Jour après jour tout le village se
mobilisa, faisant bloc autour du projet, la cure débordait de denrées, des
équipements dernier cri amenés par M. Maubert. Il faut dire que dès le premier
jour père Gabriel s’était révélé être un sportif exceptionnel et même les plus
chenus du village échangeaient des recettes trouvées sur « L’Équipe »
et se rappelaient le pourquoi, des vainqueurs du tour de France ! Même les
femmes se passionnaient. La femme de Firmin avait « emprunté » chez son
dentiste, à Condom, une revue de diététique et commandait dans une maison
spécialisée des produits « compléments
alimentaires non dopants ».
Madeleine avait été priée de déguerpir par l’héritier de la
ferme de la vielle dame, un pharmacien cossu d’Auch ,qui lui avait à peine laissé le temps de
faire ses légers bagages. Au cas où cela ferait problème le conseil municipal
donna sa bénédiction laïque, en assemblée exceptionnelle, à l’installation de
Madeleine auprès de Monsieur le Curé. Elle en était si heureuse, vivant près de
Mamadou-père Gabriel dans une joyeuse entente fraternelle. Elle pouvait enfin ouvrir
son cœur, ils se sentaient tous deux chaque jour plus proches. En tout bien
tout honneur !
Le village soudé dans ce même projet
n’avait jamais été si joyeux. Les jeudis quand le père Gabriel bouclait ses 80
ou 100 kms il y avait pour l’encourager même des gens des villages voisins jusque là
assez peu solidaires. Le père Gabriel était devenu la coqueluche des enfants,
auxquels il racontait comment on nourrissait les crocodiles gardiens du palais
présidentiel. Il avait appris à jouer aux quilles de neuf où chacun le voulait
comme partenaire, et quand il pleuvait il initiait, qui voulait, aux mystères
du boulier de l’awalé.
Le dimanche l’église fleurie était
pleine comme jamais. Parmi les plus réfractaires, Ernest reconnaissait se
trouver meilleur à la fin de l’office « où, ma foi, on apprenait plein de
choses intéressantes » !
L’automne passa ainsi, puis l’hiver,
et le printemps arriva et mai dans un délire de soleil, de tournesols et de
cerises juteuses. A Auch le trente mai il y avait une quarantaine de
participants au « contre la montre ». Gabriel n’en fit qu’une
bouchée. Certains découragés ne se présentèrent même pas le lendemain et
Gabriel gagna la course en ligne et le championnat avec une avance
historique !
Le retour à Carebac fut homérique et le vainqueur porté
en triomphe et bruyamment célébré.
Quelle solidarité ! Et en plus Gabriel est très performant...
RépondreSupprimerÇa cache quèque chose cette histoire... Vivement la suite !
Gros becs
¡La palme de la victoire pour le curé!
RépondreSupprimer¿Peut être q´on vera en suite de petites madeleines
au café au lait?
Gros becs