- Oh, bonjour ma chérie, le nez
plongé dans le journal je ne t’ai pas entendue entrer.
- Je venais voir, chère Cora, comment
vous réagissez à ce brusque passage de l’été à l’hiver, j’ai le nez et les
mains gelés !
-Franchement quand on vit
(survit) dans un fauteuil la météo est bien le dernier des soucis ce qui
n’empêche pas de compatir aux malheurs de ceux qui en subissent les effets
néfastes. Je pense aux victimes des dernières inondations. Sais-tu qu’en 2017 le
gouvernement avait promu des campagnes
de sensibilisation pour adopter les bons comportements en cas de pluies
intenses.
-Alors le gouvernement se mêle
même de nos comportements, c’est une blague ?
-Mais non il est même précisé dans
le texte de : « fuir les cours d’eau, ne pas descendre en
sous-sol et dans les parkings souterrains, ne pas aller chercher les enfants à
l’école, ne pas prendre sa voiture… »
-Mais c’est évident ! on
prend vraiment les gens pour des débiles !
- C’est très sérieux et le
ministère concerné d’insister : « Il
faut installer la culture du risque ».
Depuis tant de décennies où on s’est appliqué à minimiser les risques c’est
vrai qu’il faut réapprendre… Je suis une enfant de la guerre et de l’occupation
et j’ai compris très jeune à cultiver la
vigilance
qui permet de survivre. J’ai appris que chacun est responsable de
lui-même et que les risques pris volontairement ne doivent l’être que si on pense pouvoir seul
les surmonter. J’ai ensuite connu la folie des assurances en tout genre et pour
tous les risques ordinaires et extraordinaires de la vie courante.
- Mais Cora c’est une bonne
chose, chacun est ainsi plus tranquille…
- Oui, parfois jusqu’à s’endormir et se déresponsabiliser.
Il y a aussi les inconscients… rappelle-toi le scandale de ces touristes partis
faire l’ascension du Mont Blanc en baskets ? Par leur bêtise ils
risquaient leur vie, enfin ils savaient qu’on viendrait les secourir en cas de
besoin. Et c’est là vois-tu que c’est grave, par leur inconséquence ils
ont mis en danger la vie de leurs sauveteurs. J'en profite pour saluer le dévouement du corps médical, des sauveteur en mer et en montagne, des pompiers... La déclaration de l’état d’urgence avait en son temps
rappelé à chacun une vigilance personnelle
quelque peu oubliée, au minimum « regarder autour de
soi » . Cela parait élémentaire et pourtant…Le transfert du risque aux
assurances peut
se défendre, il s’agit d’un contrat onéreux. Par contre, toi qui es enseignante,
j’aimerais que tu fasses réfléchir tes élèves aux conséquences morales de la
coupable imprévoyance, du volontaire oubli
des risques, qui mettent en danger la
vie des autres