À
l’occasion des élections européennes 2019, qui se dérouleront entre le 23 et le
26 mai, Le Parisien fait le point sur les réussites et les dossiers sensibles de
l’UE.
Lutte contre le réchauffement climatique, politique agricole
commune, lutte antiterroriste… les champs d’intervention de l’Union européenne
sont multiples, ont des conséquences sur notre quotidien, mais fonctionnent plus
ou moins bien.
Ce
qui marche :L’euro : Institué en
1999, entré dans nos porte-monnaie en 2002, l’euro, adopté par dix-neuf pays de
l’Union européenne, fête
cette année ses 20 ans. « S’imposer sur une période aussi courte
comme la deuxième monnaie mondiale derrière le dollar, c’est une réussite
exceptionnelle », salue Valéry Giscard d’Estaing (VGE).
Critiquée à ses débuts
pour les hausses de prix liées au passage du franc à l’euro, la monnaie commune
a permis de surmonter la crise financière mondiale de 2008, même si cela ne
s’est pas fait sans casse, et résisté aux crises de la dette d’États membres
comme la Grèce ou l’Italie. Preuve de son succès, les citoyens européens y sont
aujourd’hui majoritairement attachés. D’ailleurs, les partis eurosceptiques,
dont le RN de Marine Le Pen, qui prônaient dans leurs programmes la sortie de
l’euro en ont désormais abandonné l’idée.
l reste néanmoins des points noirs. La patronne du FMI (Fonds monétaire international), Christine Lagarde, alerte ainsi sur un « manque de résilience » du système bancaire européen, qui ne serait toujours pas assez solide pour affronter une nouvelle tempête économique mondiale.
l reste néanmoins des points noirs. La patronne du FMI (Fonds monétaire international), Christine Lagarde, alerte ainsi sur un « manque de résilience » du système bancaire européen, qui ne serait toujours pas assez solide pour affronter une nouvelle tempête économique mondiale.
La PAC
La politique agricole
commune (PAC) absorbe à elle seule près de 40 % du budget total de l’UE. Les
agriculteurs français reçoivent plus de 9 milliards d’euros par an. Mais la PAC,
vouée pour l’essentiel à garantir les revenus des paysans et à favoriser le
développement rural, est de plus en plus critiquée par nombre d’États membres,
qui souhaitent réorienter les investissements vers la recherche et l’innovation.
Son budget va donc être réduit. Problème : toute réforme de ce secteur
ultrasensible est délicate.
Erasmus
C’est LE programme qui
cartonne. D’après un sondage réalisé par l’institut BVA en mai 2017, les
Français le placent en tête des réalisations de l’Union européenne. Créé en 1987
par Jacques Delors, alors président de la Commission, Erasmus a permis à 9
millions d’Européens -dont plus de 1 million de Français- de partir étudier
quelques mois dans un pays membre de l’UE. Une allocation mensuelle variant de
170 euros à 1 000 euros est ainsi versée aux jeunes bénéficiaires de moins de 30
ans, qu’ils soient étudiants, apprentis, sportifs ou jeunes actifs.
Cette politique, qui
vise à favoriser les échanges multiculturels et à éveiller une conscience
européenne, a fait émerger une «
génération Erasmus », popularisée par le film de Cédric Klapisch, «
l’Auberge espagnole » (2002). L’Espagne est d’ailleurs la destination préférée
des Français, l’Angleterre -avant le Brexit- pointant en troisième
position.
Les bénéficiaires du
programme sont souvent issus de milieux défavorisés et à 39 % boursiers. Mais,
faute de budget suffisant, près d’un dossier sur deux est aujourd’hui rejeté. La
Commission propose donc d’augmenter considérablement, pour la période 2021-2026,
les crédits alloués à Erasmus. En 2019, pour la France, ils s’élèvent à 247
millions d’euros.
La lutte contre le réchauffement climatique
C’est la préoccupation
principale des citoyens européens et elle remonte à loin. Dès le début des
années 1990, la Commission s’est penchée sur la question en tentant d’introduire
une taxe carbone. Celle-ci n’est toujours pas en vigueur, mais l’UE s’est
engagée à baisser ses émissions de CO2 de 35 % d’ici à 2030. Un objectif
réaliste, celui de 2020 (une baisse de 20 %) étant déjà atteint. « La croissance
européenne est désormais décarbonée, sauf dans les transports, où les émissions
ont augmenté de 25 % depuis 1990 », fait valoir un haut
fonctionnaire.
