mardi 1 août 2017

Alelluia chap 4


Jour après jour tout le village se mobilisa, faisant bloc autour du projet, la cure débordait de denrées, des équipements dernier cri amenés par M. Maubert. Il faut dire que dès le premier jour  père Gabriel s’était révélé être un sportif exceptionnel et même les plus chenus du village échangeaient des recettes trouvées sur « L’Équipe » et se rappelaient le pourquoi, des vainqueurs du tour de France ! Même les femmes se passionnaient. La femme de Firmin avait « emprunté » chez son dentiste, à Condom, une revue de diététique et commandait dans une maison spécialisée des  produits « compléments alimentaires non dopants ».
Madeleine avait été priée de déguerpir par l’héritier de la ferme de la vielle dame, un pharmacien cossu d’Auch ,qui lui avait à peine laissé le temps de faire ses légers bagages. Au cas où cela ferait problème le conseil municipal donna sa bénédiction laïque, en assemblée exceptionnelle, à l’installation de Madeleine auprès de Monsieur le Curé. Elle en était si heureuse, vivant près de Mamadou-père Gabriel dans une joyeuse entente fraternelle. Elle pouvait enfin ouvrir son cœur, ils se sentaient tous deux chaque jour plus proches. En tout bien tout honneur !
Le village soudé dans ce même projet n’avait jamais été si joyeux. Les jeudis quand le père Gabriel bouclait ses 80 ou 100 kms il y avait pour l’encourager même des gens des villages voisins jusque là assez peu solidaires. Le père Gabriel était devenu la coqueluche des enfants, auxquels il racontait comment on nourrissait les crocodiles gardiens du palais présidentiel. Il avait appris à jouer aux quilles de neuf où chacun le voulait comme partenaire, et quand il pleuvait il initiait, qui voulait, aux mystères du boulier de l’awalé.
Le dimanche l’église fleurie était pleine comme jamais. Parmi les plus réfractaires, Ernest reconnaissait se trouver meilleur à la fin de l’office « où, ma foi, on apprenait plein de choses intéressantes » !
L’automne passa ainsi, puis l’hiver, et le printemps arriva et mai dans un délire de soleil, de tournesols et de cerises juteuses. A Auch le trente mai il y avait une quarantaine de participants au « contre la montre ». Gabriel n’en fit qu’une bouchée. Certains découragés ne se présentèrent même pas le lendemain et Gabriel gagna la course en ligne et le championnat avec une avance historique !
Le retour  à Carebac fut homérique et le vainqueur porté en triomphe et bruyamment célébré.

2 commentaires:

  1. Quelle solidarité ! Et en plus Gabriel est très performant...
    Ça cache quèque chose cette histoire... Vivement la suite !
    Gros becs

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  2. ¡La palme de la victoire pour le curé!

    ¿Peut être q´on vera en suite de petites madeleines
    au café au lait?

    Gros becs

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