Conte de Noël

J’étais dans le train qui mène à Figueras la patrie de mon très cher Salvador Dali . Quelle joie de pouvoir ainsi voir du pays.  Ce n’est pas le cas des autres tableaux de Manouche qui n’ont d’autre horizon que le mur d’en face.( Je plains en particulier un couple de valseurs qui s’ankylose accroché à son clou.)

J’allais retrouver Llorenç, un ami bloggeur à qui j’étais destinée. Manouche n’avait pas son adresse et m’a expédiée à tout hasard dans un bar qu’il était supposé fréquenter…C’est tout elle cette idée généreuse mais bizarre, cette organisation gitane !

Me voila  maintenant couchée dans la sacoche d’un petit gars qui pédale  nerveusement Eh ! Là doucement, attention à mon arthrose ! 
Des voix ensoleillées :

- Buenos dias don Pastilla, tengo algo para Usted.

_Olà hombre, que sera eso ?No espero ningun paquete . Debe estar por alguien de  los mios . Merce , por favor, llamas a  la tripulacion, pero creo que no tenemos ningun Llorenço ….

Inquiète je me fais toute petite entre le mur et le rocking chair où le chat dort toujours, l’innocent.

_ Mira, Merce, eso no parece peligroso, ponle en el  vestuario a ver si alguien pregunta por el.

- Tu crées que habra llegado por algun cliente ?

- A lo mejor. Sabes cuanto la gente es rara.

J’ai compris : je suis dans un café ou un restaurant, malgré mon emballage je sens de délicieux aromes  de tapss variées, en particulier  celui des « alcachofas con jamon » dont j’étais friande autrefois !

Tout à coup je déchante, mes narines sont agressées par un remugle acre dans lequel je reconnais l’odeur des baskets de mon défunt époux. Les brutes, ils m’ont remisée dans le  placard où le personnel se change avant le service !

Combien de jours dans ce réduit ? Un mois peut être ? Finies les croquettes pour le chat, le philodendron se fane et j’ai épuisé ma réserve de biscuits et de chocolat .

- Oye Miquel tiras a la vasura esa cosa  que no sirve de nada.

Ce que Don Pastilla ne sait pas c‘est  que dans la famille écolo de Miquel, par nécessité  plus encore que par conviction, on ne jette pas. On retape, on recycle. Alors là quelle épopée. Miquel me trimballe à bout de bras dans une foule houleuse. Les gens s’injurient, hurlent : Independencia… Catalunya espanola… Tout à coup Miquel qui n’est pas  le dernier à gueuler reçoit un direct sur le nez et m’envoie dans les airs. Après un triple  salto, j’atterris, ô miracle, dans la boite d’un marchand de billets de loterie dont le  cri : El gordo para hoy !  Domine le tumulte ambiant. Oui, c’est bien ma chance de tomber sur ce gamin, parfait citoyen, qui me ramène a Corréos tout proche. 
Et me revoilou !!!! Ravie, la Manouche, qui me croyait perdue...

                             .

Finalement je reviens un peu  déçue de ne pas avoir rencontré Llorenç, assez secouée mais indemne.

Nous avons arrosé le philo, nourri le chat et dégusté le  foie gras prévu pour le Réveillon.

Maintenant  dans mon cadre pendu à la place d’honneur au dessus de l’ordi, je vais faire une petite sieste dans mon fauteuil, le chat repu sur les genoux. Du coin de l’œil je surveille les mains de  Manouche qui s’agitent sur le clavier. Elle sourit, heureuse de communiquer avec ses ami(e)s bloggeurs. Les poètes, les photographes les romanciers, les musiciens, les  humoristes, les français, les espagnols, les grecs, les japonais, les canadiens... tous ceux qui passent si aimablement lui rendre visite.

Alors, si vous le permettez, je me joins à elle  pour vous souhaiter un excellent Noël et une fabuleuse année 2018 !