L’UE veut aller encore
plus loin et s’engager sur la neutralité climatique d’ici à 2050. Emmanuel
Macron pousse en ce sens, mais les pays d’Europe centrale sont sur les freins. «
On pourrait y arriver parce que l’électricité est l’énergie la plus facile à
décarboner, assume-t-on à Bruxelles. Or, aujourd’hui, elle représente 20 à 25 %
de l’énergie produite et est en pleine expansion, notamment dans les transports.
» Ambitieuse, l’Europe veut ainsi montrer l’exemple et devenir leader de la
transition climatique.
Galileo
Ce programme est moins
connu des citoyens, mais il est essentiel dans leur vie quotidienne. Il leur
permet de ne pas dépendre des satellites GPS américains pour consulter un site
météo, une carte de géolocalisation en ligne ou même un site d’actualités.
L’Europe a développé Galileo,
un système de navigation concurrent opérationnel depuis 2016, afin de combler en
partie son retard vis-à-vis des puissances américaine, russe et chinoise, déjà
déployées dans l’espace.
La mise en orbite de
ces satellites européens, qui doit s’achever en 2020, est devenue un enjeu
d’autonomie stratégique. Plus précis que le GPS, Galileo compte 200 millions
d’utilisateurs dans le monde.
CE QUI NE MARCHE PAS
L’Europe sociale
Si l’on demandait aux
citoyens européens s’il existe une politique sociale efficace de l’UE, la
réponse serait largement négative. Ce qui est en partie juste, et en partie
sévère. Par rapport à la politique économique commune, le volet social fait en
effet figure de parent pauvre. Logique, les 28 -bientôt 27- membres n’ayant pas
la même conception de l’État providence (le modèle français est envié mais jugé
coûteux), ni les mêmes niveaux de revenus ou de protection sociale, ce domaine
reste pour l’essentiel d’une compétence nationale.
Mais l’UE, aux termes
des traités, a justement pour tâche de faire converger ces droits. Ainsi,
d’importantes avancées ont été obtenues en matière d’unification -ou de
rapprochement- du temps de travail, de prévention des risques du travail, de
promotion de la parité, etc.
Depuis cette dernière
législature, les choses avancent vraiment. En mai 2018, le Parlement européen a
adopté la réforme du travail détaché, qui impose le même traitement pour tous,
dans les pays d’accueil. Une avancée considérable -même si elle exclut les
chauffeurs routiers- impulsée par la France, qui freine le dumping social. Dans
sa récente tribune, Emmanuel Macron a proposé un smic européen. Dans
une Union où le salaire minimum varie de… 260 à 2 000 euros, le combat n’est pas
gagné.
La taxe Gafa
C’est un casse-tête que
l’Union européenne peine à résoudre. Maintes fois évoquée, jamais adoptée, la
taxation des géants du numérique (Google, Apple, Facebook et Amazon, mais aussi
Airbnb, Uber…) se fracasse sur les intérêts divergents des États membres.
Principal écueil : l’absence d’harmonisation fiscale au sein de l’UE, l’Irlande
et le Luxembourg s’attirant ainsi les sociétés qui souhaitent optimiser leurs
impôts.
Conséquence : les
grandes entreprises digitales paient, en moyenne, deux fois moins d’impôts dans
l’UE que les entreprises traditionnelles. D’où l’idée de créer une taxe
spécifique sur leur chiffre d’affaires (à hauteur de 3 %), et non sur leurs
seuls bénéfices.
La Commission
européenne a formulé cette proposition au Conseil de l’Union. Et elle a fait un
flop, faute d’obtenir l’unanimité. Parmi les plus réfractaires, l’Irlande, la
Suède, le Danemark et la Finlande. En prenant acte, la France a décidé
d’inscrire la taxe Gafa au débat parlementaire… national.
Les migrants
C’est le dossier
ultrasensible pour l’UE, celui sur lequel s’arc-boutent les
europhobes pour démolir la construction européenne. Depuis l’éclatement de la
crise migratoire en 2015, les images de camps de réfugiés d’un autre âge en
Italie ou en Grèce et, surtout, les naufrages meurtriers en Méditerranée hantent
les consciences : comment une Union de 500 millions d’habitants ne peut-elle pas
agir plus collectivement face à ce drame permanent ?
« Aujourd’hui, quand un
bateau débarque avec ses réfugiés, le commissaire chargé du dossier à Bruxelles
décroche son téléphone, appelle les dirigeants allemand, français, espagnol,
etc. et leur demande s’ils peuvent en prendre 15 ici, 7 là, 12 ailleurs »,
témoigne une experte de la Commission.
Les solutions ?
Réformer les règles en matière d’asile et coordonner l’accueil entre les
Vingt-huit. Mais plusieurs États bloquent pour des raisons politiques : la
Pologne, la Hongrie et leurs voisins qui refusent de se voir imposer des
migrants ; l’Italie parce qu’elle redoute que, si on avance sur le fond du
problème, on néglige du coup l’urgence, ces milliers de personnes qui continuent
d’arriver sur les côtes méditerranéennes.
