samedi 13 août 2022

" On n’entend que ceux qui manient l’outrance »

 Fabrice Humbert, enseignant et romancier, écrit sur la violence politique dans nos sociétés contemporaines. Il alerte sur la montée de la haine et de l’insulte dans le débat public.
Dans Les mots pour le dire : de la haine et de l’insulte en démocratie, Fabrice Humbert, enseignant et romancier, alerte sur la montée de la haine et de l’insulte dans le débat public. Entretien.
*Insultes, excès et outrances ont envahi le débat public. C’est un retour en arrière ?
La pratique du débat, organisé, apaisé, est le fruit d’une longue politique de civilisation. Ce mouvement a démarré au XVIe siècle, dans un contexte de guerres de religion, pour « polir » des rapports humains extrêmement brutaux. Il y a eu une vraie volonté d’harmoniser les mœurs. On trouve ça chez Érasme, dans Le Courtisan de Castiglione, qui prône un modèle de civilisation fondé sur la politique et la sociabilité, chez Molière plus tard, avec le modèle de l’honnête homme, puis tout le dialogue de la philosophie des Lumières.
*Sommes-nous en train de perdre cet art de la conversation ?
Ce qui prime aujourd’hui dans la communication, ce n’est plus le dialogue, l’écoute de l’autre, mais précisément de ne plus lui accorder la parole. Il faut l’écraser pour imposer son propre point de vue. Nous vivons dans une telle cacophonie médiatique, avec tellement de gens qui parlent, que seuls ceux qui tiennent des propos extrêmes parviennent à se faire entendre. La radicalité permet de se distinguer des autres. Même ceux qui veulent porter une parole sensée, sont contraints, pour être écoutés, d’en passer par l’outrance. C’est devenu une règle du jeu incontournable.
*Incontournable, vraiment ?
Elle s’impose parce qu’il y a un appétit de reconnaissance extraordinaire dans notre société, comme jamais dans l’histoire de l’humanité. Tout le monde peut y arriver, à condition d’accepter cette fameuse règle de l’outrance. Ce qui est profondément nocif.

3 commentaires:

  1. Le harcèlement, it's the best! Et servir toujours les mêmes, surtout le vent mauvais! Et abrutir les autres, le raffinement du "civilisé de pacotille"! Et cette culture de l'ignorance à laquelle vous souscrivez, c'est cea la violence suprême: prendre les autres pour des cons pour satisfaire des tyrans intellectuels sous couvert de coacheries imbéciles de toute paroisse. Nous ne voulons pas être policés par vos soins. Polis nous l'avons trop été: vous nous avez diffames, violentés, pillés, abrutis, c'est assez. Nous voulons étudier et cesser de lire des conneries!

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  2. Que l'insulte est partout présente, ce n'est que trop vrai. Hier encore sur la plage, nous avons vu un homme et une femme (la soixantaine bien assise) s'insulter extrêment violemment pour ... un bout d'ombre!! S'expliquer et partager: impossible!!

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  3. Je partge totalement ces propos. Mais où sont donc passées l'écoute et la nuance ? Juger, condamner, invectiver c'est plus facile.

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