mardi 27 décembre 2011

Carlos Ruiz Zafón, La sombra del viento

"L'ombre du vent"



Il doit y avoir quelque chose qui tient du mystère dans ce titre et force l’envie de se plonger dans le roman .
Carlos Ruiz Zafon s’inspire de la vie de Barcelone durant la vingtaine d’années qui ,de politiquement troublée, mène à la révolution et à la guerre. De même que les descriptions de certains quartiers et de la vie des barcelonais à cette époque il ne s’agit que d’une toile de fond, décor enrichi de réflexions philosophiques ou politiques :
« Durant cette période j’appris que rien ne fait plus peur aux vainqueurs qu’un héros qui est resté vivant pour dire ce qu’aucun de ceux qui sont tombés à ses côtés ne pourra jamais raconter. Les semaines suivant la chute de Barcelone furent indescriptibles. Il coula ces jours- là autant sinon plus de sang qu’au cours des combats, sauf que cela se fit en secret, à l’insu de tous. Quand vint finalement la paix, elle avait l’odeur de celle qui s’abat sur les prisons et les cimetières, linceul de silence et de honte qui pourrit l’âme et ne s’en va jamais. Aucune main n’était innocente, aucun regard n’était pur. Nous tous sans exception qui avons assisté à cela, nous en garderons le secret jusqu’à la mort ».
Tout au long des six cents et quelques pages de l’ouvrage on découvre les vies parallèles de deux très jeunes gens Julian et Daniel que seule une génération sépare, dont la vie se confond avec les lectures à travers une existence romanesque soumise à un amour dévorant pour leur belle décrite au moyen d'un jeu de poupées russes , de cache-cache dramatiques et d'intrigues imbriquées dans le temps et l'espace.
L'intêret primordial de l'ouvrage est qu'il procède à une apologie passionnée de la chose écrite.
On lit et on écrit dans des antres pittoresques de librairies et de bibliothèques fantastiques.
… « L’art de la lecture meurt de mort lente, c’est un rituel intime, un livre est un miroir où nous trouvons seulement ce que nous portons déjà en nous, lire c’est engager son esprit et son âme, des biens qui se font de plus en plus rares. »
En second rôles, multiples, des personnages picaresques à l’humour noir sont les victimes torturées d’aventures rocambolesques où le diable se manifeste avec une inventive cruauté.
Le souffle du mystère emporte le lecteur d’énigme en énigme guidé dans un labyrinthe talentueux par quelques récitants évadés d’une tragédie classique. C’est riche, touffu, intrigant.

Hélàs, Zafon est tombé dans le piège du « Tiens-dit elle en ouvrant les rideaux : les voilà » ( V.Hugo) cette citation décrit parfaitement le coup de théâtre, ici pis que superflu, démolisseur de rêve pour le lecteur.
-« Julian et Pénélope sont frère et sœur , murmura t-elle. » Cette révélation est en l'ocurrence d'un mélo qui loin de renforcer l'intrigue, déjà fourmillante à l'extême en surprises, est le trop qui enlève au roman non la vraisemblance , nous sommes dans la ficton, mais toute cohérence à cet imaginaire jusque là enthousiasmant.
On apprend donc aux trois quarts du roman que dans ce catalogue de relations complexes il y avait de surcroit un inceste qui donne à l’ensemble de l’intrigue, où il n’amène rien, une exagération dangereuse, celle qui colore l’ensemble d'un déplorable effet de ridicule sonnant le glas de l’intérêt dramatique .








«

5 commentaires:

  1. je découvre tes talents de critique littéraire
    d'abord bravo de lire 650 pages
    tu nous donne une grande envie car pour tenir le style même traduit doit être de qualité
    les deux phrases l’une de l'auteur l'autre de toi nous enrichit
    la première il est vrai , je suis la fille d'une homme de guerre, et je connais le silence de l'ombre du vent.
    ET CE QUE TU DIS SUR LA LECTURE ET D'UNE Très JUSTE observation.
    je m'en rends compte au fil de mes "conte-rit"s
    le côté des enfants et adultes qui n'ont plus de réactivité au mot, à la structure , à l'imaginaire, presque plus rien ne vibre, çà fait mal, car si les contes n’amènent plus çà,
    comment va pouvoir rêver le monde ?

    j'écoutais l'auteur 'de new-york à paris " chez grasset qui disait que faire une piéce de théatre ou un livre était pour lui chercher ce qui peut donner aux êtres de justes émotions pour qu'ils puissent être touchée profondément !

    merci de ce petit bonheur matinal
    et c'est très gentil ce que tu dis sur la Frankie d'autant et tu vois c'est vraiment étrange cette photo j'en conviens avec toi est sublime , elle ne m'a jamais ramenée du travail "trop belle pour être aussi grosse" la plus belle réaction tu imagines les autres ...

    cela me laisse encore le bonheur de penser que je ne leur pas donner de la mauvaise came pour leur choix , et comme on dit dans les contes , aprés c'est une autre histoire , ce n'est plus la notre...

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  2. Fluchte... C'est donc une critique qui non seulement déconseille, mais en plus décourage en donnant un "fin mot qui gâche tout", H.Vugo
    Oops...
    s.h.

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  3. @seb:
    C'est le moment d'user de ton écolo-libre-arbitre et d'amener la contestation à cette méchante critique!

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  4. impossible de me mêler à cette discussion d'experts!
    juste que nous ne trouvons que nous-même dans les livres , sempiternellement.
    bizzz

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  5. Je me demandais pourquoi ce livre, dans lequel j'étais entrée avec un certain bonheur, ne m'a laissé en fin de compte aucun souvenir durable, et aucune envie de relire cet auteur. Merci de m'avoir donné la réponse.

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