Pourtant, tout n’est
pas sombre, des progrès existent. « Le nombre d’arrivées a baissé, 150 000 en
2018, soit moins qu’en 2013, avant la crise », souligne la Commission. Cette
dernière a proposé la création d’un corps européen de 10 000 garde-frontières
(900 aujourd’hui, ajoutés aux dispositifs nationaux), à disposition des États
membres. Et le dispositif Frontex a été transformé en vraie agence de
garde-côtes.
CE QUI AVANCE
L’Europe de la défense
Une défense commune,
c’était longtemps un sujet « carrément tabou » à la Commission, confie un expert
bruxellois. Instrument économique et non guerrier, l’UE est de plus liée par
l’appartenance de beaucoup de ses membres à l’Otan, la grande alliance militaire
dominée par l’Amérique. Exemple, l’état-major intégré européen, à Bruxelles,
compte 200 officiers, contre… 8 000 pour l’Otan.
Mais les choses
bougent, pour plusieurs raisons. D’abord, la sécurité est la préoccupation n° 1
des Européens, selon les sondages. Ensuite, la prise de distance de Donald
Trump (après Obama) vis-à-vis de l’Otan et de l’Europe rebat les
cartes. L’idée s’impose qu’il va falloir prendre soi-même en charge sa défense,
d’autant plus que la menace terroriste perdure, et que la Russie ne cesse de
montrer ses muscles, physiquement ou par le biais des cyberattaques.
Dernièrement, l’Europe
a donc décidé de renforcer son jeu. Un fonds européen de défense a été doté de
13 M€, pour développer des capacités communes. « Il y a 17 types de chars en
Europe, un seul aux Etats-Unis, souligne notre expert. Pour faire décoller leurs
drones Reaper, made in Etats-Unis, les militaires français ont besoin du feu
vert du Pentagone. » Un drone conçu par Airbus, Leonardo et Thalès est justement
à l’étude. Autre objectif, intensifier les opérations militaires communes.
L’opération Sophia en Méditerranée a ainsi permis d’arrêter plus de 150
trafiquants et passeurs clandestins.
Demain, une armée
européenne, comme l’a souhaité Emmanuel Macron dans sa récente tribune ? Un
sondage Odoxa pour notre journal montre qu’une majorité de Français (62 %)
approuve ce projet.
La lutte antiterroriste
L’Union européenne a
pris le sujet à bras-le-corps après les attentats qui ont frappé Paris en 2015.
Une quinzaine d’initiatives ont été adoptées afin de restreindre la détention
légale d’armes à feu, lutter contre le trafic de fusils d’assaut dans les
Balkans, mettre hors de portée des substances explosives comme le TATP,
renforcer les contrôles à l’entrée et à la sortie de l’espace Schengen. Et à
partir de 2021, les citoyens non-européens souhaitant se rendre dans l’UE
devront remplir un formulaire équivalent à l’Esta américain.
Mais c’est surtout dans
le partage d’informations que l’Europe progresse. Le système informatique
Schengen, par exemple, constitue le plus gros fichier de coopération policière
au monde (76 millions de données en 2017). Les forces de l’ordre des pays de
l’espace Schengen, au premier rang desquels la France qui en est le premier
contributeur et utilisateur, peuvent le consulter et le compléter aussi souvent
que nécessaire.
À noter aussi que
l’agence européenne de police criminelle Europol est intervenue après chaque
attaque terroriste depuis 2015. Experte en analyse de données, elle a ainsi aidé
les enquêteurs nationaux dans le démantèlement des filières
terroristes.
(Le
Parisien—06.04.2016.)
Oui je voterai et j'ai déjà mon billet pour Toulouse pour cette période.
RépondreSupprimerL'Europe n'a pas tenu toutes ses promesses mais il faut continuer à croire en elle.
L'Europe doit se réformer en profondeur, il est impossible qu'elle poursuive sous sa forme actuelle, elle suscite trop de colère et coure à sa perte en favorisant les idées extrémistes
RépondreSupprimerAmicalement
Claude
Je n'arrive pas du tout à m'intéresser aux élections européennes. J'ai voulu regarder le débat à la télé mais j'ai fuit rapidement !
RépondreSupprimerBonjour manouche ..! Uff! .. Ce n'est pas que je n'ai pas de critères, c'est intéressant et très complexe .. Bien que je pense que l'Union européenne doit défendre plus de valeurs humaines et moins les intérêts partisans des grands partenaires.
RépondreSupprimerUn câlin...