Le docteur Deberre et sa
ravissante épouse se félicitaient de
vivre dans ce petit paradis, miraculeux dans une grosse bourgade qui n’excédait
pas les sept mille habitants ! Le cabinet
du docteur ne désemplissait pas laissant la place des « culs terreux », comme disait le père de Coulange, à une riche clientèle en majorité féminine. Tous les soirs, le
docteur se délassait dans le salon privé du Casino où il jouait au bridge avec
le notaire, le pharmacien et le directeur de la Poste. Il s’adonnait au golf,
au tennis. De son côté Adèle, qui avait
fait couper ses cheveux suivant la toute nouvelle mode « à la garçonne »,
passait beaucoup de temps chez sa « couturière à façon » capable de
réaliser les derniers modèles des magazines. L’audace vestimentaire de la jeune
femme éblouissait quand elle promenait dans le Parc avec ses fourreaux étroits
ceinturés sur les hanches d’un lien de satin.
Il ne manquait rien au bonheur du jeune couple
si ce n’est l’enfant espéré. Ce « si ce n’est » obscurcissait tout le
reste. Dans leur désir pathologique de descendance les de Coulange
s’impatientaient. Deberre, médecin était bien placé pour savoir que sa femme
était normalement constituée, était ce de lui que venait le problème ?
Adèle s’énervait que ses amies, dans son dos, raillent son échec dans le
rôle reproducteur.
- Alors, petite madame, c’est
pour quand un joli bébé ? Les mois passaient et si Deberre se moquait des
sous- entendus offensants, son naturel chaleureux souffrait de ce manque
d’enfant.
Un beau jour le jeune couple
partit en voyage et revint, d’on ne savait où, avec, tout sourires, deux nourrissons
jumeaux, un petit garçon et une petite fille.
La mode n’était pas aux
interrogatoires et les questions que tout un
chacun se posait restaient informulées. On se contentait de se réjouir pour
eux de ce bonheur évident, même si son origine restait mystérieuse et à
féliciter Adèle poussant dans le Parc un double landau luxueux.
Où étaient-ils allés chercher
ces petites merveilles que chacun voulait voir de près ? On apprit, le
jour du somptueux double baptême, que le petit garçon s’appelait Sacha et la
petite fille Aude. Dans ce sud gasconnant on n’avait jamais vu pareilles
blondeurs et des yeux d’un azur si clair ! Au début quelques langues
vipérines sifflaient : « comme ils ressemblent à leur
maman », mais le temps passant cette remarque voulue méchante s’avérait une
douce réalité. Le père, la mère et leurs enfants fusionnaient dans la même
tendre harmonie.
Un conte très tendre.
RépondreSupprimerA la fin de la vie ce qui importe vraiment est d'être heureux. et il est une bonne décision qui a adopté les parents ..
RépondreSupprimerUna abraçada..