Fabrice
Humbert, enseignant
et romancier, écrit sur la violence politique dans nos sociétés contemporaines.
Il alerte sur la montée de la haine et de l’insulte dans le débat
public.
Dans Les mots pour le dire : de la haine et
de l’insulte en démocratie, Fabrice Humbert, enseignant et
romancier, alerte sur la montée de la haine et de l’insulte dans le débat
public. Entretien.
*Insultes, excès et outrances ont
envahi le débat public. C’est un retour en arrière ?
La
pratique du débat, organisé, apaisé, est le fruit d’une longue politique de
civilisation. Ce mouvement a démarré au XVIe siècle,
dans un contexte de guerres de religion, pour « polir » des rapports humains
extrêmement brutaux. Il y a eu une vraie volonté d’harmoniser les mœurs. On
trouve ça chez Érasme, dans Le Courtisan de
Castiglione, qui prône un modèle de civilisation fondé sur la
politique et la sociabilité, chez Molière plus tard, avec le modèle de l’honnête
homme, puis tout le dialogue de la
philosophie des Lumières.
*Sommes-nous en train de perdre cet
art de la conversation ?
Ce qui prime aujourd’hui dans la
communication, ce n’est plus le dialogue, l’écoute de l’autre, mais précisément
de ne plus lui accorder la parole. Il faut l’écraser
pour imposer son propre point de vue.
Nous vivons dans une telle cacophonie médiatique, avec tellement de gens
qui parlent, que seuls
ceux qui tiennent des propos extrêmes parviennent à se faire
entendre.
La radicalité permet de se distinguer des autres. Même ceux qui veulent porter
une parole sensée, sont contraints, pour être écoutés, d’en passer par
l’outrance. C’est devenu une règle du jeu
incontournable.
*Incontournable, vraiment
?
Elle s’impose parce qu’il y a un appétit de reconnaissance
extraordinaire dans notre société, comme jamais dans l’histoire de l’humanité.
Tout le monde peut y arriver, à condition d’accepter cette fameuse règle de
l’outrance. Ce qui est profondément nocif.
samedi 13 août 2022
" On n’entend que ceux qui manient l’outrance »
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Le harcèlement, it's the best! Et servir toujours les mêmes, surtout le vent mauvais! Et abrutir les autres, le raffinement du "civilisé de pacotille"! Et cette culture de l'ignorance à laquelle vous souscrivez, c'est cea la violence suprême: prendre les autres pour des cons pour satisfaire des tyrans intellectuels sous couvert de coacheries imbéciles de toute paroisse. Nous ne voulons pas être policés par vos soins. Polis nous l'avons trop été: vous nous avez diffames, violentés, pillés, abrutis, c'est assez. Nous voulons étudier et cesser de lire des conneries!
RépondreSupprimerQue l'insulte est partout présente, ce n'est que trop vrai. Hier encore sur la plage, nous avons vu un homme et une femme (la soixantaine bien assise) s'insulter extrêment violemment pour ... un bout d'ombre!! S'expliquer et partager: impossible!!
RépondreSupprimerJe partge totalement ces propos. Mais où sont donc passées l'écoute et la nuance ? Juger, condamner, invectiver c'est plus facile.
RépondreSupprimer