aide auprès des plus nécessiteux.
Quand à sa vie de couple…L’éducation sexuelle d’Adèle avait
été parfaite pour l’époque. Elle ne connaissait ni son corps encore moins celui
de son futur époux. Madame de Coulange
mère lui avait expliqué avec un minimum de mots et un maximum de gêne :
- Mon enfant il ne faut pas
avoir peur de la nuit de noces puisque tu épouses un homme « bien ».
-Est-ce douloureux ?
- Oui, la première fois mais tu
verras on s’habitue vite, sois docile avec ton époux et si le temps te parait
long dis toi que tu remplis ton devoir
conjugal pour le plaisir de ton mari. Quoiqu’il en soit c’est comme cela que tu
auras des enfants.
Et voilà. C’est ainsi que Pierre, après
qu’Adèle eut fait ses prières sur le
prie-Dieu en velours, la rejoignait, dans le lit conjugal. Enfouie dans des
flots de dentelle elle l’attendait, souriante et inerte…Certes elle ne se
plaignait jamais de migraine mais Pierre, pendant qu’il l’honorait, ne pouvait
ignorer son regard absent tourné vers le crucifix mural et son doux corps
insensible. Comme il aurait aimé qu’elle s’anime sous le plaisir qu’il était
tellement désireux de lui donner ! Enfin, résigné, il savait qu’on ne peut
tout avoir dans la vie, ce temps de paix tout neuf procurait d’autres satisfactions
que Pierre, échappé de l’enfer de la guerre, savait goûter à leur juste valeur.
Maintenant les survivants prenaient
leur plaisir avec une gourmandise qui se voulait oublieuse de ces quatre années
dramatiques. Chaque jour la modeste station
thermale inventait des divertissements inédits : création d’un golf
a dix huit trous, d’un stade sportif avec six courts de tennis, édification
d’un kiosque à musique où se produisait l’Harmonie Municipale, ouverture d’un
Casino avec ses mirifiques jeux d’argent, salles de cinéma en velours cramoisi,
dancing élégant où officiait au bénéfice des esseulées, en tout bien tout honneur
Tino le « danseur mondain »…Les propriétaires de la source thermale et
de l’Établissement de soins prenaient conscience de l’importance de la
publicité et draguaient la clientèle aisée des femmes souffrant des maladies
spécifiques à leur sexe. Quelques célébrités y ayant recouvré la santé avaient
aussi donné au luxueux hôtel du Parc où résidaient des vedettes de la scène et
des sommités du monde politique un renom plus que national. Quelle
résurrection !
Por aquí sigue haciendo mucha calor.
RépondreSupprimerBesos.
je fais un copier coller et je vias le lire à tête reposer.
RépondreSupprimerj'y reviendrai
tu me transmettre sur mon blog le lein de ton premier que j'ai pas fait gaffe quand il est passé
bises
Pour l'instant rien de grave....C'est très bien écrit !
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